
Hanoï (VNA) - Au bord de la rivière Day, la commune de PhùngXa, district de My Duc, se trouve à 40 km du centre de la capitale Hanoï. Ce village est renommé pour ses mûriers, mais aussi pourl’élevage des vers à soie et le tissage de la soie, qui y sont exercésdepuis les années 1930.
Aujourd’hui,la jeune artiste Nguyên Thi Hoài Giang, diplômée de l’École desbeaux-arts du Vietnam, décide de découvrir le village de la soie dePhùng Xa, afin de mieux comprendre le métier traditionnel du village etde chercher des sources d’inspirations pour ses nouvelles créations. Enempruntant les chemins du village, elle peut écouter le son rythmiquedes machines à tisser. C’est le son typique d’un village de productionde la soie.
Dans les ateliers de tissage,Hoài Giang a rencontré les artisans qui sont chacun dévoués à une tacheparticulière. L’un s’occupe du dévidage de la soie, l’autre du tissage,toujours avec les mains habiles et lestes. Les machines sont transmisesde générations en générations, et deviennent, elles aussi, les témoinssilencieux de l’histoire du village artisanal avec des périodes pleinesde vicissitudes.
Selonles artisans, presque toutes les étapes de la production sont faites àla main pour créer une soie fine et précieuse qui offrent aux porteursla sensation de fraîcheur en été et de chaleur en hiver. "J’ai apprisle tissage de la soie depuis que je suis petite. Ce métier estdifficile et je dois travailler de façon soigneuse. Ces machines àtisser m’ont été transmises par mes ancêtres", confie l’ouvrière Dô Thi Loan.
Siplusieurs autres villages de la soie sont spécialisés uniquement dansle tissage, Phùng Xa réalise toutes les étapes pour la production. Dansles années 1970, la commune était surnommée "la capitale des mûriers"avec des dizaines de milliers d’hectares de champs de mûriers quis’étendaient à travers plusieurs villages au bord de la rivière Day.Aujourd’hui, cette superficie s’est réduit considérablement.
Laterre au service de la culture des mûriers doit être propre, sansproduits chimiques. Les alluvions de la rivières Day nourrissent leschamps de mûriers verts et frais du village de Phùng Xa. À 11h30, laseptuagénaire Dô Thi Son continue à recueillir les feuilles de mûriers.La forte chaleur d’un jour de fin d’été ne l’empêche pas de travailler.Sa petite taille dissimule au milieu des hauts mûriers. "La culturedes mûriers et l’élevage des vers à soie sont pénibles. Pourtant, nousaimons notre métier. Les vers à soie ont toujours besoin de feuilles demûriers propres. C’est pour cette raison que la terre doit égalementêtre propre", souligne-t-elle.
Lê Van Nam est la 4e génération dans la famille à exercer l’élevage des vers à soie. Cetravail difficile nécessite beaucoup de savoir-faire. Les vers à soiesont sensibles au climat. Si le climat est favorable, les agriculteursrécoltent des vers à soie de qualité. Au contraire, face à la fortechaleur ou les pluies abondantes, ces animaux ne se développent pas.C’est pour cette raison que seuls les agriculteurs minutieux etpassionnés par l’élevage des vers à soie peuvent poursuivre ce métier.
Aujourd’hui,M. Nam doit éliminer les vers à soie faibles. Ces derniers jours, leNord du pays a subi les pluies torrentielles et les champs de mûriersont été submergés. Faute d’aliments, ces vers à soie ne sont pas dequalité. "Nous donnons à manger aux vers à soie à minuit (entre 10 et11 heures) et de bon matin. Ses repas doivent être ponctuels. Ainsi,qu’il y ait de la pluie ou un soleil brulant, les agriculteurs doiventcueillir les feuilles de mûriers", informe M. Nam.
La soie à base de lotus - la marque du village de Phùng Xa
Heureusement,lors de sa visite, Hoài Giang a l’occasion de rencontrer l’artisanePhan Thi Thuân qui est la première Vietnamienne à produire de la soie àbase de lotus. L’artisane présente à la jeune artiste les produits àbase de lotus ainsi que ses productions originales. "Lorsque nous utilisons la soie de lotus, notre corps se parfume aussi de cet arôme. Et nous nous sentons plus calmes et sereins",partage Phan Thi Thuân. Et d’ajouter qu’elle a fait des efforts pourétudier la production de la soie de lotus pour aider les ouvriers, etles propriétaires des marais de lotus à augmenter leur revenu.
Aprèsêtre cueillis dans les marais de bon matin, les tiges de lotus sontnettoyées. Ensuite, c’est une étape très importante : l’extraction desfilaments. Cette étape est difficile et les filaments doivent être tirésd’une façon très délicate pour éviter la rupture. Les filaments sontenroulés jusqu’à une certaine épaisseur.
Lelotus est considéré comme la fleur nationale du Vietnam. Les produit àbase de soie de lotus contiennent la culture et l’âme généreuse desvillageois de Phùng Xa. Ils expriment également le travail laborieux desouvriers pour cristalliser la quintessence de ces produits. C’est pourcette raison que cette soie spéciale est très recherchée sur le marché.
La visite au village de métier artisanal de Phùng Xa a laissé à la jeune artiste Hoài Giang les émotions inoubliables. "Laproduction de la soie de lotus est spéciale. Le tirage des filaments delotus nécessite beaucoup de temps. Lorsque je tiens le produit fini, jepeux sentir l’arôme naturel et la soie est également très fine. Deplus, cette soie représente le travail des villageois de Phùng Xa enutilisant les lotus cultivées sur les marais locaux", souligne Hoài Giang.
Laproduction de la soie apporte aux villageois de Phùng Xa une source derevenu stable pour améliorer leur niveau de vie. Les locaux sont fiersde ce métier traditionnel préservé de génération en génération. - CVN/VNA