Le retail-banking, banque de détail, est considéré comme particulièrement prometteur, et plus encore en cette période de croissance molle du crédit. Un secteur de l’activité bancaire qui suscite une implication de toutes les grandes banques, étrangères comme vietnamiennes.

La croissance du marché et les perspectives de l’économie vietnamienne sont engageantes en termes d’opportunités pour les banques. La banque de détail a pour clientèle des particuliers, des commerçants et des PME. Elle se distingue de la banque d’affaires et de la banque d’investissement qui concernent les grandes entreprises et les divers marchés financiers.

Le marché se développe fortement et l’activité de banque de détail recèle d’importants potentiels, ont estimé les responsables de banques étrangères au Vietnam, notamment Standard Chartered, HSBC et ANZ. Ces banques ont l'ambition de dominer ce secteur au Vietnam. À présent, elles ne détiennent que 10% environ des parts de marché, mais, après 2015, elles entendent bien en être les figures de proue.

La filiale vietnamienne de la britannique HSBC a porté son capital social de 3.000 milliards de dôngs à 7.528 milliards pour développer ses services de retail-banking. La filiale de l’australo-néo-zélandaise ANZ déploie déjà sa stratégie de croissance pour gagner des parts de marché au Vietnam, «un marché important en Asie», selon Sanjoy Sen, directeur chargé du secteur du détail en Asie-Pacifique. En 2013, l’ANZ a été satisfaite du chiffre d’affaires réalisé dans ce secteur, lequel a connu une croissance à deux chiffres, même si «notre stratégie est de privilégier la clientèle de classe moyenne et au delà», indique Duong Duc Hùng, directeur du retail-banking de l’ANZ Vietnam.

C’est une bonne orientation sur un plan quantitatif d’ailleurs, car selon une enquête du Boston Consulting Group, la classe moyenne au Vietnam comptait 12 millions de personnes en 2012, et devrait atteindre 30 millions d’ici à 2020. Mais aussi sur un plan qualitatif, car cette clientèle prise les banques étrangères pour leurs larges relations avec d’autres banques de par le monde.

Taux d’intérêt concurrentiels

Plus de 66% du chiffre d’affaires à l’exportation du Vietnam provient des entreprises issues de l’investissement direct étranger (IDE), qui sont d’importants clients pour les banques commerciales. Toutefois, les banques étrangères monopolisent cette clientèle.

Le segment des règlements internationaux de la Banque de commerce extérieur du Vietnam (Vietcombank) est en recul pour deux années consécutives en dépit d’une croissance continue des exportations nationales, a déploré Nguyên Hoà Binh, président du conseil d’administration de cette dernière. Raison : les entreprises issues de l’IDE recourent d’abord aux services des banques de leur pays.

Ces derniers temps, plusieurs banques vietnamiennes ont cherché à développer cette clientèle. En effet, si les banques étrangères ont une supériorité en termes de volume de capitaux, elles manquent en revanche de réseaux larges comme ceux de leurs homologues vietnamiens, explique Lê Quang Trung, vice-directeur général de la banque Quôc Tê (VIB). C’est pour cette raison que la VIB et d’autres banques vietnamiennes ont confiance dans leur conquête de la clientèle des entreprises issues de l’IDE, en particulier les PME taïwanaises, japonaises et coréenne. Les banques étrangères, elles, s’attachent à développer la clientèle des particuliers. Après un certain temps de présence au Vietnam, les banques étrangères commencent à attirer ce genre de clients avec prêts immobiliers et à la consommation, pour l’essentiel, en pratiquant des taux d’intérêt particulièrement concurrentiels, voire zéro pour cent dans un premier temps.

Les banques domestiques, autrefois très spécialisées dans les prêts, se diversifient désormais et offrent davantage de services au particulier en raison de la conjoncture morose dans le crédit. Pour mieux concurrencer les banques étrangères, elles exploitent les avantages qu’elles retirent de leurs vastes réseaux d’agences, qu’elles agrandissent encore le cas échéant, ce dont les banques étrangères ne bénéficient pas. Une tendance qui se confirme avec la vague de rachat de sociétés financières par des banques domestiques en suite du récent arrêté 39/2014/CP du gouvernement qui autorise celles-ci à fournir des services de banque de détail et de règlements. -CVN/VNA