Hanoï (VNA) - Située au pied de la montagne Tan Viên, lacommune de Ba Vi est la seule localité de Hanoï peuplée de Dao. Depuisjadis, l’herboristerie représente pour cette ethnie minoritaire unesource de revenu importante. Mais aujourd’hui, ce métier fait face à denombreux défis.
Lechemin à travers la canopée verte de la forêt nous a amené au villagedes Dao de Yên Son, dans la commune de Ba Vi, à Hanoï, un berceau del’herboristerie.
Après près de 15 ans defusion avec la capitale, les infrastructures de transport de Ba Vi ontété modernisées de manière de plus en plus synchrone, rendant lesdéplacements des habitants locaux plus simples.
Faire fortune grâce aux remèdes traditionnels
Assisedans une grande maison confortable, Duong Thi Hiên, de l’ethnie Dao,prépare des remèdes traditionnels pour des clients venus de lacapitale. Chaque jour, son mari et ses deux enfants partent en forêtramasser des feuilles. Elle reste à la maison pour les transformer enremèdes. Occupés toute l’année par ce travail, ils ont tout de même puconstruire une nouvelle maison, grâce aux efforts de la famille durantdes années de dur labeur.
Comme Mme Hiên, de nombreux habitants locaux vivant au pied de la montagne TanViên ont vu leur vie s’améliorer grâce au métier traditionneld’herboriste qui a été préservé pendant des centaines d’années.
LyVan Phu, un herboriste de Yên Son, fait savoir qu’en raison de lasuperficie limitée des terres agricoles du village, les revenus de laplupart des Dao dépend des herbes médicinales.
Dansla commune de Ba Vi, en dehors de Yên Son, ce métier s’est égalementdéveloppé dans les villages de Hop Son et de Hop Nhât au sein del’ethnie Dao.
“Les plantes médicinalesont apporté un revenu important aux résidents locaux, aidant denombreuses familles à sortir de la pauvreté”, partage Lang Van Hà, président du Comité populaire de la commune de Ba Vi.
Audébut de 2022, l’ensemble de la commune ne compte que 11 ménagespauvres, soit 1,8% du nombre total de familles. Depuis 2019, elle n’estplus dans la liste des localités en situation d’extrême difficulté.
Risque d’épuisement de matières premières
Au fil des années, l’herboristerie de l’ethnie Dao à Ba Vi fait également face à de nombreux grands défis.
DuongThi Binh, une herboriste de 75 ans, fait ce travail depuis ses 11 ans.D’après elle, avant 1996, les herbes étaient abondantes. Cependant,leur surexploitation, sans mesures de préservation et de développement,a augmenté le risque de disparition.
En1996, le Parc national de Ba Vi a été créé afin de gérer, protéger etdévelopper les forêts naturelles. Depuis lors, les Dao ne sont pluslibres d’aller dans la forêt pour trouver et récolter des plantesmédicinales.
Le secrétaire del’organisation du Parti du village de Hop Son, Duong Trung Thân, informeque depuis les années 1990, de nombreux ménages de l’ethnie Dao ontessayé de cultiver des variétés de plantes médicinales. Cependant, enraison de techniques limitées, leur rendement et leur qualité ne sontpas très élevés.
“Beaucoup de gensdoivent se rendre dans les provinces du Nord comme Hoà Binh, Phu Tho,voire Lang Son ou Hà Giang pour trouver des herbes médicinales”, déclare M. Thân.
Parallèlementà l’inquiétude concernant l’épuisement des matières premières, laprofession de phytothérapeute est également menacée. En effet, dans lacommune de Ba Vi, les herboristes sont pour la plupart très âgés tandisque la jeune génération quitte la commune pour trouver du travail dansla ville ou dans les zones industrielles. Par exemple, l’herboristeDuong Thi Binh a huit enfants. Mais jusqu’à présent, personne n’a reprisl’activité de sa mère.
De plus, ce métiern’attire pas d’investisseurs car l’application des technologies à laproduction est encore très limitée. Le commerce spontané et le manque dechaînes de liaison durables entravent le développement de cesavoir-faire.
Concrétiser les politiques de soutien
Face à cette situation, les habitants locaux essaient de développer ces produits.
Selonl’herboriste Triêu Thi Chinh, de nombreux ménages se sont tournés versla transformation de colle concentrée aux herbes, un produit quiintéresse les consommateurs.
Avec lesoutien des organismes compétents de Hanoï et de Ba Vi, les produitslocaux sont emballés et étiquetés. Ainsi, les clients peuvent facilementretracer l’origine du produit.
Certainshabitants ont accès à des canaux de vente en ligne, à des diffusions endirect et travaillent avec des pharmacies pour écouler leurs remèdesmédicinaux faits maison. L’année dernière, les villages de Yên Son, HopSon et Hop Nhât ont été reconnus par le Comité populaire de Hanoï commevillages d’artisans traditionnels.
D’aprèsLang Van Hà, afin de développer les plantes médicinales, l’État devraitmettre en place davantage de mécanismes et de politiques pour soutenirles habitants en termes de terres agricoles et de techniques deproduction afin que les gens puissent préserver et cultiver des variétésprécieuses de plantes médicinales qui risquent la disparition.
Ilestime également que le développement du tourisme communautaire à Ba Viélargira non seulement les échanges pour les minorités ethniques, maisaussi que de plus en plus de personnes connaîtront les précieusesmédecines traditionnelles, contribuant à préserver et à promouvoir lavaleur de la phytothérapie de l’ethnie Dao.
Ence qui concerne le développement de l’herboristerie de l’ethnie Dao, lechef du Comité des affaires ethniques de Hanoï, Nguyên Tât Vinh,informe que la ville a récemment publié un plan pour mettre en œuvre leprogramme national cible pour le développement socio-économique desminorités ethniques sur la période 2021 - 2025.
Environ2,150 milliards de dôngs (90,76 millions d’USD) seront alloués auxlocalités pour développer la production agricole et forestière ; letourisme ; les métiers traditionnels et les villages artisanaux et laproduction de la chaîne de valeur.
Enoutre, 1.500 milliards de dôngs (63,32 millions d’USD) seront égalementinvestis dans la construction d’infrastructures essentielles pour servirla vie et la production des minorités ethniques, y compris lacommunauté ethnique Dao dans la commune de Ba Vi.
Malgréles défis dans la préservation et le développement, la commune de Ba Viconsidère toujours l’herboristerie comme un secteur économiqueimportant.
“À l’avenir, la localitécontinuera de se coordonner avec les ministères et secteurs concernéspour aider les organisations et les particuliers à étendre les zones dematières premières ; promouvoir la transformation préliminaire afin derépondre aux exigences du marché, contribuant à améliorer les revenus etle niveau de vie des Dao”, affirme le secrétaire du Comité du Parti de la commune de Ba Vi, Duong Trung Tuân. - CVN/VNA