Hanoi s’étire le long des rives du fleuve Rouge. Pour passer de l’une à l’autre, sept ponts. Tels les pétales géants, sept ponts dont les architectures particulières témoignent de l’histoire de la ville.

1902 ! Le plus ancien à enjamber le fleuve Rouge fut le pont Long Biên, appelé anciennement pont Paul Doumer, gouverneur général de l’Indochine au tournant du siècle. Fait de poutrelles d’acier, il relie le quai de Bô Ðê (district de Gia Lâm) au vieux quartier de Hanoi (arrondissement de Hoàn Kiêm).

Il a été construit à l’époque de l’Indochine française par l’entreprise Daydé & Pillé (société absorbée ensuite par le groupe Eiffel), sur une conception de l’architecte français Gustave Eiffel, célèbre pour avoir démontré l’efficacité des structures métalliques en construisant la Tour Eiffel à Paris.

Les travaux, lancés en 1898 et achevés en 1902, ont été réalisés par 40 ingénieurs et officiers français, ainsi que plus de 3.000 ouvriers vietnamiens. D’une portée de 2.290 m pour une hauteur de 13,5 m, cet ouvrage se caractérise par ses 19 travées reposant sur des poutres en porte-à-faux et par les deux passages piétons de chaque côté de la voie ferrée centrale. Ce pont majestueux, qui enjambe le fleuve Rouge tel un dragon avec ses ondulations métalliques, était alors l’un des quatre plus grands ponts en acier d’Asie et le plus marquant en Extrême-Orient.

En ce début du XXe siècle, l’apparition du pont Long Biên a ouvert une nouvelle ère dans l’urbanisation de Hanoi comme dans ses échanges commerciaux avec les provinces du Nord et du Nord-Est du pays.

Le pont Long Biên, cible des bombardements

Malheureusement, le pont Long Biên fut l’une des grandes cibles des bombardements américains durant la guerre du Vietnam (1954-1975). Les avions américains ont continuellement bombardé cet axe stratégique que les Vietnamiens s’employèrent à réparer avec des travées de fortune après chaque attaque. Des piles ont été ajoutées pour le consolider. Ces intenses bombardements, s’ils n’ont jamais pu le détruire définitivement, ont toutefois sérieusement mis à mal sa structure. 

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Le pont Long Biên, un lieu de constante rémanence du passé.

Mais les Hanoïens restent très attachés au pont Long Biên qui est depuis toujours un lieu privilégié de promenade pour contempler le fleuve Rouge en toute quiétude, mais aussi pour prendre un peu de recul sur le cours du temps en ce lieu de constante rémanence du passé.

Exempt de toute circulation automobile, le pont s’anime en soirée, quand de petits restaurants de plein air sont improvisés sur les esplanades au niveau des piliers.

Les ponts Thang Long et Chuong Duong

1985 ! 83 années après l’achèvement des travaux du pont Long Biên, Hanoi disposait de deux nouveaux ponts, Thang Long et Chuong Duong.

Le pont Thang Long, situé à 5 km au nord-est du centre-ville et à environ 11 km au nord de Long Biên, a été conçu et construit avec l’aide d’ingénieurs soviétiques. De type pont à poutre en treillis, il est long de 3.250 m et large de 21 m, ce qui en fait à l’époque le plus long d’Asie du Sud-Est. Cet ouvrage civil possède deux niveaux : l’étage inférieur est réservé aux véhicules non motorisés et au chemin de fer, tandis que l’étage supérieur est consacré à la circulation automobile, outre deux voies latérales pour les piétons. Sa construction, lancée en 1974, a duré onze années. Le pont Thang Long a été ouvert à la circulation le 9 mai 1985, reliant l’aéroport international de Nôi Bài au centre de Hanoi. Il a été surnommé «le pont du siècle» tout en étant un des symboles de l’amitié vietnamo-soviétique. 

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Thang Long, le pont du siècle.

Moins de deux mois après l’inauguration du pont Thang Long, le 30 juin 1985, Chuong Duong, le 3e pont traversant le fleuve Rouge, a été également mis en service en détenant un record de rapidité puisqu’il n’a été construit qu’en seulement 21 mois. Il s’agit du premier pont mixte acier-béton conçu et construit entièrement par des ingénieurs, techniciens et ouvriers vietnamiens. Il demeure associé au nom de l’ingénieur Bùi Danh Luu, qui devint plus tard le ministre des Communications et des Transports. D’une longueur de 1.230 m, le pont est composé de 21 travées - 11 en acier et 10 en béton - abritant deux voies pour les voitures et deux autres pour les motos.


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Le pont Long Biên (droite) est doublé, environ un kilomètre plus en aval, par le pont Chuong Duong, un ouvrage détenant un record de rapidité puisqu’il n’a été construit qu’en seulement 21 mois.

Le pont Chuong Duong, situé à plus d’un kilomètre à l’est du pont Long Biên, est un ouvrage important qui a beaucoup contribué au développement de la capitale. Il a notamment permis de soulager le trafic sur le pont Long Biên pour aller vers les provinces maritimes de l’Est.

Quatre nouveaux ponts

Hanoi, entrée dans l’ère du Renouveau, c’est-à-dire de l’ouverture et de l’intégration au monde, a connu une forte urbanisation. Elle a vu rapidement évoluer son architecture urbaine dans le sens de la modernité. Pour répondre aux besoins de développement de la capitale, le plan stratégique de développement du réseau de voirie pour 2030 et sa vision pour 2050 prévoit que Hanoi construira 16 autres ponts, outre Long Biên, Thang Long et Chuong Duong, pour franchir le fleuve Rouge.

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Le pont Nhât Tân.

À ce jour, trois de ces 16 ponts en projet ont été construits et mis en service : Vinh Tuy, Thanh Trì et Vinh Thinh. Ce dernier, en béton précontraint, emporte la palme en devenant le 8 juin dernier le plus long pont du Vietnam. D’une longueur de 5.487 m pour une largeur de 16,5 m, avec quatre voies de circulation, le pont Vinh Thinh relie le chef-lieu de Son Tây (Hanoi) au district de Vinh Tuong (province de Vinh Phúc).


Enfin, Nhât Tân, le premier pont à haubans de Hanoi, sera ouvert au trafic en 2015. Il permettra, entre autres, de mettre l’aéroport de Nôi Bài à moins de 30 minutes du centre-ville (50 minutes aujourd’hui).

Les hasards de l’urbanisation font se côtoyer, à quelques encablures, les haubans du pont le plus moderne de Hanoi avec les poutres d’aciers du pont le plus ancien. Et le fleuve Rouge, en son lent cours, réunit ces deux témoins, du passé et de l’avenir de la capitale… - VNA