Hanoi, 22 janvier (VNA) - Depuis plus d’un demi-siècle, les chorégraphes vietnamiens puisent leur inspiration dans le patrimoine folklorique. De l’avis de nombreux critiques, le folklore serait en effet à l’origine d’au moins deux tiers des meilleures danses vietnamiennes. Plus le pays se modernise, plus ces traditions anciennes méritent d’être valorisées pour donner une vraie identité à la danse vietnamienne.
Le premier chorégraphe vietnamien à avoir introduit des éléments du folklore dans sa création est Hoàng Châu, qui a associé des pas de danse traditionnels Thai au langage de la danse moderne dans une pièce intitulée «Le Nord-Ouest en liesse». Mais d’autres ont suivi. Phung Nhan s’est ainsi inspiré de la danse San Chay, Dang Hung de la danse Cham, Le Ngoc Canh des danses Tay, Cho Ro et Stieng.Fortes de leurs différences, toutes ces minorités ethniques contribuent à la diversité de la culture vietnamienne, nous explique Le Ngoc Canh. «La danse folklorique est une source d’inspiration et de pensée esthétique pour les chorégraphes qui peuvent s’en inspirer pour diversifier la composition et enrichir le langage de leurs œuvres. Mais pour réussir, il faut bien comprendre chaque tradition avant de pouvoir l’exploiter dans une nouvelle création.»
Les fêtes et les épopées des minorités ethniques constituent un trésor illimité dans lequel les chorégraphes peuvent trouver des éléments utiles à leur création.
Le chorégraphe Thai Phien apprécie particulièrement la pièce «Saison des fleurs du bauhinia» de son collègue Minh Tien. «Dans leur danse traditionnelle xoè, les Thai dansaient doucement, la tête en bas. Il leur était interdit de lever la tête pour regarder les dignitaires pour lesquels elles dansaient. Mais dans «Saison des fleurs du bauhinia», les filles qui dansent sont souriantes et lorsqu’elles effectuent un saut en hauteur, leurs chapeaux fleuris s’étalent, symbolisant tout un peuple, les Thai, qui vient d’être libéré et qui accueille dans la liesse la lumière de la révolution. C’est du folklore contemporain.»
Ung Duy Thinh, vice-président de l’Association des danseurs vietnamiens, précise: «Les éléments de la danse folklorique doivent être associés à d’autres éléments, tels que la musique et les habits… Le chorégraphe doit bien situer son œuvre, l’histoire qu’il souhaite raconter. Il doit créer un troisième langage, issu de la tradition autant que de la modernité, un troisième langage propre à son œuvre mais qui reste empreint d’identité nationale.»
«Le vrai progrès, c'est une tradition qui se prolonge», disait Michel Crépeau, avocat et homme politique français des années 1980. Les chorégraphes vietnamiens peuvent se rassurer, les danses traditionnelles des 54 ethnies du pays sont suffisamment riches pour nourrir leurs envies de progrès. – VOV/VNA