Le bureau de l'UNESCO à Hanoi, le centre Craft Link et la Chambre de l’économie de la ville de Hôi An viennent d’organiser une réunion d’artisans des villages de métiers de Quang Nam (Centre). Un projet vise à les professionnaliser et à les rendre profitables.

La renommée du village de menuiserie Kim Bông s’est bâtie sur ses produits associés à l'architecture du palais royal de Huê et de la vieille ville de Hôi An. « J'espère que mon entreprise deviendra la "chef de file" de la menuiserie d'art artisanal sur le marché non seulement national, mais aussi international », a exprimé, des rêves plein la tête, l’artisan Huỳnh Suong.

Phan Xuân Nguyên est un sculpteur sur bois de Kim Bông. Aujourd’hui, il bénéficie du soutien des designers professionnels de Craft Link - un centre de recherche, de lien et de développement de l'artisanat - pour son plus grand bonheur. Ces experts se sont rendus dans son atelier afin de l’initier à la création de nouveaux modèles pour ses produits en bois sculptés. L’objectif : en faire de véritables œuvres d'art en veillant bien à rester dans la ligne traditionnelle.

Les lanternes et la vie nocturne de Hôi An

Bien que les lanternes de la vieille ville de Hôi An - symboles de la vie nocturne de cette destination fréquentée par les touristes du monde entier - soient maintenant internationalement connues, le vieil artisan Nguyên Van Ba reste soucieux : « Le marché est de plus en plus exigeant. Les matériaux en bambou de qualité dans la localité ne suffisent pas à répondre aux besoins de la grande production. La pénurie de locaux de production constitue également un obstacle que les petits établissements comme les nôtres ne peuvent surmonter sans le soutien de l’État comme de la localité ».

Même le propriétaire de l’atelier de production des lanternes Hà Linh - où de nombreux circuits touristiques font pourtant halte - est inquiet quant à la "durabilité" de la production de ces articles de marque de Hôi An, en raison surtout du manque d'informations des petits établissements sur le marché international.

Les figurines " tò he " du village de poterie Thanh Hà (Hôi An) sont elles aussi omniprésentes dans la vieille ville. Mais flottent çà et là les interrogations des artisans comme Nguyên Van Xê et Lê Quôc Tuân : « Nous aimons ces jolies petites figurines d’animaux, ces marmites en terre, ces pots de fleurs, ces jarres... que nos aïeux avaient modelés. Aujourd’hui, toute la problématique est de savoir comment faire pour que ces objets en céramique deviennent réellement des produits touristiques avec un style plus sophistiqué, une qualité accrue, et des prix en adéquation avec la valeur du travail réalisé. Y parvenir est notre désir le plus cher ! ».

Tous mobilisés

L’artisan Lê Duc Ha, issu du village de céramique Diên Bàn, est spécialisé dans les produits d’influence cham à Quang Nam. Il cherche toujours à faire évoluer la gamme de modèles qu’il propose, avec des designs plus sophistiqués et des techniques plus ingénieuses. L’objectif est simple : « Faire en sorte que les touristes considèrent les souvenirs qu’ils nous achètent comme un cachet de Quang Nam une fois rentrés dans leur pays .»

Les artisans du village de fonderie de bronze Phuoc Kiêu (district de Diên Bàn) ont, pour leur part, exprimé leur satisfaction au sujet du " lien " entre villages de métiers pour être en mesure de créer des produits caractéristiques et identifiables de Quang Nam, reconnaissables au premier coup d’oeil. C’est aussi l’objectif principal du projet d’assistance aux produits d'art artisanal de Quang Nam, déployé sur deux ans par le bureau de l’UNESCO à Hanoi, moyennant un budget de 100.000 dollars financés par un Fonds sud-coréen.

D’après Nina Howard, spécialiste de l'UNESCO, les villages de métiers de Quang Nam présentent encore des limites sur lesquelles il faut se pencher, comme l’hétérogénéité de la qualification des artisans, la pénurie de jeunes pour reprendre le flambeau, l’instabilité de la main-d'œuvre (emplois saisonniers) et des matières premières locales. Sans oublier le manque d’équipements, d’ateliers dignes de ce nom, d’expositions pour présenter le travail accompli, mais aussi d’investissement.

En conséquence, les services de gestion publics ont besoin de profiter de l'appui des projets internationaux, d’encourager les entreprises à participer à la formation professionnelle des jeunes artisans. Il faut aussi stabiliser l’approvisionnement en matières premières, encourager les liens entre villages de métiers, et susciter le soutien de l’État et des associations professionnelles. Il importe également de créer un centre de consultation, de formation et de soutien en matière d’informations sur les produits d’art artisanal locaux...

« Le projet d’assistance aux produits d'art artisanal à Quang Nam vise à accroître leur valeur, tant en termes de respect des caractéristiques culturelles traditionnelles que de qualité technique, artistique et esthétique, en accordant une attention particulière à ce que la communauté des villages de métiers de Quang Nam génère davantage de profits », a informé Pham Thi Thanh Huong, une cadre des programmes du bureau de l'UNESCO à Hanoi. – AVI