Des etoiles aux nuages hinh anh 1La pilote Nguyên Trân Diêu Thúy. Photo: NDT/CVN
Hanoï (VNA) - D’actrice à hôtesse de l’air, puis pilote de ligne, un parcours impossible? Nguyên Trân Diêu Thúy l’a pourtant accompli. Histoire d’une femme exceptionnelle, passée du 7e art aux commandes d’un avion.

Silhouette sublime, visage de star, à 30 ans, Nguyên Trân Diêu Thúy a l’allure digne d’un mannequin. Déjà étudiante à l’Université Tôn Duc Thang à Hô Chi Minh-Ville, elle était sollicitée pour des séances photos et des spots publicitaires télévisuels. Elle a été élue meilleure porteuse de l’áo dài (tenue traditionnelle des Vietnamiennes) au concours Miss des cerisiers 2010 et devenue Miss Sunplay 2011 (un concours bikini sur plage).

À l’époque, Diêu Thúy s’est faite connaître sur le petit écran avec des rôles majeurs dans plusieurs téléfilms dont Dôc suong mù (La pente brumeuse), Huyên thoai 1C (La route 1C légendaire), Nhung manh đoi giông bao (Des vies orageuses), Bên kia sông (Au-delà du fleuve), Nguoi giúp viêc (L’aide-ménagère), etc.

Mais, comme l’exigent ses parents, la belle femme quitte la lumière des projecteurs, acceptant de travailler comme ingénieure sécurité dans une usine de meubles en bois de décoration intérieure dans la province de Binh Duong (Sud). Métier qui correspond aux études qu’elle a suivies à l’université.

"Durant mes années de travail là-bas, coincée dans les ateliers et l’uniforme, je sentais que ma vie était trop monotone. J’étais souvent stressée par un travail prenant. À 25 ans, j’ai eu envie de trouver un emploi me permettant de voyager un peu", se souvient-elle.

Nouvelle aventure

Alors, début 2014, Diêu Thúy saute le pas, abandonnant son entreprise. Pour s’engager dans une nouvelle aventure… Suite à une annonce de recrutement d’hôtesses de l’air pour Etihad Airways, la compagnie aérienne nationale des Émirats arabes unis, la Vietnamienne présente son dossier d’inscription. Et la chance lui sourit. Elle est recrutée. Mais cela ne lui suffit pas. Elle nourrit une autre ambition: conquérir les commandes d’un avion.

En effet, dans son travail, Diêu Thúy a souvent l’occasion d’entrer dans le poste de pilotage. Curieuse de cet environnement inhabituel, elle pose beaucoup de questions. En la voyant si intéressée, notamment par le panneau rempli de boutons dans la cabine, le commandant de bord lui montre une fois un papier du planning des vols en données. En essayant de le lire, Diêu Thúy étonne son interlocuteur en décodant avec justesse les durées de vols et le volume de carburants nécessaires.

"Une fois, le chef pilote m’a demandée Penses-tu devenir pilote? Tu peux le faire. Ma fille est en train de suivre les formations de pilote et je la soutiens . C’est grâce à son encouragement que j’ai commencé à envisager cette possibilité. Mais il me fallait suffisamment d’argent", raconte-t-elle.

En juin 2016, après deux ans et demi de travail comme hôtesse de l’air, Diêu Thúy quitte Dubai pour revenir au Vietnam. Pour réaliser un rêve que ses proches jugent un peu fou. "Bon nombre de mes amis s’inquiétaient en raison de mon âge. Moi aussi, je me demandais à cet âge (27 ans), aurai-je suffisamment d’intelligence, de capacités physiques et de persévérance pour m’engager. J’ai beaucoup réfléchi. Mais finalement, j’ai fait mon choix".
Des etoiles aux nuages hinh anh 2Elle est dans la cabine de pilotage. Photo: DTN/CVN

Diêu Thúy réussit les épreuves pour être reçue au cours théorique du transport aérien à l’École de formation de pilotes Bay Viêt (Viet Flight Training) à Hô Chi Minh-Ville. Étant la première du genre du Vietnam, celle-ci appartient à la société du même nom, relevant de la compagnie aérienne nationale Vietnam Airlines.

Happy ending


Les six mois de formations ont été extrêmement durs pour la jeune fille du fait des connaissances colossales à acquérir. "J’ai dû passer les épreuves des 14 disciplines. Très souvent, je me levais à 06h00 et étudiais jusqu’à minuit". Après l’obtention du certificat de théorie, elle suit ensuite les heures pratiques aux États-Unis, "la période la plus pénible", selon Diêu Thúy.

"Lors des vols d’entraînement, il y a des moments d’épuisement et d’échec. Parfois, je suis tombée au fond du désespoir quand je n’arrivais pas à atterrir par moi-même. Autre grande pression, c’était la question financière. J’ai dû me débrouiller pour mes dépenses quotidiennes, mes formations ainsi que mon loyer", confie-t-elle.

Durant ces entraînements, Diêu Thúy effectue chaque jour quatre vols au lieu d’un pour améliorer ses compétences. Et le courage, l’assiduité et la détermination de la Vietnamienne sont enfin récompensés. En février 2018, elle achève toutes les formations aux États-Unis, soit trois mois plus tôt que prévu. Diêu Thúy est aussitôt recrutée par une compagnie aérienne privée en Europe.

Mais trois mois plus tard, elle décide de revenir durablement au pays. Elle réussit les examens d’entrée dans deux agences aériennes et choisit de travailler depuis le début de cette année pour Bambou Airways, une nouvelle compagnie privée vietnamienne récemment créée.

Si son parcours professionnel est riche, sa vie sentimentale est non moins romantique. Durant ses années à Dubai, Diêu Thúy fait la connaissance d’Antoine Aubry. Cet homme d’affaires français l’a suivie pendant tout son parcours. Et l’histoire d’amour du couple se termine en “happy ending” par un mariage en août 2018.

Pour l’instant, ils acceptent de vivre éloignés l’un de l’autre: Antoine en France pour s’occuper de ses affaires et Thúy au Vietnam pour commencer son travail. Ils se retrouvent pendant dix jours tous les deux mois. "J’ai la chance d’avoir un mari qui soutient toutes mes décisions. Je veux m’attacher à cette carrière de pilote et je continue de m’entraîner pour accumuler davantage d’heures de vols en sécurité", sourit-elle. -CVN/VNA

source