Pour desimples balades à la journée ou des virées de quelques jours, les jeunespréfèrent les sites à vocation récréative. Les seniors ont, eux, ungoût marqué pour les lieux spirituel ou mémoriel. Pour les seconds, ilpeut s’agir de sites historiques, de monuments anciens, mais aussid’édifices commémoratifs comme musées et mémoriaux. L’objectif est devoir de ses propres yeux des lieux qui ont marqué l’histoire du pays, dese replonger dans un passé glorieux, parfois douloureux, pour apprécierdavantage la vie actuelle et les sacrifices des générationsprécédentes.
«Retour aux sources»
Thanh Nga (domiciliée dans l’arrondissement de Ðông Ða, à Hanoi) aréservé, pour ses parents septuagénaires, un circuit de 5 jours justeaprès le Têt à destination de Côn Ðao (province de Bà Ria - Vung Tàu, auSud). «Moi, mon mari et nos enfants sommes allés à Côn Ðao l’étédernier. Sur place, on peut vraiment découvrir et comprendre l’histoirede façon concrète. Ce genre de découverte répond aux aspirations despersonnes âgées comme mes parents», explique-t-elle.
Côn Đao ou Poulo-Condore est un archipel de plusieurs îles, dont laplus grande est la verdoyante Côn Son. Ses nombreuses petites criques,ses plages de sable blanc et les récifs de corail qui la bordent en fontun petit paradis. Mais les colonialistes français en firent un enfersur terre en implantant un bagne de sinistre réputation où périrent desmilliers de prisonniers politiques. Au cimetière des partisans de HàngDuong, reposent plus de 20.000 héros morts pour la Patrie issus detoutes les régions du pays.
Si le Sud regorge delieux mémoriels tels que Côn Ðao (Bà Ria - Vung Tàu), Phú Quôc (KiênGiang), les tunnels de Cu Chi (en banlieue de Hô Chi Minh-Ville) etc.,le Nord n’est pas en reste. Le lieu le plus connu est Pác Bó, dans ledistrict de Hà Quang, province montagneuse de Cao Bang. Un siteétroitement attaché à la vie révolutionnaire du Président Hô Chí Minh età l’histoire mouvementée du pays au cours du XXe siècle. Ce site abritela grotte de Côc Bó où vécut pendant près de quatre ans le Président HôChí Minh, à son retour, en 1941, d’un périple de 30 années à travers lemonde à la recherche de la voie du salut national. Il donna à plusieurslieux des noms aux consonances révolutionnaires, par exemple le montKarl Marx et le ruisseau Lénine pour ne citer que les plus connus.
Autres destinations de prédilection : le Temple des rois Hùng, à PhúTho, ou le site Côn Son Kiêp Bac, à Hai Duong. Le premier est dédié auxrois fondateurs du pays, le deuxième à Nguyên Trai (1380-1442), poète,héros national et personnalité culturelle mondiale.
Voir pour comprendre
En visitant un site mémoriel, les voyageurs cherchent à comprendre ou àrevivre les plus grands moments de l’Histoire. C’est une nouvelle façonde vivre le voyage, plus tangible et plus émotionnelle, moinsrécréative parfois, mais tout aussi enrichissante.
Ce type de tourisme culturel est de plus en plus populaire, notammentdans les semaines qui suivent le Nouvel An lunaire. Il permet à tout unchacun de réfléchir autour d’outils adaptés, accessibles etpédagogiques.
Professeur d’histoire dans un lycée deHanoi, Nguyên Hông Hai encadre souvent pour sa classe des baladesprintanières vers des sites à vocation éducative. Elle a ainsi organisédes visites au mausolée de l’Oncle Hô (Président Hô Chí Minh), à Hanoi,au site de Côn Son Kiêp Bac, à Hai Duong, au Temple des rois Hùng, à PhúTho, etc., Outre la forte émotion que la visite de certains sites peutsusciter, les enfants en ressortent forcément enrichis. «Si chaquevoyage permet aux élèves de s’informer sur le plan historique, il aideaussi les enseignants à compléter leurs connaissances pratiques pour uneapproche pédagogique plus vivante», estime-t-elle.
Point important à souligner, le tourisme de mémoire n’attire plusseulement les férus d’histoire ou les seniors, mais de plus en plus dejeunes parents qui veulent éduquer leurs enfants à l’histoire du pays, àce qu’ils doivent aux sacrifices des anciens. Le signe peut être aussid’un souhait de retrouver des valeurs fondamentales, sacrées, dans unmonde de plus en plus désenchanté, de plus en plus incertain.
Le tourisme mémoriel relève avant tout d’une expérience humaine etintellectuelle exceptionnelle : qu’il s’inscrive dans une démarchepersonnelle, civique ou pédagogique, ce rendez-vous est une opportunitéde toucher l’Histoire du doigt pour mieux la comprendre. – CVN/VNA