Bac Ninh (VNA) – Sur les rives de la poétique rivière Câu se trouve un petit bourg qui a su conserver la beauté originelle et l’ambiance paisible des villages du Nord. C’est de là que proviennent des poteries connues dans tout le pays, du nom de ce village auquel elles donnent sa réputation: Phù Lang.

A Phu Lang, des poteries qui ont de l’allure hinh anh 1Des produits du village de la céramique de Phù Lang. Photo : CVN


L’ambiance printanière imprègne les chemins du village de Phù Lang, situé dans le district de Quê Vo, province de Bac Ninh (Nord). Des camions chargés de poteries essaiment en direction des grandes villes, où les habitants s’apprêtent à décorer leur maison pour la plus grande fête traditionnelle du Vietnam: le Têt. C’est que les jarres, les tasses minutieusement ornées et surtout les grandes fresques en céramiques créées par les mains habiles des potiers de Phù Lang sont devenues indispensables aux maisons vietnamiennes pour le Nouvel An.

Poteries uniques

Ici, les artisans se sont transmis les techniques de fabrication ancestrales, qui signent l’originalité de leurs œuvres, bien différentes de celles des autres villages de poterie du Vietnam. Selon Nguyên Minh Ngoc, propriétaire de l’atelier de poterie Ngoc, "la particularité de la poterie de Phù Lang est que les produits sont fabriqués à partir d’argile rouge, avec un émail brun et jaune foncé".

C’est aussi la singularité des produits de Phù Lang par rapport à ceux de Thô Hà (province de Bac Giang, Nord) qui se font à partir d’argile verte, ou à ceux de Bat Tràng, en banlieue de Hanoi, confectionnés avec de l’argile blanche.

De plus, si la céramique de Bat Tràng est réputée pour la diversité et la qualité de ses émaux, celle de Phù Lang est appréciée pour sa rusticité. "La terre et la cuisson décident de la qualité des produits. La terre argileuse est abondante chez nous, mais les critères de sélection sont stricts (telle profondeur, telle région…) afin de garantir la rusticité des produits", a expliqué M. Ngoc. Le potier utilise différentes techniques de façonnage de la pâte, qui peuvent être combinées, pour obtenir la forme désirée.

À Phù Lang, comme la plupart des produits sont des jarres ou des récipients, les artisans pratiquent encore le tournage à la main pour modeler la terre. Une technique très ancienne mais aussi l’une des plus difficiles à maîtriser. "J’exerce ce métier depuis longtemps. Le façonnage exige des mains habiles. En général, cette étape est réalisée par les femmes. Je travaille pour plusieurs ateliers et façonne toutes sortes de produits. Pour les grands objets, ça prend plus de temps. Mais avec de l’expérience, tout est facile", a confié l’artisane Nguyên Thi Nga.

Les jeunes du village, héritiers du savoir-faire de leurs parents, manifestent également de la passion pour ce métier. Ils aiment dessiner, graver et créer des images sur les produits. Une fois décorés, ceux-ci seront émaillés. L’émail de Phù Lang est bien différent de celui de Bat Tràng. Il résulte d’un savant mélange de cendre d’une plante forestière, de chaux, de poudre de pierre et de boue d’alluvion.

Tradition créative

A Phu Lang, des poteries qui ont de l’allure hinh anh 2Une poterie prend forme sous les mains habiles d’une artisane de Phù Lang. Photo : CVN

 

Les produits semi-finis sont empilés dans un four pour la cuisson au feu de bois. Les produits finis auront ces couleurs brunâtre, jaunâtre et jaune foncé, qui font l’originalité et permettent de reconnaître facilement les poteries de Phù Lang. Outre des décorations traditionnelles comme lotus ou paysages ruraux, les artisans tentent aussi de nouveaux motifs, pour s’adapter aux goûts des consommateurs. C’est ainsi que les fresques en céramiques ont vu le jour, preuve de la dextérité et la créativité de la nouvelle génération d’artisans de Phù Lang. 

"J’exerce ce métier depuis cinq à sept ans. Avant, je travaillais à la fois dans les champs et dans les ateliers de poterie. Pour ce métier artisanal, il faut être minutieux. Le sens esthétique, l’habileté et la créativité de chacun sont aussi importants, surtout quand notre atelier cherche à diversifier les produits comme les fresques en céramiques", a confié l’artisan Nguyên Van Biên.

"Pour les villages artisanaux du Vietnam, la préservation et le développement du métier ancestral est toujours problématique. Les jeunes artisans, comme nous, avons la chance de suivre des études dans des écoles des beaux-arts où nous pouvons acquérir de nouvelles connaissances pour renouveler et diversifier les produits locaux. En outre, je participe à  diverses expositions, en vue de présenter le plus  largement possible la poterie de Phù Lang", a précisé M. Ngoc.

Apparu au XIIIe siècle, ce métier ancestral du pays des chants alternés (quan ho en vietnamien) continue à être préservé au fil du temps, grâce aux efforts sans relâche des artisans du village. La poterie de Phù Lang a rencontré d’énormes difficultés tout au long de son histoire mouvementée. En effet, il y a des périodes où les produits de ce village ont failli perdre leur place dans le quotidien des Vietnamiens.

Mais la volonté des artisans, surtout ceux de la jeune génération, a contribué à sauvegarder ce métier séculaire, et même à lui insuffler une nouvelle jeunesse. – CVN/VNA