Phnom Penh (VNA) - Les deux plus hauts dirigeants khmers rouges encore en vie ont été condamnés, vendredi 16 novembre au Cambodge, par le tribunal parrainé par l’ONU à la prison à vie pour "génocide", 40 ans après la chute du régime responsable de la mort d’au moins 1,7 millions de personnes entre 1975 et 1979.
 
Deux anciens dirigeants khmers rouges condamnes pour genocide hinh anh 1Nuon Chea (gauche) et Khieu Samphan, deux plus hauts dirigeants khmers rouges encore en vie, ont été condamnés le 16 novembre au Cambodge à la prison à vie pour génocide. Photo : AFP
 
Le tribunal international chargé de juger les Khmers rouges a officiellement reconnu Nuon Chea, 92 ans, ex-numéro deux du régime génocidaire des Khmers rouges, et Khieu Samphan, 87 ans, ancien chef de l’Etat du "Kampuchéa démocratique", comme responsables de crimes qualifiés de "génocide".

Le porte-parole des Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC), Neth Pheaktra, a déclaré à la presse, que les verdicts dans l’affaire 002/02, qui accusaient les deux hommes de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre et de génocide, ont été prononcés en présence de représentants des Nations Unies, du gouvernement cambodgien, des ambassades étrangères et de la population locale.

Le verdict rendu vendredi est un événement historique pour le tribunal des Khmers rouges, pour le Cambodge et pour le monde, ainsi que pour la justice internationale, a-t-il déclaré, ajoutant que l’audience a duré 283 jours, à partir d’octobre 2014, au cours de laquelle 185 personnes ont témoigné.

Youk Chhang, directeur du Centre de documentation sur le Cambodge (DC-Cam), qui archive les atrocités commises par les Khmers rouges, a déclaré que le verdict "réaffirme l’humanité collective des victimes et reconnaît les terribles souffrances qu’elles ont subies".

Nuon Chea et Khieu Samphan comparaissent depuis 2011 devant cette juridiction. Mais pour tenter d’accélérer la procédure, les débats ont été scindés en plusieurs procès. À l’issue du premier, les deux hommes avaient été condamnés en 2014 à la prison à perpétuité pour "crimes contre l’humanité", une peine confirmée en appel en 2016. Les deux peines de prison à perpétuité ont été confondues. 

Présente dans le box des accusés à l’ouverture du premier procès, en juin 2011, la ministre des Affaires sociales du régime Ieng Thirith, considérée inapte à être jugée pour cause de démence, a été libérée en 2012 et est décédée depuis. Son mari Ieng Sary, ancien ministre des Affaires étrangères, est mort en 2013 à 87 ans. 

Hormis Nuon Chea et Khieu Samphan, le tribunal a déjà condamné un autre accusé, Douch, de son vrai nom Kaing Guek Eav, chef de la prison S-21, ou Tuol Sleng, où 15.000 personnes ont été torturées avant d’être exécutées. Il a lui aussi été condamné en appel en 2012 à la prison à perpétuité. Pol Pot, le "frère numéro un", est quant à lui mort en 1998 sans avoir été jugé.

Depuis leur entrée en fonction en 2006, les ECCC, spécialement chargées de juger les Khmers rouges, oeuvrent pour faire justice aux victimes du régime génocidaire des Khmers rouges ayant sévi au Cambodge entre 1975 et 1979. – VNA