Le village de Uoc Lê conserve encore l'âme vietnamienne dans son architecture, avec des toits de tuiles, des puits anciens, une maison communale et des rizières parfumées... À la différence des trois autres villages célèbres qui sont devenus des sites touristiques comme le village de Duong Lâm, le village de céramique de Bat Tràng, le village de Cuu de Phu Xuyên, le village de Uoc Lê s’est un peu replié sur lui-même et beaucoup de gens ne connaissent que ses délicieux « gio cha », sans connaître vraiment le village lui-même, pourtant symbolique de l’histoire des villages du delta du fleuve Rouge. Photo: Vietnamplus
C’est par un pont arqué de deux mètres de large et de dix mètres de long que l’on entre dans le village. Précédemment, le fossé situé en dessous du pont est une tranchée profonde entourant tout le village, où étaient plantés des arbres de bambous. Cette tranchée fait ainsi office de mur de protection conte les voleurs. Mais ce qui distingue particulièrement ce village des autres est son portique d'entrée. Il délimite véritablement l’espace à l’intérieur duquel se tisse la trame d’une vie communautaire régie par toute une série de règles, aussi tacites qu’immuables. Le portique d'entrée du village était aussi un lieu de garde afin de décourager de toute intrusion. Photo: Vietnamplus
Chaque village possède son propre portique d’entrée, censé refléter son histoire locale. De nombreux portiques d’entrée de village sont considérés comme faisant partie du patrimoine culturel et artistique de la localité. Leur architecture classique reflète la culture de la communauté villageoise et met en avant les traditions de ses habitants. Depuis longtemps, le portique d’entrée du village est bien plus qu’un lieu de passage pour entrer ou sortir. De nombreux villages ont plusieurs portiques d’entrée, correspondant chacun à des directions différentes. Le portique d’entrée du village de Uoc Lê est l’un des plus beaux parmi ceux des anciens villages de la capitale Hanoi. Photo: Vietnamplus
Au fil de l’histoire contemporaine turbulente du Vietnam, il est remarquable qu’un tel portique d’entrée construit lors de la dynastie des Mac (XVIè siècle) soit toujours debout aujourd’hui, témoignant ainsi du courage et de l’immortalité de l’âme des villages vietnamiens. Sur le portique d’entrée du village de Uoc Lê est accroché un panneau en bois portant l’inscription «My Tuc Kha Phong» (Traditions bien appliquées). Cette inscription fut faite à la demande du roi Tu Duc en 1851 alors qu’il voyageait dans le Nord. Le monarque avait accordé cette récompense à six villages de l’ancienne province de Hà Tây, qui fait aujourd’hui partie de Hanoi. Photo: Vietnamplus
Près du portique d’entrée se trouve le marché du village. Niché sous la canopée de vieux arbres, ce marché est l’un des plus vieux endroits du village de Uoc Lê. La plupart des localités rurales au Nord du Vietnam possèdent leur place de marché. Il est généralement appelé «chợ quê», littéralement «marché de campagne». Les habitants locaux y viennent pour acheter des aliments et produits de première nécessité. Ces marchés reflètent parfaitement le lien fort qui unie les villageois entre eux. On vient au marché pour acheter les victuailles du quotidien mais également pour rencontrer du monde et s’enquérir des nouvelles. Photo: Vietnamplus
Uoc Lê est l’un des rares villages à demeurer quasiment intacts au Nord. Il compte en effet toujours tous les éléments d’un village traditionnel typique du delta du fleuve Rouge, avec notamment un portique d’entrée donc mais aussi un banian, un puits, une maison commune et des anciennes maisons en latérite. Après avoir franchi le portique d’entrée en brique à la double toiture de tuiles, les visiteurs seront surpris par l’atmosphère paisible qui règne dans le village. Et cette atmosphère particulière manque certainement à celles et ceux originaires du village mais qui ont migré pour étudier ou travailler. La fête du Têt, moment où tous les Vietnamiens rentrent dans leur famille pour fêter la nouvelle année lunaire, permet à toutes et tous de se remémorer la vie de village, souvent sous le signe de la poésie de l’enfance. Photo: Vietnamplus
