Spécialités agricoles "made in Vietnam" avec fierté
Le Vietnam qui compte environ 800 produits
agricoles réputés, fait ses premiers pas dans leur labellisation.
L’enjeu est de taille à l’heure de la mondialisation des marchés.
Selon l’Office national de la propriété intellectielle (NOIP), le
Vietnam compte 59 marques collectives, 12 marques de certification et
24 indications géographiques déposées, dont 53 marques et indications
géographiques réservées aux produits agricoles. Des chiffres encore
bien modestes par rapport aux plus de 800 produits agricoles réputés
recensés dans presque toutes les localités.
La
réputation de la plupart des spécialités agricoles du Vietnam est liée
au nom géographique des régions où elles sont cultivées, exploitées ou
fabriquées. Comme par exemple la prune Bac Hà, le riz parfumé Diên
Biên, le longane Hung Yên, le durian Cai Mon, le miel Bac Giang, la
céramique Bat Trang, le pamplemousse Doan Hùng, le melon Hoà Vang, le
chapeau conique Huê, l’oignon et l’ail Ly Son, le poivre Phu Quôc, la
saumure Phu Quôc, etc.
Le NOIP a récemment demandé
aux villes et provinces de recenser le nom de leurs spécialités et
d’accélérer les procédures d’enregistrement de la marque des produits
agricoles en vue d’élever leur valeur et de développer leur production.
Outre l’enregistrement des marques de commerce sur
le marché domestique, de nombreux produits d’exportation et réputés
disposent de leur propre marque déposée au niveau mondial, tels que la
saumure Phu Quôc, le café Buôn Ma Thuôt, le fruit du dragon Binh Thuân,
le thé Tân Cuong, le pamplemousse Doan Hùng ou encore le litchi Thanh
Hà. Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural continue de
mettre en œuvre les programmes de promotion des marques des produits
agricoles vietnamiens à l’étranger.
Marque déposée, une valeur sûre
L’enregistrement de la marque commerciale pour les produits agricoles
rapporte des avantages visibles. Avec la marque déposée, la valeur des
produits agricoles augmente considérablement, notamment via le prix de
vente. Le pamplemousse Doan Hùng, cultivé dans le district de Doan Hùng
de la province de Phu Tho (Nord), en est un bon exemple. Disposant de
sa marque déposée depuis 2006, son prix de vente sur le marché
domestique quintuple voire septuple celui des pamplemousses cultivés
dans d’autres régions. Et les cultivateurs remplissent souvent leur
carnet de commandes avant même que les arbres donnent des fruits.
« Le pamplemousse Doan Hùng n’est pas produit en assez grande quantité
pour pouvoir être exporté à l’étranger. Car malgré son prix de vente
élevé, ce fruit est très prisé par les Vietnamiens », a affirmé Nguyên
Hoàng Anh, responsable de la propriété intellectuelle du Service des
sciences et des technologies de la province de Phu Tho.
Autre exemple, l'anis étoilé Lang Son. Après s’être vu attribuer la
marque déposée en 2007, ce fruit, utilisé dans la préparation de
tisanes et pour parfumer diverses boissons alcoolisées, se vend de plus
en plus cher. Si en 2005, le cours du fruit frais n’était que de 5.000
dôngs le kilo, en 2010, il se négociait à près de 20.000 dôngs le kilo,
et jusqu’à 28.000 dôngs le kilo en 2011.
Une réputation à entretenir
Selon les experts, l’enregistrement de la marque n’est que la première
étape du processus de longue haleine qu’est le développement durable
des produits agricoles. Après la labellisation de ces produits, il faut
faire attention au prestige et à la protection de la marque. «
L’enregistrement de la marque pour les produits agricoles est déjà
difficile. Mais son maintien et sa protection le sont encore plus, car
ces activités vont de pair avec le maintien de la qualité et du
prestige des produits agricoles », a constaté Nguyên Hoàng Anh.
La province de Phu Tho est pleinement consciente, et ce depuis très tôt
de cette problématique. Elle a par conséquent pris de nombreuses
mesures pour protéger la marque du pamplemousse Doan Hùng.
Lors d’un séminaire intitulé «Les scientifiques et la protection des
marques des produits agricoles du Vietnam» tenu récemment à Hanoi, la
plupart des intervenants ont affirmé que le travail d’enregistrement et
de protection des marques de commerce des produits agricoles
vietnamiens n'étaient pas simplement réservé aux agriculteurs,
entreprises ou à telle ou telle organisation.
Pour eux en effet,
l’État a aussi son rôle à jouer dans ce processus. « La labellisation
et la protection des marques sont une tâche commune des agriculteurs,
des entreprises, de l’État et des scientifiques », a affirmé le Docteur
Dô Gia Phan, de l’Association de protection des consommateurs du
Vietnam. - AVI