La position des Etats-Unis au regard du règlement des effets de l'agent orange/dioxine au Vietnam a connu une évolution.

C'est ce qu'a déclaré Trân Xuân Thu, vice-président et secrétaire général de l'Association des victimes de l'agent orange/dioxine du Vietnam (VAVA), lors d'une récente interview accordée à l'Agence vietnamienne d'Information (AVI) sur la coopération des Etats-Unis en ce domaine.


Cette interview a été donnée la veille de la 3e audience sur l'agent orange/dioxine afin d'examiner les méthodes susceptibles de répondre aux demandes des victimes vietnamiennes et de ceux touchés par ce produit chimique toxique, laquelle sera organisée le 15 juillet prochain par la Chambre des représentants américaine.


Cette audience est une initiative du congressman Eni F. H. Faleomaveaga, président du sous-comité de l'Asie-Pacifique et de l'environnement mondial du Comité des affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine.

Les efforts des quatre acteurs en présence au regard du problème de l'agent orange, lesquels sont les gouvernements vietnamien et américain, le Groupe de dialogue vietnamo-américain, la VAVA et la lutte commune des peuples progressistes dans le monde entier, ont contribué à faire évoluer le comportement des Etats-Unis dans sa coopération, a affirmé Tran Xuan Thu.


Il s'agit d'une modeste évolution, cependant d'un bon début, a-t-il souligné. D'abord, les Etats-Unis, y compris les hommes politiques, ont reconnu les victimes de l'agent orange et ont engagé un dialogue avec celles-ci, au lieu de les considérer comme de simples infirmes.


Ensuite, ils se sont efforcés de présenter les mesures et moyens scientifiques pour régler ce problème, tout en évaluant le coût pour la décontamination de Da Nang (Centre), un des sites les plus lourdement pollués du Vietnam, a-t-il poursuivi.


Le Groupe de dialogue vietnamo-américain a défini en juin dernier un plan d'action de 20 ans dont le coût est estimé à 300 millions de dollars, lequel accorde une priorité aux victimes et à l'environnement.


Au nom des 3 millions de victimes de l'agent orange/dioxine, la VAVA a remercié ce groupe pour son travail assidu en vue de régler définitivement les problèmes causés par ce défoliant, et ce non seulement pour des raisons humanitaires mais aussi dans la volonté de développer les relations de coopération entre les peuples des deux pays.

Pour conclure, M. Thu a considéré que ce programme de 300 millions de dollars est pour le Vietnam une grande signification, matérielle comme spirituelle, dans la double mesure où celui-ci demeure un pays en développement et où les besoins des victimes sont tout à la fois énormes et pressants.


Cela dit, pour la VAVA, ce programme ne peut être qu'un début car il est loin, en l'état actuel, de satisfaire à un règlement total de la situation, qu'il s'agisse des êtres humains comme de l'environnement. Par ailleurs, les victimes attendent que ce programme soit mis en oeuvre rapidement.

Charles Bailey, directeur de l'Initiative spéciale de la Fondation Ford sur l'agent orange/dioxine, et Susan Berresford, ancienne présidente de la Fondation Ford, ont confirmé que les effets de l'agent orange/dioxine peuvent être réglés. Il s'agit toutefois d'un problème complexe qui nécessitera un financement conséquent, le gouvernement américain ainsi que les autres bailleurs de fonds ayant un rôle essentiel sur ce plan.


Le sénateur Thomas Harkin, président du Comité sur la santé, l'éducation, le travail et les allocations retraite du Sénat américain, actuellement au Vietnam depuis début juillet, a déclaré partager les souffrances comme les pertes endurées par les victimes de l'agent orange vietnamiennes.


Il considère que son pays doit tenir le règlement du problème de l'agent orange comme un devoir moral, et ceux qui en sont à l'origine, comme une responsabilité, et ce d'autant plus que l'agent orange a également frappée nombre de familles américaines.


Les audiences sur l'agent orange/dioxine au Vietnam de la Chambre des représentants américaine, du Tribunal d'opinion internationale pour les victimes vietnamiennes de l'agent orange/dioxine, ainsi que la lutte perpétuelle des peuples progressistes du monde entier, ont contribué à un fort soutien de la cause de ces victimes dans leur quête de justice.


Le congressman Eni F. H. Faleomaveaga a proposé l'organisation puis présidé deux audiences sur l'agent orange/dioxine au Vietnam, lesquelles ont eu lieu en mai 2008 et en juin 2009.


Contrairement aux deux précédentes, la troisième audience prévue le 15 juillet verra pour la première fois des représentants de la VAVA et des victimes de l'agent orange vietnamiennes.


Il s'agit du médecin Nguyên Thi Ngoc Phuong, vice-présidente de la VAVA, et de Trân Thi Hoan, une victime qui est étudiante à l'Université des langues étrangères et d'informatique de Hô Chi Minh-Ville.


Les représentants de la VAVA et les 3 millions de victimes vietnamiennes de l'agent orange souhaitent que leur présence lors de cette troisième audience donne une conscience plus aigüe de tous ces problèmes aux Etats-Unis. - AVI