De nombreuses anciennes maisons et portes parsèment les ruelles du village de Uoc Lê, quelque unes existant depuis environ une centaine d’années. Cependant, la préservation de ces maisons n’est effectuée que partiellement. La plupart de ces maisons sont dans un mauvais état, ou ont été détruites pour en construire de bien plus modernes. La préservation des anciennes maisons dans les villages en banlieue de Hanoï se heurte à de nombreuses difficultés. Actuellement, l’enjeu majeur est de faire prendre conscience aux habitants de l’importance de la protection de ces maisons, car eux-mêmes ont leurs propres aspirations. Ce qui signifie que préservation doit rimer avec respect des droits et des intérêts des habitants. Photo: Vietnamplus
Quand on parle des maisons traditionnelles des Vietnamiens, on pense immédiatement à celles du delta du fleuve Rouge. La maison est d’une conception très simple avec des briques ou du torchis pour les murs et les cloisons. Elle se dote souvent de trois, cinq ou sept travées. La pièce principale se trouve au milieu de la maison et abrite l’autel des ancêtres; sur les côtés sont aménagées de petites chambres à coucher ou des pièces pour ranger les ustensiles ménagers. D’autres servent à entreposer du paddy et du matériel agricole. La maison principale n’est pas adjacente à la cuisine et aux toilettes. En arrière de la maison, on trouve un petit jardin où l’on cultive des légumes saisonniers. Dans la cour, un bassin recueille l’eau de pluie. Photo: Vietnamplus
L’une des maisons les plus anciennes du village de Uoc Lê est celle de Trang Công Tru (74 ans). Elle date de plusieurs centaines années et a été rachetée par son grand-père. Le devant de la maison est couvert de paravents de bambou et de bois. Ces paravents empêchent le regard direct des visiteurs vers la travée centrale de la maison où se trouve l’autel. Par ailleurs, ils permettent d'atténuer les rayons du soleil pénétrant dans la maison, a-t-il déclaré. Bien que la maison ait subi plusieurs rénovations, seul son sol a été repavé et ses parties en bois sont encore intactes. Photo: Vietnamplus
Lieu de rencontre des villageois jadis, les puits du village de Uoc Lê, grands ou petits, existent toujours. Le puits est aussi très important dans la géomancie du village, où les villageois sont connectés ensemble, un cours d’eau souterrain qui est fortement connecté en chaque personne dans l'ancien pays de «Doài». Le village de Uoc Lê compte six anciens puits qui sont attachés pour l’essentiel à des ouvrages religieux dont la maison communale, les pagodes Sung Phuc, Hau et So. Ces puits sont de forme ronde, avec un diamètre de 7 à 20 mètres. Dans toutes les cultures, le puits a valeur de symbole, revêtant souvent un caractère sacré dans les croyances populaires. Il évoque le mystère, l’abîme, l’enfer, le séjour des morts, mais aussi la vie et son origine, l’abondance. Photo: Vietnamplus
Outre le portique d’entrée, le village de Uoc Lê possède un autre portique qui a été construit très récemment, en 1998. Bien qu'il ait moins de valeur architecturale et historique que le portique d’entrée historique, cela reste un autre symbole du village. Selon le compositeur Nguyên Trong Tao, les portiques d’entrée des villages évoquent les rêves des villageois de chaque génération. Les visiteurs d’un endroit éloigné pourront reconnaître sans trop d’efforts les caractéristiques générales du village hôte en observant la porte. Pendant des milliers d’années, les envahisseurs étrangers ont fait tous les efforts pour assimiler et détruire la culture vietnamienne mais leurs tentatives ont toutes échoué. La culture vietnamienne perdure encore aujourd’hui. Photo: Vietnamplus