Le Huéen Hô Tân Phan possède un millier de céramiques anciennes, pour la plupart repêchées dans la rivière des Parfums. Une collection exceptionnelle qui a permis aux scientifiques de lever une partie du voile sur le mystère de l’histoire de Huê.

Le jardin de Hô Tân Phan, rue Cao Ba Quat (ville de Huê, Centre) est connu depuis une trentaine d’années par les professionnels d’antiquités pour ressembler à une vraie caverne d’Ali Baba. Ce passionné a amassé un millier de céramiques anciennes, essentiellement bols, tasses, marmites, jarres, vases, assiettes... de toutes tailles et de toutes formes. Un trésor qui appartient à diverses civilisations: culture de Sa Huynh (préhistoire et protohistoire jusqu’au début du IIe siècle), culture Cham précoce (II e - III e siècles), Champa (IV e -XI e siècles), Champa-Dai Viêt (XIII e - XIV e siècles) et Dai Viêt (depuis le XIV e siècle). Hô Tân Phan s’est procuré ces objets de diverses manières : il les a racheté auprès de pêcheurs voire de vendeurs ambulants, ou a loué les services de plongeurs.

« Les céramiques de M. Phan appartenant à la culture de Sa Huynh comprennent essentiellement des objets d’usage quotidien, que l’on met dans les tombes ou votifs », indique Nguyên Anh Thu, enseignante de la Faculté des patrimoines culturels de l’Université nationale de Hanoi, qui s’intéresse particulièrement à cette collection.
Lever le voile sur l’ancienneté de Huê

Grâce à la présence d’objets de la culture de Sa Huynh au fond de la rivière des Parfums, en plus des objets trouvés en l’an 2000 dans le site de Côn Rang-Côn Dài (chef-lieu de Huong Trà, ville de Huê), nombreux scientifiques vietnamiens sont parvenus à la conclusion suivante : la culture de Sa Huynh s’étendait aussi dans la province de Thua Thiên- Huê. Ainsi, Huê pourrait se voir rajouter des milliers d’années d’histoire. « Ces objets aideront les chercheurs à mieux comprendre le passé du Centre et de la ville de Huê en particulier », estime Nguyên Anh Thu.

Les chercheurs considèrent Huê comme une ville de culture et d’histoire. Mais son ancienneté laisse place à toutes les hypothèses. La ville a-t-elle trois cents ans d’âge ou... sept siècles ? Mais la collection de Hô Tân Phan pourrait repousser le curseur jusqu’aux premiers siècles de notre ère !
La professeure-Docteure Lâm Thi My Dung, directrice du Musée d’humanologie, estime que la collection de Hô Tân Phan reflète le processus de formation, d’installation et d’échanges culturels entre diverses civilisations : culture de Sa Huynh au Champa et puis Dai Viêt, en aval de la rivière des Parfums. « Cette collection permet d’ouvrir de nouveaux domaines de recherche pour les historiens et spécialistes de Huê», souligne-t-elle.

Sur la base de ses recherches depuis 30 ans, Hô Tân Phan considère que les objets repêchés permettront aux scientifiques d’éclairer l’histoire de Huê pendant la préhistoire et protohistoire. « La ville devrait se voir additionner des milliers d’années d’histoire », assure-t-il.

La culture de Sa Huynh

Avec les cultures de Dông Son (Nord) et de Oc Eo (Sud), celle de Sa Huynh fait aussi la fierté des Vietnamiens. En effet, au Vietnam, les vestiges de la culture de Sa Huynh ont été découverts pour la première fois en 1909 au district de Duc Phô, province de Quang Ngai (Centre). Depuis, une centaine de sites liés à cette culture ont été mis au jour à Hà Tinh, Binh Dinh, Huê, Dà Nang, Quang Ngai (Centre) et au Tây Nguyên (hauts plateaux du Centre), Dông Nai, Khanh Hoà (Sud). La culture Sa Huynh date de 2.500 av. J.-C. jusqu’au IIe siècle apr. J.-C. – VNA