Au Vietnam aussi, le movement #MeToo prend de l’ampleur

Le mouvement féministe mondial contre le harcèlement sexuel MeToo a su libérer la parole de nombreuses femmes à travers le monde.

Hanoi, 10 mars (VNA) - Le mouvement féministe mondial contre le harcèlement sexuel MeToo a su libérer la parole de nombreuses femmes à travers le monde. Au Vietnam, bien qu’il se développe de plus en plus, les victimes se voient encore souvent refuser justice et sécurité.
Au Vietnam aussi, le movement #MeToo prend de l’ampleur ảnh 1Le "hashtag" #MeToo à l’origine du mouvement mondial galvanisant la parole des femmes victimes d’harcèlement sexuel prend de l’envergure.

Photo: AFP/VNA/CVN


Dans le sillage de l’affaire Weinstein, le hashtag #MeToo libérant la parole des victimes d’agressions et de harcèlement sexuels a rapidement pris une dimension virale sur les réseaux sociaux. Il appelle à briser l’omerta et rapporte des témoignages allant du sexisme quotidien et du harcèlement de rue aux agressions sexuelles.

L’histoire de Loan, habitante de Quang Tri (Centre), n’est pas un cas isolé. La jeune femme s’est rendue à la police de quartier afin de porter plainte pour harcèlement sexuel sur son lieu de travail. Après plusieurs heures d’attente, la jeune femme a du faire part d’un compte rendu détaillé des faits perpétrés par son collègue. L’homme s’en sortira avec une amende de 200.000 dôngs.

Absence de loi

Lors d’une entrevue privée accordée au journal en ligne Vnexpress, la jeune femme raconte: "Je n’en revenais pas. J’ai vraiment été sous le choc", partage la comptable de 30 ans, la voix remplie d’amertume. "J’ai abandonné mon honneur pour révéler un crime dont j’ai été victime et demander justice". Pour Loan, la sanction symbolique subie par son agresseur ne fait qu’enfoncer le couteau dans la plaie.

Les investigations policières ont montré qu’à la fin du mois de juin 2018, un collègue masculin s’était en effet introduit dans le bureau de Loan pour lui demander un "baiser”. Face au refus de la jeune femme, il l’avait alors agressé. La police avait identifié des marques et des bleus sur le visage et les lèvres de Loan, causés par le collègue en question, mais aucune trace de lutte n’étaient visibles sur le lieu de l’agression, ni aucun signe de vêtements déchirés. Ils ont ainsi simplement conclu à "un acte non sexuel dont le but était simplement de taquiner", résultant ainsi en une amende de 200.000 dôngs.

Loan a déclaré que ce genre de punition, non seulement ne dissuadait en rien les agresseurs mais au contraire, créait l’effet inverse et décourageait les femmes à dénoncer les crimes dont elles sont victimes. "Elles vont naturellement penser à deux fois avant de signaler leur agression si elles doivent faire face à autant de préjudice, pendant que l’auteur du délit lui, s’en sort de manière quasiment indemne. C’est une épreuve difficile à surmonter", s’étrangle-t-elle.

"Je pense que cette condamnation est complètement risible. C’est se moquer ouvertement de la victime", déclare à la presse la directrice de l’Institut pour les études de développement social, Khuât Thu Hông. Et d’ajouter "Cela ne protège ni ne garantit en rien ni la sécurité ni l’honneur de la victime contre ce genre de harcèlement".

Nguyên Anh Thom, de l’Association des avocats de Hanoï, constate qu’une amende de 200.000 dôngs est bien trop clémente et trahit une faille du système car il n’existe aucune clause encadrant le harcèlement sexuel de manière légale. À l’heure actuelle, le harcèlement équivaut généralement à un acte incriminant à l’honneur d’autrui, entraînant une amende de 100.000 à 300.000 dôngs.

Thom a également déclaré que le harcèlement sexuel était en hausse au Vietnam. Il s’agit d’une pratique répandue et banalisée notamment sur le lieu de travail ainsi que dans les espaces et les transports publics. Des études ont mis en lumière le problème du harcèlement sexuel dans la vie quotidienne des Vietnamiennes. Dans le rapport de 2014 de l’ONG Action Aid, il a été démontré que 87% des femmes interviewées ont déjà été victime d’harcèlement sexuel au moins une fois dans des espaces publics ou sur leur lieu de travail.

