Pour bénéficier d’un développement durable, le secteur agricole devra se restructurer pour augmenter la valeur ajoutée de ses produits et employer les hautes technologies. Avis de spécialistes.

Résoudre les trois défis du secteur

Vuong Dinh Huê, président de la Commission de l’économie du Comité central du Parti communiste du Vietnam.

Afin que le secteur agricole réalise des progrès très rapidement, nous devons résoudre trois défis. Premièrement, c’est la formation d’agriculteurs modernes et professionnels dans une conjoncture où les revenus des travailleurs agricoles sont de plus en plus faibles. Deuxièmement, développer une agriculture moderne et compétitive, ce qui implique de grandes exploitations, alors que le foncier est morcelé ou les régions agricoles insuffisamment vastes. Troisièmement, le secteur a besoin d’importants investissements pour se moderniser, mais il n’est pas attractif pour les investisseurs en raison de son faible rendement et de ses risques élevés actuels.


Durant la mise en œuvre de cette restructuration, il nous faudra prêter attention à trois tâches que sont réorganiser l’emploi cultural du foncier, réétudier la structure des cultures, et revoir la structure des participants à la chaîne de production agricole. Sur ces trois points, je veux souligner l’importance essentielle du premier. En effet, la réalité démontre que chaque région du pays, avec son rôle économique et ses conditions climatiques et pédologiques spécifiques, possède des points forts différents en matière de production agricole. Par conséquent, des modèles de production agricole spécifiques à chaque région sont nécessaires. Nous devons alors clairement élaborer des politiques, des stratégies et des programmes de développement de modèles de production appropriés à chaque région pour en exploiter au mieux les avantages.

De premiers résultats encourageants

Nguyên Dô Anh Tuân, directeur adjoint de l’Institut des politiques et des stratégies pour le développement agricole et rural.

Le programme de restructuration du secteur agricole a été approuvé par le gouvernement fin 2013. En 2014, les résultats enregistrés sont positifs. La croissance du secteur a atteint 3,49 % l’année dernière, la plus élevée de ces dernières années pour lesquelles elle s’établissait à moins de 3%, et les exportations de produits agricoles ont battu un record avec 30,8 milliards de dollars pour une croissance de 11,2% en un an.

Je pense que la mise en œuvre du programme de restructuration est en bonne voie. Nous nous consacrons à exploiter pleinement nos produits phares et ceux qui sont compétitifs, à développer nos débouchés, et à privilégier la qualité plutôt que la quantité de produits bruts uniquement. Mais le plus important, c’est d’augmenter les rendements et donc les revenus des agriculteurs. Nous devons aussi multiplier le modèle de grandes exploitations rizicoles qui connaît actuellement un franc succès dans le Delta du Mékong. Nous devons aussi généraliser les coopératives agricoles et les fermes d’élevage.

Vers une agriculture de haute technologie

Trân Duc Viên, directeur de l’Institut de l’agriculture du Vietnam.

Ces dernières années, alors le pays s’intègre plus profondément à l’économie mondiale, l’agriculture vietnamienne s’est trouvée confrontée à plusieurs défis. En effet, la croissance actuelle du secteur dépend principalement de facteurs quantitatifs comme l’augmentation des superficies culturales, le recours à une main-d’œuvre abondante, etc. Le secteur n’a pas engagé un nouveau processus pour son essor.

Je pense que la restructuration agricole - une tâche majeure et inévitable - doit passer par des politiques incitatives à l’application des sciences et des technologies à la production et au traitement afin de réduire les coûts de revient et donc relever la compétitivité de ses produits sur les marchés domestique et étranger. Parallèlement, les superficies agricoles doivent être réaménagées pour créer des régions de cultures spécifiques au service d’une production d’envergure. Par ailleurs, actuellement, la production des agriculteurs dépend trop des possibilités de commercialisation des produits. Le secteur devra donc définir des plans de développement de cultures sur le long terme en mesure de s’adapter aux évolutions du marché pour éviter des pertes aux agriculteurs.

Améliorer la compétitivité des produits agricoles

Chu Tiên Quang, de l’Institut central d’études et de gestion de l’économie.

La restructuration devra privilégier l’élévation de la compétitivité et le développement durable. D’ici à 2020, le secteur devra réorganiser ses régions culturales et d’élevage. Les plantes, le bétail et les volailles en mesure d’être compétitifs seront développés, ceux de moindre rendement ou compétitivité seront remplacés progressivement.

Dans l’immédiat, je pense qu’il faut développer des zones de grande production de riz, de café, de caoutchouc, de thé, de crevettes et de poissons pour l’export. Une évolution des méthodes culturales est également nécessaire : les exploitations agricoles aux pratiques traditionnelles doivent être regroupées pour former des coopératives agricoles, des associations de producteurs, etc. D’ailleurs, durant ce processus de restructuration qui se poursuivra jusqu’en 2020, le secteur devra avoir mis en place des assurances agricoles pour limiter les conséquences des calamités naturelles et des épizooties. -CVN/VNA