À Hô Chi Minh-Ville, un certain nombre de groupes et musiciens étrangers se sont établis, contribuant à enrichir la scène musicale locale. Art sans frontière, la musique a cela d’intéressant qu’elle permet de gagner sa vie n’importe où dans le monde.

Le groupe latino Q’vans vient de Cuba. Il comprend Daylon, Lisi, Iviiscus, Roberto et Michie. Ce groupe habitué des nuits saïgonnaises se produit un peu partout, parfois dans les restaurants. Les gars sont costauds, les femmes fines et fluettes, et tous portent des vêtements très près du corps. «La danse et la musique latino me donne des frissons», confie un fan. «Nous sommes tous des artistes amateurs, explique Daylon. On voyage, et quand on se plaît bien dans un coin, on joue». Contrairement à d’autres groupes étrangers, ils montent sur scène très apprêtés. Chevelure soignée, parfois avec gel effet mouillé comme s’ils sortaient de la douche !

Selon le compositeur Nguyên Anh 9, Saigon (ancien nom de Hô Chi Minh-Ville) était célèbre avant 1975 pour ses groupes philippins. Ces groupes continuent d’attirer les jeunes vietnamiens. S’ils ne peuvent s’enrichir comme leurs homologues vietnamiens, ils peuvent vivre confortablement de leur métier. Un groupe indien joue souvent au café Yoko. La chanteuse, qui emporte souvent avec elle son ordinateur portable pour présenter ses dernières créations, informe que toutes les chansons sont écrites par le groupe.

À la différence des chanteuses vietnamiennes qui aiment monter sur scène avec des vêtements de marque, tape-à-l’œil pourrait-on dire, cette chanteuse aime porter des T-shirts élimés que l’on dirait sortis d’un marché aux puces. Elle aime aussi boire de la bière et manger du pho. Les membres du groupe sont fiers de gagner leur vie avec autre chose que des reprises de grands classiques.

Connus dans leur pays, anonymes au Vietnam

Le groupe nippo-américain Lost Art est un autre band bien connu à Saigon. Son brut et style de représentation assez flamboyant sont sa marque de fabrique. Si beaucoup d’artistes vietnamiens chantent souvent des airs étrangers célèbres, Lost Art puise son répertoire dans des airs peu connus. Ils interprètent même des airs vietnamiens, en vietnamien s’il-vous plaît, à un rythme endiablé.

«J’aime le Vietnam et la culture vietnamienne», confie Melanie, une artiste américaine, dont le nom de scène est Baby Doll. Son père est chef d’entreprise et sa mère, chanteuse. Melanie s’est produite aux États-Unis avec des groups connus, a bien gagné sa vie. Mais au Vietnam, elle est prête à manger son pain noir. «Mes revenus en tant qu’artiste s’élèvent à 600 dollars par mois. C’est pourquoi je dois aussi enseigner l’anglais pour arriver à 1.000 dollars. Mes dépenses les plus élevées sont les frais téléphoniques», ajoute-t-elle.

Le compositeur Tuân Khanh considère que beaucoup de ces chanteurs gagnent leur vie avec la musique, ils vont d’un pays à l’autre, et ont peu de contribution dans le développement de la musique nationale. Mais, le compositeur Duong Thu n’est pas de cet avis. Il apprécie beaucoup ces artistes «nomades». Selon lui, leur présence, bien que peu visible, apporte une diversité importante à la musique nationale. En plus, ils contribuent à faire connaître la musique vietnamienne à l’étranger.

Dans un CD de Duong Thu comportant beaucoup d’airs traduits de l’anglais, l’un de ses musiciens est une «jazz woman» étrangère qui se produit souvent à Hô Chi Minh-Ville. «Elle a participé à beaucoup de festival de jazz dans le monde». Lors d’un événement organisé à l’occasion de la sortie de son CD, Duong Thu a présenté de façon élogieuse ses deux instrumentistes américains. «Ces deux musiciens nomades, derrière leur apparente simplicité, ont remporté deux prix Grammy ! (1)», a-t-il révélé. -VNA