Dans un pays où les discussions autour de la sexualité restent encore un sujet plus ou moins tabou, la parole des femmes victimes d’abus sexuels, elles, se libèrent. Ces dernières partagent de plus en plus leurs histoires sur les réseaux sociaux sous les "hashtags" #ngungimlang (stop au silence) et #MeToo.

Malgré une sensibilisation et une prise de conscience grandissantes du public envers le harcèlement sexuel, rares sont les victimes qui obtiennent justice au Vietnam, et de nombreuses femmes croient que #MeToo est voué à l’échec à cause de la culture du "victim blaming" (blâmer la victime), qui persiste à ce jour dans le pays.

Préjudice culturel

Loan raconte qu’au lendemain de sa déposition "des rumeurs ont commencé à circuler à mon égard, que j’étais sa maîtresse et qu’il ne pouvait plus satisfaire mes demandes et que c’était pour ça que j’avais imaginé cette histoire de toute pièce". La comptable explique que ses collègues ne lui ont plus adressé la parole du jour au lendemain. "Certaines d’entre-elles sont même allées jusqu’à me traité ouvertement de menteuse et de fille de petite vie".

Loan s’attendait à des critiques de la part de la sphère publique une fois que son histoire avait été apportée à l’attention des autorités, mais jamais partage-t-elle, elle ne s’était attendue à une telle réaction de la part des femmes. Après l’incident, la jeune comptable a dû prendre deux semaines de congés et s’est isolée chez elle, frôlant la dépression.

Khuât Thu Hông confirme que la culture du "victim blaming", à l’instar de nombreux autres pays dans le monde, existe bel et bien au Vietnam. "La société en général et vietnamienne en particulier, a tendance à penser que la victime a certainement dû provoquer la situation et qu’elle est en somme responsable de ce qu’il lui arrive". À cause de ce préjudice, nombreuses sont les victimes qui n’osent pas élever la voix de peur de se voir pointer du doigt par leurs familles, leur amis, leur collègues et par la société en général.

"Je pense qu’il s’agit de l’obstacle le plus important à la prévention du harcèlement sexuel au Vietnam", partage Hông. L’autre obstacle majeur est également d’ordre juridique selon un rapport de 2017 de l’ONU. Le harcèlement sexuel n’est en effet pas encore encadré par la loi. Les officiers de police admettent ne pas pousser les investigations pour protéger l’honneur de la famille si la victime ne porte aucun signes de blessures physiques ou de vêtements déchirés.

Loan est retournée travailler depuis et a changé de département afin d’éviter tout contact avec son agresseur. "Honnêtement, je n’ai plus confiance en moi, et j’ai constamment peur. Je me crispe à chaque fois que quelqu’un passe à côté de moi, mais c’est la vie. Il faut bien que je travaille. C’est une bonne chose qu’il me reste encore une poignée de collègues qui me soutiennent …", dit-elle.

Malgré ces obstacles et défis, Hong reste optimiste et confiante en l’avenir du mouvement #MeToo. "La route est longue et semée d’embûches, mais je pense que #MeToo et #ngungimlang vont continuer de se développer. La prise de conscience est là et continuera son essor au sein de la population. La société vietnamienne est sur la bonne voie", exprime-t-elle. - CVN/VNA

source

Voir plus

La structure a été calculée pour résister au vent et renforcée par des câbles afin d'assurer une solidité et une sécurité optimales. Photo : VNA

Un sapin de Noël de 35 mètres en chapeaux coniques illumine Dong Nai

Ces derniers jours, des milliers d'habitants et de touristes de la province de Dong Nai et des localités avoisinantes ont afflué vers la paroisse de Ha Phat (ville de Biên Hoa) pour admirer un sapin de Noël monumental. Haut de 35 mètres, cet ouvrage unique est entièrement assemblé à partir de 3 000 chapeaux coniques. Au-delà de son envergure impressionnante et de son originalité, cet ouvrage met à l'honneur les valeurs culturelles traditionnelles, devenant une attraction majeure à l'approche des fêtes de fin d'année.

