La restructuration des marchés d’exportation est impérative pour développer et élargir les créneaux d’exportation du Vietnam, dans l’ambition de parvenir à accroître ses exportations de l’ordre de 10% à 11% par an sur la période 2016-2020.

Sur la période 2011-2013, en dépit de la crise financière mondiale, le chiffre d’affaires à l’exportation du Vietnam a connu une croissance annuelle de 22,3%, soit le quadruple de celle du Produit intérieur brut. Toutefois, ce secteur manque toujours d’une stratégie de croissance durable.

«Depuis son entrée à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2007, les exportations du Vietnam ont connu une forte progression. Aujourd’hui, la politique d’exportation du pays est, plus que jamais, d’une importance capitale», souligne Trân Du Lich, membre de la Commission économique de l’Assemblée nationale. Les changements positifs observés après l’adhésion à l’OMC s’illustrent, selon lui, par la croissance spectaculaire du chiffre d’affaires à l’exportation qui est passé de 84 milliards de dollars en 2006 à 132 milliards en 2013.

Outre les opportunités, Trân Du Lich a identifié bon nombre de lacunes auxquelles les entreprises domestiques doivent remédier. Ainsi, le taux de localisation des produits demeure faible, les produits exportés sont variés, mais ne sont pas exploités comme il le faudrait. Par ailleurs, les entreprises ne s’appuient que sur des commandes de sous-traitance en raison de l’insuffisance d’industrie auxiliaire au Vietnam, et les méthodes de gestion des risques pour les diminuer ne sont pas prises en compte. En particulier, selon lui, les entreprises n’ont pas encore évalué l’importance du marché domestique comme du rôle des associations professionnelles.

Produits agricoles

Afin de résoudre ces problèmes, Trân Du Lich a souligné la nécessité de diminuer les droits de douane, de renouveler les produits et modalités de production, tout en renforçant l’assistance du gouvernement et des associations professionnelles en matière de politique d’exportation.

Selon la vice-ministre de l’Industrie et du Commerce, Hô Thi Kim Thoa, la faible valeur ajoutée à l’exportation des produits vietnamiens s’explique par leur nature : pour l’essentiel, des produits bruts, issus de l’emploi non effectif des matières premières locales, ou fabriqués dans le cadre d’une sous-traitance pour une entreprise étrangère.

Depuis le début de l’année, les exportations de produits agricoles ont atteint plus de 17,4 milliards de dollars, soit une croissance de près de 12% en variation annuelle. Avec la signature prévue en fin d’année du Partenariat transpacifique (TPP) et de l’accord de libre-échange Vietnam - Union européenne, le Vietnam bénéficiera de nouveaux débouchés pour ses produits agricoles, ce qui le rendra moins tributaire de ses grands marchés traditionnels. En d’autres termes, une avancée claire vers des exportations agricoles plus stables.

Les exportations de café, de poivre, de noix de cajou, de produits aquatiques et de meubles ont bénéficié d’une forte croissance sur le plan quantitatif comme qualitatif. Les fruits et légumes vietnamiens ont réussi à pénétrer les marchés les plus exigeants comme l’Union européenne, les États-Unis, le Japon et la République de Corée. Pour exemple, le pamplemousse vert à chair rouge et le fruit du dragon sont désormais présents dans 40 pays et territoires.

Avis d’experts

De l’avis de Nguyên Xuân Hông, un responsable du Service de développement des marchés à l’export pour les fruits et légumes (ministère de l’Agriculture et du Développement rural), afin d’être en mesure de diversifier leurs marchés, les exportateurs doivent adopter une nouvelle approche. Selon lui, il leur faut améliorer la qualité de leurs produits pour maintenir leurs parts sur les marchés traditionnels, et augmenter leurs investissements dans le renouvellement de leurs technologies de transformation.

Pour Dang Kim Son, directeur de l’Institut des politiques et stratégies de développement de l’agriculture et du développement rural, les entreprises exportatrices locales doivent être plus actives dans la recherche de nouveaux débouchés. «Pour conquérir un marché, il faut le percevoir dans sa globalité : périmètre, besoins, goûts de consommation, critères et normes...», précise-t-il.

Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural procède actuellement à une réévaluation des marchés à l’export en vue d’informer en temps réel les exportateurs vietnamiens des évolutions de ces marchés. «Après cette opération, nous nous concentrerons sur le renforcement de la gestion publique en matière d’exportations agricoles et sur la restructuration du secteur de l’export afin que ses entreprises puissent s’adapter correctement aux fluctuations des marchés. L’objectif est de maintenir une croissance des exportations agricoles de 3% cette année», indique le vice-ministre de l’Agriculture et du Développement rural Hà Công Tuân.

Le secteur est confronté à de nombreuses difficultés comme la baisse notable des cours des produits agricoles sur le marché mondial, l’instabilité de ce dernier, ou encore les barrières au commerce imposées par nombre de pays, déclare Phan Thi Diêu Hà, vice-directrice du Département de l’import-export. Ainsi, le secteur agricole vietnamien doit redoubler d’efforts pour atteindre son objectif de 2014 d’exporter pour 26 milliards de dollars. En outre, le Vietnam s’emploie à diversifier ses marchés à l’export, tout en améliorant la qualité de ses produits agricoles afin de mieux cibler la demande de tel ou tel marché.

Les produits agricoles représentent actuellement 20% des exportations nationales. Il est cependant indispensable de procéder à une restructuration profonde de ce secteur afin d’améliorer la compétitivité des produits agricoles vietnamiens. La priorité reviendra donc à l’élévation de la qualité, de l’hygiène et de la sécurité alimentaires, ainsi qu’à la visibilité des produits agricoles vietnamiens à travers une labellisation.

Lors de ces huit premiers mois, le pays a réalisé un chiffre d’affaires de près de 97 milliards de dollars pour une croissance annuelle de plus de 14%, et une commerce extérieur positif de près de 1,7 milliard de dollars. Fin août, 25 marchés ont importé pour plus d’un milliard de dollars de produits vietnamiens, soit deux de plus que lors de la même période de 2013, la Belgique et le Canada pour les nommer. Les cinq premiers pour le pays sont les États-Unis, le Japon, la Chine, l’Union européenne et l’ASEAN.

Environ 146 millards de dollars d’exportations

Pour 2014, le pays recense environ 24 marchandises dont les exportations dépassent le milliard de dollars et qui représentent 86% du chiffre d’affaires à l’export national. Il s’agit des appareils téléphoniques et leurs accessoires, textile-habillement, chaussures, ordinateurs, articles de l’électronique et accessoires, équipements et composants, pétrole brut, produits aquatiques, bois et meubles, moyens de transport et composants, café, riz, sacs et valises, parapluies...

Pour toute l’année, le ministère de l’Industrie et du Commerce prévoit 146 milliards de dollars d’exportations correspondant à une croissance annuelle de 10,6%. Quant aux importations, elles devraient s’établir à 145,5 milliards de dollars, arrêtant un solde positif du commerce extérieur à 500 millions de dollars, informe Nguyên Tiên Vy, chef du Département du plan du ministère de l’Industrie et du Commerce. Selon le plan de développement des exportations du Vietnam pour la période 2016-2020, le pays devrait parvenir à accroître ses exportations de l’ordre de 10% à 11% par an. – VNA