
Hanoï (VNA) - Située rue Huynh Cuong,dans l’arrondissement Ninh Kiêu, Thanh Tong est la boutique de couturela plus célèbre à Cân Tho. Elle est spécialisée dans la conception detenue à cinq pans, un vêtement traditionnel de Vietnamiens. Sonpropriétaire, Trân Thanh Tong, 52 ans, s’attache à la promotion de cemagnifique habit auprès des jeunes.
Nous sommes arrivés à laboutique de monsieur Tong alors qu’il finissait une robe Nhât Binh, unetenue royale officielle jadis réservée exclusivement aux princesses, auxreines et aux concubines très haut placées. Ce quinquagénaire aderrière lui 30 ans d’expérience de confection de costume sur mesure.Mais depuis 2018, il s’est lancé dans la confection de vêtementstraditionnels, en raison du nombre croissant de jeunes qui aiment porterune tenue à cinq pans lors de grandes occasions.
Une tenue à cinq pans se faitentièrement à la main, de la doublure jusqu’aux boutons, et nécessiteune dextérité exceptionnelle.
«Pour tout type de vêtement, le colnécessite le plus de soin, car cette partie dévoile le niveau d’habiletéet d’exigence du couturier. Ensuite, il faut faire très attention à larangée de boutons. Plus les boutons sont petits et sophistiqués, plus latenue est élégante», explique monsieur Tong.
Pour reproduire fidèlement la formetraditionnelle d’une tenue à cinq pans, monsieur Tong est allé voirNguyên Duy Linh, un jeune chercheur en culture méridionale résidant dansla province de Vinh Long, qui lui a donné des explications sur lesdétails de cette robe. Ensemble, les deux se sont rendus dans différentsmusées et centres culturels pour noter les caractéristiques de chaquetype d’habit. Les tenues royales portées lors des grandes cérémoniessont toutes très sophistiquées. Les motifs sur chaque pan doivent êtreparfaitement symétriques et harmonieux, indique Duy Linh.
«Avant de réaliser une tenue, monsieurTong a l’habitude de concevoir dans sa tête les motifs qu’il vareproduire sur le tissu. Il fait office de lien entre les jeunes etnotre culture traditionnelle. Les tenues qu’il fait sont un belinstrument de promotion de la tradition vestimentaire du pays», dit-il.
À l’instar de beaucoup de jeunes, LêTrinh, un mannequin de 23 ans, aime porter des tenues traditionnellespour se prendre en photo ou pour des occasions spéciales. Cette jeunefemme originaire de la province de Soc Trang s’est rendue à la boutiqueThanh Tong pour acheter une robe à cinq pans.
«Une amie m’a donné cette adresse. Jesuis impressionnée par la beauté des robes à cinq pans. C’est lapremière fois que je les vois de près. C’est vraiment original»,constate-t-elle.
Cette tenue a fait son apparition auVietnam il y a plus de deux siècles et sa valeur dépend en grande partiede la compétence du couturier, fait savoir Nhâm Hung, un chercheur enculture méridionale. Il apprécie beaucoup le talent et la passion deThanh Tong.
«Les tenues traditionnelles sont trèscoûteuses en argent et en temps. À vrai dire, c’est beaucoup moinsrentable que d’autres types de vêtements. Pour exercer ce métier, lescouturiers doivent avoir une grande passion et beaucoup de courage.J’espère que le travail de monsieur Tong pourra inspirer ses collègueset qu’un plus grand nombre de jeunes s’intéresseront aux tenuestraditionnelles», déclare-t-il.
Si au départ, la motivation de monsieurTong était purement commerciale, après quatre ans de recherches et detravail intense, aujourd’hui, il s’attache profondément à lapréservation des tenues vietnamiennes.
«Je veux apporter un nouveau souffle auxhabits traditionnels pour donner envie aux jeunes de les porter et deles présenter à un plus grand nombre de personnes. Je souhaite que labeauté de notre culture ne tombe pas dans l’oubli», confie-t-il.
La passion et l'action de Thanh Tong contribuent à faire renaître de ses cendres la tenue à cinq pans vietnamienne. - VOV/VNA