Des travailleurs apprennent le sud-coréen avant de partir travailler à l'étranger. Photo : VNA

Migration : l’OIM encourage le Vietnam à devenir un pays champion du GCM

Au cours des cinq dernières années, le Vietnam a fait preuve d’un engagement constant et résolu en faveur du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières (GCM), en répondant de manière proactive aux défis migratoires émergents, a déclaré Kendra Rinas, cheffe de mission de l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM) au Vietnam.

Photo d'illustration.

Hô Chi Minh-Ville vise près de 200 000 logements sociaux d'ici 2028

Le Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville, en étroite coordination avec le ministère de la Construction, a organisé le 18 décembre une conférence visant à sensibiliser les acteurs du secteur à la mise en œuvre de la résolution 201/2025 de l'Assemblée nationale.

Les forces d'autodéfense de l'usine de tricot Dông Xuân s'entraînent à la technique de combat. Cette unité a contribué, avec l'armée et la population de la capitale, à abattre 5 avions américains. Photo d'archives de la VNA

Hanoï - Diên Biên Phu aérien : Victoire de la bravoure et de l'intelligence vietnamiennes

Durant douze jours et douze nuits, du 18 au 30 décembre 1972, l’armée de l’air américaine lança une campagne d’une ampleur sans précédent dans l’histoire des guerres en Indochine, déployant des bombardiers stratégiques B-52 contre Hanoï, Hai Phong et plusieurs grandes villes du Vietnam, dans le but déclaré de « ramener le Nord à l’âge de pierre ».
Faisant preuve de courage, de résilience, de créativité et d’une étroite coordination, l’armée et la population du Nord abattirent 81 avions ennemis, dont 34 bombardiers B-52. Cette victoire retentissante dans le ciel de Hanoï mit un terme à l’escalade militaire américaine, déjoua la stratégie de « négociation en position de force » et contraignit les États-Unis à signer les Accords de Paris, ouvrant la voie à la fin de la guerre et au rétablissement de la paix au Vietnam et en Indochine.

Délégués au séminaire sur la promotion de l'égalité des sexes dans le secteur public. Photo: VNA

Le premier indice pilote d’égalité des sexes se dévoile dans le secteur public à Hanoi

Organisé par l’Académie nationale de politique Hô Chi Minh-Ville (HCMA), en collaboration avec l’ambassade d’Australie au Vietnam par l’intermédiaire du Centre Vietnam-Australie (VAC), cet événement visait à présenter et à discuter les conclusions d’une étude portant sur l’élaboration d’un outil d’évaluation spécialisé pour mesurer l’égalité des sexes dans le secteur public, couvrant à la fois les administrations centrales et les collectivités territoriales.

63 citoyens vietnamiens sont rapatriés par les autorités cambodgiennes. Photo : VNA

Rapatriement de 63 ressortissants vietnamiens remis par les autorités cambodgiennes à Dong Nai

Le commandement des gardes-frontières de la province de Dong Nai, en coordination avec le poste-frontière international de Hoa Lu et les autorités compétentes, a accueilli, le 17 décembre, 63 citoyens vietnamiens remis par le Cambodge, dont 42 personnes ayant réussi à s’échapper d’un centre d’escroquerie en ligne situé dans la province cambodgienne d’Oddar Meanchey.

Délégués à l'événement. Photo: VietnamPlus

Le Vietnam renforce la justice adaptée aux mineurs avec ses partenaires internationaux

Le Bureau international chargé de la lutte contre les stupéfiants et de l'application des lois (INL) du Département d’État américain, l’Organisation internationale pour les migrations (IOM) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) ont organisé un atelier d’évaluation marquant l’achèvement du cadre de coopération pour la période 2021 - 2025, avec des résultats importants dans le renforcement du système de justice pour les mineurs au Vietnam.

Photo d'illustration

Le Vietnam déploie un plan de renforcement des langues étrangères

Le vice-Premier ministre Le Thanh Long a signé, le 16 décembre 2025, la Décision n° 2732/QD-TTg approuvant le projet « Renforcement de l’enseignement et de l’apprentissage des langues étrangères pour la période 2025–2035, avec une vision à l’horizon 2045 ».