Phu Tho (VNA) - Jamais on n’a vu au Vietnam des lôc vung poussant en peuplement monospécifique, à l’exception de Chuong Xa, province de Phu Tho, où se tient depuis presque toujours une butte entièrement couverte de ces arbres à fleurs rouges.

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L'ancienne tombe en pierre dans le monticule de "lôc vung" de Chuong Xa, à Phu Tho (Nord). Photo: CVN/VNA

Très connu au Vietnam, le lôc vung (barringtonia) est un arbre des régions tropicales, cultivé pour ses belles fleurs rouges qui s’étirent des branches au sol. Des myriades de pétales minuscules forment des tiges allongées parfois sur plusieurs mètres. En période de floraison, l’arbre semble se teindre et se muer d’un vermillon éclatant de la cime au pied. Une fois tombés au sol, les pétales forment un tapis écarlate tout autour de l’arbre. Et sur les branches, voilà déjà que d’autres tiges fleuries apparaissent et s’allongent successivement. Un spectacle naturel des plus féériques.

Un feuillage imperméable

En temps normal, les lôc vung poussent de façon éparse, ici et là, dans les parcs, au bord des rues ou aux alentours des lacs. C’est la raison pour laquelle la commune de Chuong Xa, district de Câm Khê, province de Phu Tho (Nord) se distingue. En effet, depuis presque toujours au cœur d’un immense champ de riz, une butte est entièrement couverte de lôc vung.

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Tapis de pétales de fleurs de "lôc vung". Photo: CVN/VNA

Il s’agit d’un ensemble végétal luxuriant, appelé par la population locale Go Tho (littéralement "monticule de culte"). On n’y compte pas moins d’une centaine de pieds de lôc vung, tous millénaires, aux troncs élancés et rugueux, et dont les branches s’entrelacent au sommet formant un dôme des plus poétiques. À tel point que "le soleil et la pluie n’arrivent pas à percer les feuillages", assurent les habitants locaux.

Au milieu de cet espace vert, sous les ombrages, se dressent un vieil autel en pierre ainsi qu’une tombe. Générations après générations, les habitants locaux s’y rendent souvent avec des offrandes et baguettes d’encens pour rendre le culte à leur divinité protectrice qui fut une princesse au temps des rois Hùng (premiers fondateurs du Vietnam, dont le premier remonte à environ quatre mille ans) .  

Patrimoine à la fois naturel et spirituel

Selon une légende locale, au temps des rois Hùng, à la place de l’actuel champ de riz se trouvait un grand lac aux eaux limpides. Le paysage du coin était si beau que la princesse s’y rendait tous les jours pour y faire de la barque. Sensible et compatissante vis-à-vis de la population locale, elle se porta volontaire pour leur enseigner la culture du riz aquatique. Grâce à quoi, la vie des autochtones s’améliora de manière considérable.

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Des fleurs de "lôc vung". Photo: CVN/VNA

À la mort de la princesse, les habitants, reconnaissants, édifièrent un monticule au cœur du champ de riz, où ils plantèrent des lôc vung et construisirent, à l’ombre des feuillages, une tombe en pierre et un temple dédiés au culte de leur bienfaitrice. Devant la pierre tombale, ont poussé avec le temps deux grands palmiers, semblables aux bougies que l’on allume sur l’autel pour rendre hommage aux ancêtres. "Ces deux +chandelles+ ont résisté au temps et se tiennent encore là, plus majestueuses que jamais", vante le guide local. 

Vu de loin, le "monticule de culte" ressemble à une fleur de lotus géante au vert brillant.

"À la saison de floraison cependant, le monticule se métamorphose et devient en rouge vif. Il s’agit vraiment d’un patrimoine végétal vivant de Chuong Xa, unique en son genre dans tout le pays", s’enorgueillit le guide local. 

Récemment, le monticule de lôc vung de Chuong Xa a été reconnu par l’Association de protection de la nature et de l’environnement du Vietnam "Patrimoine végétal national". Un titre honorifique qui fait la fierté des autochtones. -CVN/VNA