Bac Ninh (VNA) Jadis, les habitants du delta du Mékong avaient l’habitude de décorer leur maison à l’occasion du Têt traditionnel avec des estampes populaires de Dông Hô en souhaitant la paix et le bonheur. Pour cela, les images de Dông Hô firent partie de la vie des Vietnamiens de plusieurs générations et ont été reconnus, par l’Etat, patrimoine culturel immatériel du pays.
Préservation de la beauté des estampes de Dông Hô
L’art populaire des estampes de Dông Hô date du 17e siècle, du village éponyme, commune de Song Ho, district de Thuân Thanh, province Bac Ninh (Nord). En 1945, le village comptait 17 lignées fabriquant des estampes, désormais il n’en reste que deux qui pratiquent encore ce métier, celles des artisans Nguyên Huu Sam et Nguyên Dang Chê. Ils ont le grand mérite de préserver ce métier et plus de 1.000 planches de gravure de bois et ont restauré 500 autres.
"L’amour pour les estampes de Dông Hô coulent dans nos veines et cet artisanat est une fierté familiale", a confié Nguyên Huu Qua, fils du feu artisan Nguyên Huu Sam. Lui et ses frère et sœur, Nguyên Thi Oanh et Nguyên Huu Hoa, ont conjugué leurs efforts pour créer de nouvelles versions inspirées de la vie contemporaine depuis les 500 gravures de bois laissées par leur père.
Les estampes sont fabriquées en papier traditionnel "dó" (rhamnoneuron balansae) badigeonné de nacre (diêp). Le "dó" est à la fois poreuse, douce, mince, résistante et absorbante. L’encre y entre facilement sans déborder de ses contours. Sur ce papier, on met une couche de nacre mêlé à de la poudre de riz pour lui donner un éclat irisé.
La technique s’est transmise de génération en génération. Les planches de bois ont été gravées au ciseau dans des essences différentes selon le résultat recherché. Il en faut une par couleur. Les feuilles sont teintées en couleurs naturelles telles que sève de sumac, obier ou hibiscus pour le rouge, vert de gris, aiguilles de pin et coquilles d’huîtres écrasées pour le vert, cendres de paille de riz et de feuilles de bambous brûlées pour le noir, pousses de sophora pour le jaune, nacre moulue pour le blanc … afin d’éviter la décoloration rapide des estampes.
Selon Nguyên Huu Hoa, artisan du village de Dông Hô, les images de Dông Hô étaient autrefois les tableaux du Têt traditionnel car les artisans ne les créèrent à l’occasion du Nouvel An lunaire. Les habitants avaient le plaisir de décorer leur habitation par ces images en souhaitant une nouvelle année prospère et de bonheur.
À l’approche du Têt traditionnel, le village s’anime et le marché, ouvert pendant cinq jours au 12e mois lunaire, permet aux habitants d’acheter des estampes à coller sur les maisons en espérant attirer ainsi bonheur et prospérité pour la nouvelle année. Les œuvres comme "Cueillette des noix de coco ", "Scène de jalousie", "Mariage des souris "… reflètent avec réalisme les us et coutumes campagnards, le travail agricole, les activités quotidiennes ou encore la beauté des paysages du pays.
D’autres thèmes historiques tels que les deux Sœurs Trung, le Saint Giong, le héros national Ngô Quyên, les personnages littéraires tels que Kiêu ou Thach Sanh… ou un ensemble de quatre panneaux verticaux à décor de fleurs des quatre saisons… inspirent également les estampes….
Les estampes de Dông Hô dans la vie moderne
Ces dernières années, le village de Dông Hô a accueilli un grande nombre de touristes étrangers qui viennent visiter ce petelin et acheter ses estampes populaires comme souvenirs. Cela a encouragé les familles d’artisans à préserver et à développer cet art ancestral.
Les estampes de la famille de l’artisan Nguyên Huu Sam ont été exposées aux États-Unis et de nombreuses commandes, totalisant 500 tableaux, ont été passées à la famille. L’entreprise de l’artisan Nguyên Dang Chê a obtenu également des commandes à la destination des États-Unis et du Japon.
Un bon signe : un centre de préservation des images de Dông Ho a été créé, situé au sein de l’atelier de la famille de l’artisan Nguyên Dang Chê. Il expose des milliers d’images de Dông Hô, et les touristes peuvent essayer de fabriquer des estampes avec l’aide des artisans locaux. Un circuit touristique au départ du district de Thuân Thanh, comprenant la pagode Dâu – pagode But Thap – village d’estampes de Dông Hô a aussi été mis en place, attirant de nombreux touristes.
La société a conçu des boîtes contenant les estampes, distribué des dépliants présentant la fabrication, les matières de fabrication et la signification de chaque tableau est traduite en vietnamien et en anglais en vue d’aider les touristes à mieux découvrir les images folkloriques vietnamiennes.
Comme les artisans du village sont tous âgés et peu nombreux, le métier est menacé de disparaître faute de jeunes artisans. Le Vietnam est en train d’achever un dossier à soumettre à l’UNESCO pour l’inscription de ce fleuron de l’artisanat national sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité nécessitant une sauvegarde urgente. – VNP/VNA