Les combats entre soldats thaïlandais et cambodgiens qui font rage depuis vendredi à la frontière contestée entre les deux pays ont fait douze morts, ont indiqué lundi des responsables des deux parties, selon l'AFP.

Un paramilitaire thaïlandais est mort dimanche tard dans la journée, a indiqué un porte-parole de l'armée thaïlandaise, le colonel Prawit Hookaew. Un soldat cambodgien a également été tué dimanche et un autre est porté disparu, selon le commandant de l'armée cambodgienne sur le terrain, Suos Sothea. Six soldats cambodgiens et quatre thaïlandais avaient été tués lors des deux premiers jours de ces affrontements à l'arme lourde, à proximité de deux temples situés en pleine jungle et appelés Ta Kwai et Ta Muen en thaïlandais, Ta Krabei et Ta Moan en khmer.

Après une matinée assez calme, de nouveaux obus ont été tirés lundi après-midi, selon des responsables des deux côtés, qui s'accusent mutuellement d'avoir ouvert le feu. Les combats ont forcé des dizaines de milliers de villageois à fuir. Quelque 20.000 civils ont trouvé refuge dans 16 camps de fortune côté thaïlandais et 17.000 autres ont été évacués de villages cambodgiens. D'autres n'ont pas voulu quitter leur maison.

Le Cambodge affirme que l'armée thaïlandaise a tiré plus de 300 obus sur des civils. Il l'a également accusée d'avoir utilisé des gaz toxiques et des avions espions, ce que Bangkok a fermement nié.

Les deux voisins se sont affrontés plusieurs fois ces dernières années, le long d'une frontière qui n'a jamais été totalement démarquée, notamment en raison des mines laissées par des décennies de guerre civile au Cambodge.

Les précédents combats, du 4 au 7 février, qui avaient fait dix morts dont des civils, avaient eu lieu près de 150 km à l'est des combats actuels, près du temple khmer de Preah Vihear. Ces ruines du XIe siècle, dont le classement au patrimoine mondial par l'Unesco en 2008 avait ravivé les tensions, relèvent de la souveraineté du Cambodge, selon une décision de la Cour internationale de justice de La Haye en 1962. Mais les Thaïlandais contrôlent ses principaux accès et les deux pays revendiquent une zone de 4,6 km2 en contrebas de l'édifice.

Le ministre indonésien des Affaires étrangères Marty Natalegawa, actuel président de l'ASEAN, avait prévu de se rendre en visite au Cambodge le 25 avril pour signer un accord visant à résoudre la dispute frontalière entre le Cambodge et la Thaïlande et se rendrait plus tard en Thaïlande. Cependant, cette visite a été annulée. - AVI