Mais depuis bientôt deux ans, l’áo dài retrouve progressivement saplace, en particulier dans les grandes villes, où l’on peut contempler cettefameuse tunique portée par les jeunes filles, les dames, et parfois même leshommes. Néanmoins, les coupes et les styles ne sont plus les mêmesqu’autrefois, ce qui provoque de grandes discussions entre les créateurs demode.
Entre tradition et modernité
L’áo dài «traditionnel» se caractérise surtout par ses coupes trèsétroites au cou, aux épaules, à la poitrine et à la taille. Il se distingueaussi facilement par ses longues manches et ses deux pans descendantjusqu’au-dessus des chevilles, en-dessous desquels on porte habituellement unpantalon souple et fin. La soie est le textile le plus répandu pour laconception de l’habit.

«Il n’y a aucune formule spécifique pour la mode, mais la combinaison de latunique avec la vay dup et les shorts est inadmissible !», s’emporte lastyliste Lan Huong. Des propos que la styliste Xuân Thu approuve : «L’avènementdes áo dài modernisés illustre en partie la déchéance esthétique de lapopulation. Les pans peuvent être plus courts, mais les pantalons doivent êtreconservés».
Nguyên Ngoc Phuong Dông, anthropologue aux États-Unis, précise que pour le portde l’áo dài, le pantalon était imposé durant le règne du seigneur NguyênPhuc Khoat (1738-1765). Celui-ci n’est devenu obligatoire au Nord du Vietnamuniquement durant le règne de l’empereur Minh Mang (1829-1841).
S’adapter à la vie de tous les jours
Hormis les valeurs plus ou moins traditionnelles, les Vietnamiens, hommes etfemmes, jeunes et moins jeunes, préfèrent plutôt que la modernisation des áodài soit adaptée à leur quotidien. Pour Nguyên Phuong Liên, avant dedemander à ses enfants de porter le costume dans sa version traditionnelle oumoderne, le plus important est qu’ils apprécient de le revêtir. «Ma fillen’aime pas le pantalon, elle a donc opté pour la robe», partage-t-elle.
La célébrité Ngoc Quy précise que si la sauvegarde des traits culturels estimportante, il ne faut pas être trop rigide à l’égard des changements. Pourl’animatrice Phuong Thao, la pratique prévaut tout : «J’aime porter l’ áodài pendant les fêtes et les grands événements, mais aussi au quotidien.Néanmoins, il faut bien reconnaître que l’ áo dài traditionnel n’est pas trèsconfortable».
Par ailleurs, les historiens ont aussi démontré que l’áo dài «traditionnel»était aussi le fruit des changements des mœurs. Trân Thanh Truc, membre dugroupe des militants Dai Viêt Cô Phong, raconte que l’áo dài «traditionnel»- avec de longs pantalons et des coupes étroites - était autrefois interdit.
«L’áo dài modernisé de ces dernières années n’est pas un phénomène nouveau»,indique Nguyên Ngoc Phuong Dông en montrant un dessin de l’áo dài portéavec la vay dup daté du XVIIIe et exposé au Musée national del’histoire du Vietnam. Le style «traditionnel» est en fait le fruit du travailde créateurs de mode occidentaux, repris ensuite par le modéliste Cat Tuongdurant les années 1930. «Je trouve que l’ áo dài modernisé, plus court etplus souple, dégage une forte dynamique et se rapproche de la version originale»,confie-t-il.
«La mode change sans cesse, dit l’animatrice Hoàng Oanh. Mais cesnouveaux aspects doivent s’ajuster aux limites de l’habit pour ne pas délaisserles traits culturels traditionnels. Adapter le style vestimentaire pour chaqueévènement est la meilleure solution», conclut-elle. – CVN/VNA