«Nattes de jonc de An Xa, chapeaux coniques de Quy Chau», ces quelques mots en disent long sur le métier traditionnel du village d’An Xa (commune Loc Thuy, district Le Thuy, province de Quang Binh). Ses villageois ont dû surmonter bien des difficultés pour conserver ce métier et ils sont déterminés à en faire une activité spécifique de leur village.

Les anciens de An Xa relatent : «Au XVIe siècle, les terres d’An Xa ont été découvertes par un homme nommé Ngo Khai. Celui-ci encourageait les paysans de la région à tresser des nattes de jonc pendant la période creuse. C'est ainsi que ce métier est apparu». Actuellement, la culture du jonc s’est élargie pour atteindre 10 ha et 70 des foyers paysans pratiquent le tressage des nattes avec en moyenne un revenu annuel de 80 à 100 millions de dongs par foyer pour 200 paires de nattes. Il arrive même que certaines familles embaûchent trois à cinq ouvriers pour pouvoir répondre à la demande pendant la saison.

Guidés par M. Bui, chef d’An Xa, nous faisons le tour du village. Le craquètement des métiers à tresser, l’entrain des villageois au travail nous ont fortement impressionnés. Tous entrelaçaient lestement les fils de jonc. Melle Le, une ouvrière expérimentée, nous a confié : « Il y a trois versions de nattes : celles unies, celles imprimées à fleurs et à rayures ». Le tressage demande le travail de deux personnes : une pour accrocher les fils au métier, une pour tresser. Le choix des fils et de leur teinture doit être mené avec soin car ces deux étapes influencent le degré de décoloration des nattes au fil du temps. En vue de valoriser leurs produits, les habitants d’An Xa ont créé la Coopérative des nattes de joncs d’An Xa et acheté trois machines à tresser semi-automatiques. Cette coopérative compte 29 membres, avec des revenus mensuels de trois millions de dongs par personne.

La vente des nattes ne se limite plus à la province de Quang Binh. Elle s’élargit jusqu’aux provinces voisines, surtout pour les marchandises de 1m à 1m60 dont les motifs décoratifs, la coloration sont largement appréciés par les clients.

L’heure est venue pour nous de quitter An Xa. Nous avons compris que ses villageois sont profondément attachés à leur métier. Il suffit simplement de voir leur entrain, d'entendre leurs voix, leurs rires, le claquement des nattes qu’ils nettoient dans les eaux de la rivière Kien Giang pour s'en rendre compte. –VNA