Selon des données encoreincomplètes, la province de Ninh Binh recense une quarantaine de métierstraditionnels. Certains sont perpétués et bénéficient d’une croissancestable, comme taille de pierre dans la commune de Ninh Vân, vanneriedans le district de Kim Son, broderie dans la commune de Ninh Hai,menuiserie dans la commune de Ninh Phong, ou encore poterie dans lacommune de Long Thinh...
Favorisée par la nature avecmontagnes, plaines, fleuves et mer harmonieusement réparties, Ninh Binhest le berceau de nombreux métiers traditionnels. Chaque métier a étéintroduit en un lieu par une personne qui, par la suite honorée comme lesaint local, est souvent l’objet d’une légende et, en tout cas, estconsidéré comme le père du métier.
En évoquant la commune deNinh Vân du district de Hoa Lu, les Vietnamiens savent tout de suitequ’il s’agit d’un village traditionnel de tailleurs de pierres. Unmétier tant technique qu’artistique.
En passant par les mainsde ces artisans, de gros blocs de pierre brute deviennent de bellesœuvres d’art. Il s’agit des statues, consoles de lit, oiseaux, tables,stèles, tables de culte, trônes... Il y a d’autres formes d’artisanatavec des produits tels que cendriers, tableaux, bols, bambous,traditionnelles statues d’enfant sur un buffle... Tout est finementgravé, les traits sont vivants et distingués, plein de rythme et desouplesse, une véritable magie issue de la main comme de l’esprit de cesartisans.
Vannerie de Kim Son, un travail de réactivité
Autre métier réputé, la vannerie de Kim Son. Si le jonc est apparu àKim Son il y a près de deux siècles seulement, il occupe en revanche uneplace importante dans l’économie de ce village.
Le jonc est lamatière première principale employée pour fabriquer des produits telsque nattes, draps, corbeilles, boîtes, sacs, chapeaux... Le plus réputéd’entre eux est sans conteste la natte. Un travail plein de créativité,de prudence et difficile en outre, qu’il s’agisse du choix du jonc, deson séchage au soleil, de la préparation de la teinture pour obtenir unrouge éclatant qui dure.
L’artisan doit avoir la main leste etsouple, des yeux perçants afin de ne pas commettre le moindre défautdans le produit fini. Créé par Nguyên Công Tru (nommé Doanh Diên Su,délégué royal au Service du défrichement des terres) il y a deuxsiècles, le district de Kim Son, d’une superficie de 207 km2, possède 18km de côtes. C’est le lieu où les champs de jonc et de riz se côtoientet où les villages gardent leur charme d’antan. Au début du XIXe siècle,cette région n’était qu’une zone de marécages insalubres où nepoussaient que roseaux et mauvaises herbes. En 1828, le mandarin NguyênCông Tru, envoyé en tant qu’administrateur, lance de grands travauxd’assèchement et d’exploitation des terres qui permirent la création desdeux nouveaux districts de Kim Son (Mont d’or) et de Tiên Hai (Merd’argent).
La commune de Ninh Hai du district de Hoa Lu estégalement réputée pour sa broderie. Elle est en réalité considérée commele royaume de ce métier. La légende remonte à l’empereur Trân Thai Tôngqui a cédé le trône à son fils en 1258 pour se retirer des honneurs etde la vie, s’installant sur la montagne Vu Lam afin de mener une viereligieuse dans la commune de Ninh Hai du district de Hoa Lu, mais aussipour établir une base militaire afin de combattre l’armée mongole.C’est ainsi que Trân Thi Dung, l’épouse de Trân Thu Dô, un mandarin dela dynastie des Trân, est arrivée en ce lieu où elle a transmis à lapopulation de Ninh Hai son art de la broderie.
Aujourd’hui,chaque foyer a ses types particuliers de cadres pour la broderie, dugros (2 m de long) au petit (à main)... Les fils fins brodés par lesmains habiles deviennent des œuvres d’art particulièrement originales,aux motifs souples comme tracés par un pinceau, prenant des formes trèsvariées : rideaux, nappes, serviettes, draps, mouchoirs, tableaux... –AVI