Hanoi, (VNA) – À un mois de la fin de l’exercice fiscal 2025, atteindre une croissance du PIB supérieure à 8% représente un défi majeur pour créer une dynamique positive pour les années à venir. Le journal en ligne VietnamPlus s’est entretenu avec Nguyên Thi Huong, directrice de l’Office national des statistiques (NSO), au sujet des scénarios de croissance et des solutions clés pour la dernière ligne droite.
- À un mois de la fin de 2025, atteindre une croissance du PIB supérieure à 8% représente un défi de taille. Comment l’Office national de la statistique (NSO) évalue-t-il la faisabilité de cet objectif et quels sont les leviers d’offre et de demande à activer pleinement durant cette période critique ?
Atteindre une croissance supérieure à 8% exige des efforts exceptionnels au cours du dernier mois, mais nous estimons que cet objectif est parfaitement réalisable si les leviers de croissance existants sont efficacement exploités et si des solutions décisives sont mises en œuvre.
L’environnement international demeure fragile, avec une faible dynamique de reprise et des risques persistants. Cependant, l’économie nationale continue de bénéficier d’atouts fondamentaux. Premièrement, la stabilité macroéconomique a été fermement maintenue, offrant un environnement sûr pour la production et les entreprises.
Deuxièmement, l’investissement public reste un moteur de croissance essentiel, soutenu par un engagement politique fort. Troisièmement, les investissements directs étrangers (IDE) continuent de croître positivement, témoignant de la confiance des investisseurs internationaux. Enfin, le marché intérieur de près de 100 millions d’habitants, notamment le tourisme et les services, affiche une forte dynamique grâce aux politiques de relance de la demande et à la période des fêtes de fin d’année.
Pour atteindre cet objectif, il est essentiel de maximiser les leviers de l’offre et de la demande. Du côté de l’offre, le secteur de la transformation et de la fabrication continue de contribuer le plus à la croissance. Malgré les pressions sur les coûts, la hausse de la demande mondiale de consommation pendant les fêtes de fin d’année devrait accélérer la production dans des secteurs clés tels que l’électronique, le textile et l’habillement, la chaussure et l’ameublement.
Les données des onze premiers mois de l’année dressent un tableau positif : l’indice de la production industrielle a progressé d’environ 9,3% sur un an, tandis que la transformation et la fabrication ont augmenté de 10,6%, contribuant à hauteur de 8,5 points de pourcentage à la croissance globale.
Par ailleurs, après une période prolongée de croissance négative, le secteur minier a renoué avec la croissance au cours des onze derniers mois. Ce signal positif contribue à garantir la sécurité énergétique et à accroître les recettes budgétaires.
Sur le marché, les activités commerciales et de distribution continuent de se développer. Les ventes totales de biens et de services aux consommateurs ont progressé de 9,1% sur un an au cours des 11 premiers mois de l’année. Pour une progression plus marquée, il est nécessaire de promouvoir davantage les applications numériques, de connecter la distribution régionale des produits et de déployer des programmes promotionnels et des remises à grande échelle pendant la période de fin d’année.
Le tourisme et les services connexes constituent un secteur particulièrement dynamique. Les recettes issues de l’hébergement et de la restauration ont progressé de 14,6%, tandis que celles des services de voyage ont bondi de 19,9% sur la même période. L’extension prévue de l’exemption de visa à 12 pays supplémentaires devrait fortement stimuler la croissance, générant des retombées positives sur les transports, le commerce de détail et les loisirs.
Du côté de la demande, les moteurs de croissance sont également exploités au maximum. L’investissement public représente le principal levier d’investissement. Fin novembre, les décaissements du budget de l’État ont atteint 72,2% du plan annuel, soit une hausse de 26,8% sur un an. Avec un objectif de décaissement supérieur à 95%, le quatrième trimestre sera la période de pointe pour l’investissement public, créant d’importantes retombées et convertissant les capitaux en croissance effective du PIB.
Parallèlement, les IDE réalisés au cours des 11 premiers mois de l’année sont estimés à 23,6 milliards de dollars, en hausse de 8,9%. L’accélération du décaissement des projets enregistrés augmentera directement la demande totale d’investissement et la capacité de production. L’investissement privé montre également des signes de reprise. Au cours des 11 premiers mois de l’année, près de 178.000 entreprises ont été créées, soit une hausse de 20,9%, tandis que 97.600 entreprises ont repris leurs activités, soit un bond de 36,9%. Le total des capitaux supplémentaires injectés dans l’économie a atteint 5,6 billiards de dôngs, soit une hausse de 104,3%. Ces ressources contribuent significativement à la croissance économique.
En cette fin d’année, la demande mondiale liée aux fêtes de fin d’année offre des opportunités aux principaux secteurs d’exportation vietnamiens. Sur le plan intérieur, les programmes de relance de la demande ainsi que les événements culturels et festifs stimuleront fortement la consommation.
Par ailleurs, de nouveaux moteurs de croissance, tels que l’économie numérique, l’économie verte et la réforme institutionnelle, portent progressivement leurs fruits, créant de la valeur ajoutée et améliorant la productivité globale.
- Outre les facteurs favorables, l’économie a subi de lourds dégâts provoqués par les catastrophes naturelles. L’Office national des statistiques dispose-t-il d’évaluations quantitatives de ces impacts, et quelles mesures le gouvernement a-t-il prises pour garantir le bien-être social et atténuer leurs effets ?
Les catastrophes naturelles constituent effectivement un défi majeur et un frein important à la croissance. Selon les données compilées, début décembre 2025, les pertes économiques dues aux catastrophes naturelles étaient estimées à près de 99.500 milliards de dôngs. À l’échelle nationale, près de 352.000 maisons ont été endommagées ou détruites, et plus de 541.000 hectares de rizières et autres cultures ont été touchés.
Ces pertes réduisent non seulement directement la production agricole, mais affectent également indirectement les chaînes d’approvisionnement, la production industrielle et les moyens de subsistance de la population, affaiblissant ainsi la demande globale.
Les résultats de l’enquête sur le travail et l’emploi le confirment : 30% des ménages ont déclaré avoir subi au moins un choc négatif au cours des 11 derniers mois. Parmi les ménages ayant subi une baisse de revenus, 26,6% ont cité les catastrophes naturelles comme principale cause.
En réponse, le gouvernement et les autorités à tous les niveaux ont fait de la protection sociale une priorité. Ils ont mis en œuvre des mesures de soutien décisives. Du début de l’année au 27 novembre, le gouvernement a stabilisé les moyens de subsistance de millions de personnes en distribuant près de 38.200 tonnes de riz pour les aider pendant le Nouvel An lunaire, les périodes de soudure et la période de redressement après les catastrophes.
De plus, le budget central a alloué 6.790 milliards de dôngs au soutien des collectivités locales pour remerdier aux conséquences des catastrophes, dont 2.630 milliards de dôngs pour les zones touchées par le typhon Kalmaegi (n°13) et les inondations sur la côte du Centre-Sud et dans les Hauts Plateaux du Centre.
- À plus long terme, quelle importance revêt la réalisation de l’objectif de croissance de 2025 pour le plan 2026-2030 et l’objectif d’une croissance à deux chiffres ? Quelles recommandations politiques l’Office national des propose-t-il ?
Les résultats de 2025 revêtent une importance stratégique pour les cinq prochaines années. Atteindre, voire dépasser, l’objectif de croissance de 8% créera une forte dynamique de croissance.
Premièrement, cela permet d’atteindre les objectifs ambitieux de la période 2021-2025 et d’accroître la taille de l’économie. Cette base plus large est essentielle pour fixer des objectifs de croissance plus élevés pour la période 2026-2030.
Deuxièmement, cela renforce la stabilité macroéconomique et stimule la confiance des marchés et des investisseurs. Une économie dotée d’une forte résilience et d’une capacité de reprise importante attirera des investissements directs étrangers (IDE) de qualité, d’autant plus que les chaînes d’approvisionnement mondiales sont en pleine restructuration.
Troisièmement, la dynamique de croissance de 2025 permet d’identifier clairement de nouveaux moteurs de croissance tels que la transformation numérique, la transition écologique et l’économie circulaire. Ces éléments constituent le socle d’un modèle de croissance plus durable et de meilleure qualité.
Enfin, l’accélération des investissements publics dans les infrastructures stratégiques durant cette période contribuera à lever les obstacles et à ouvrir de nouvelles perspectives de développement pour les années à venir. »
Pour atteindre une croissance à deux chiffres dès 2026, l’Office national des recommande un ensemble de mesures politiques globales et décisives, axées sur des piliers essentiels. Il s’agit notamment de privilégier la croissance tout en assurant la stabilité macroéconomique, de maîtriser l’inflation, la dette publique et les déficits budgétaires dans les limites autorisées afin de préserver les marges de manœuvre budgétaires.
Parallèlement, il est essentiel d’accompagner les entreprises dans leur montée en gamme grâce à des dispositifs de crédit préférentiels et une assistance technique en matière de recherche et développement et de transformation numérique, permettant ainsi aux PME de s’intégrer plus profondément dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Il convient d’insuffler une forte dynamique aux nouveaux moteurs de croissance, avec des politiques novatrices pour l’économie numérique, l’industrie des semi-conducteurs et l’intelligence artificielle. Un fonds national d’innovation devrait être créé, ainsi que des mesures favorisant la création de marchés pour les produits technologiques « Made in Vietnam ».
L’attraction des investissements directs étrangers (IDE) devrait privilégier la qualité à la quantité, en priorisant les projets à forte valeur ajoutée technologique, les investissements en R&D et les taux de localisation élevés.
Des mesures ciblées de stimulation de la consommation devraient être mises en œuvre, encourageant la consommation de biens de fabrication nationale à forte valeur ajoutée, notamment les produits issus des technologies vertes. Il convient d’exploiter pleinement les opportunités offertes par l’économie verte et les marchés du carbone, en jouant un rôle moteur dans la transition énergétique et la mise en place d’un cadre juridique pour les marchés des crédits carbone, afin de transformer les défis environnementaux en opportunités d’investissement vert.
Pour atteindre ces objectifs, la réforme institutionnelle doit se poursuivre, de même que la réduction des coûts grâce à la suppression drastique des conditions commerciales superflues et à une réduction d’au moins 50% des délais de traitement des procédures d’investissement et commerciales.
Le chemin à parcourir demeure semé d’embûches, mais grâce aux bases déjà établies, à une orientation politique forte et à des solutions efficaces, nous pouvons aborder avec confiance une phase de croissance rapide et durable. – VNA