Au dire d’experts, dès l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échangeVietnam - Union européenne (EVFTA), prévue cet été, l’investissementindirect étranger dans le secteur bancaire au Vietnam devrait augmentergrâce à la participation de banques européennes par le biais de fondsd’investissement.
Jusqu’ici, conformément à la Loi sur les institutions de crédit et audécret gouvernemental N°01 de 2014, l’actuel taux de détention desactions d’un investisseur stratégique étranger ne doit pas dépasser 20%du capital social d’un établissement de crédit national, et les acteursétrangers ne peuvent pas détenir plus de 30% du capital d’une banquevietnamienne.
Changer de statut
Mais dans le cadre de l’EVFTA, d’ici à cinq ans, deux banqueseuropéennes pourront investir jusqu’à 49% dans le capital de certainesbanques commerciales vietnamiennes, sauf quatre dont l’État détienttoujours le plus grand nombre d’actions que sont Agribank, BIDV,Vietcombank et Vietinbank.
Alors, quelles banques commerciales vietnamiennes sont les plus en vue ?D’après des experts, les quatre plus rentables sont en tête de liste :ACB, MB, Techcombank et VPBank. Elles sont suivies de plus petites :HDBank, LienVietPostBank, SHB, TPBank et VIB.
Cependant, selon les économistes, il sera difficile pour les banqueseuropéennes de détenir jusqu’à 49% du capital d’une banque vietnamienne.Le Dr Lê Xuân Nghia, un expert bancaire, a expliqué qu’après la crisefinancière de 2008, l’Union européenne (UE) a serré la vis auxinvestissements à l’étranger. Par conséquent, le drainage de capitauxdirects de l’UE par les banques vietnamiennes ne serait que potentielmais pas animé à court terme. "Les banques en Europe ont pleinementrépondu aux normes Bâle II, voire Bâle III. Les Européens ont égalementtendance à restructurer les grands groupes financiers et les banques enmettant l’accent sur l’amélioration de la qualité des actifs, et nonl’élargissement, afin d’éviter les risques de crise. Ainsi, dansl’immédiat, je ne vois pas encore la possibilité pour les banques et lesgroupes financiers de l’UE de verser des capitaux au Vietnam", a-t-il estimé.
À rappeler que les normes Bâle II (le second accord de Bâle)constituent un dispositif prudentiel destiné à mieux appréhender lesrisques bancaires, principalement le risque de crédit ou de contrepartieet les exigences, pour garantir un niveau minimum de capitaux propres,afin d’assurer la solidité financière. Bâle III constitue la troisièmesérie d’accords établis par le Comité de Bâle, après ceux dits de Bâle Iet de Bâle II. Cette fois, l’objectif est d’accroître la capacité derésilience (c’est-à-dire la capacité à s’adapter à la conjoncture) desgrandes banques internationales.
"L’EVFTA permet aux banques et aux fonds de l’UE d’investirdirectement dans le système bancaire vietnamien, mais l’afflux decapitaux européens dans le pays est peu probable. Par conséquent, jepense que ce secteur national bénéficiera indirectement plutôt quedirectement de cet accord", a prévu Lê Xuân Nghia.
Investissements indirects
Compte tenu du poids du secteur bancaire dans l’indice national, sonouverture plus large aux investisseurs étrangers devrait justementpermettre d’augmenter les liquidités de la Bourse vietnamienne. Selon denombreux experts, l’EVFTA devrait entraîner l’afflux de capitauxindirects dans le secteur boursier du Vietnam, dont le secteur bancaire.
"Avec la croissance du marché de détail et l’ouverture del’économie vietnamienne, à long terme, il est probable que les banqueseuropéennes, emboîtant le pas aux entreprises européennes, envisagerontla possibilité de verser des capitaux dans les banques vietnamiennes.Dans l’immédiat, l’EVFTA ouvrira des opportunités à ces dernières pourattirer un flux d’investissements indirects en provenance de l’UE.Aussi, par le biais de fonds d’investissement, les entrées de capitauxeuropéens dans le marché boursier du Vietnam
devraient augmenter", a envisagé le Dr Lê Xuân Nghia.
Par contre, les experts ont estimé qu’il serait plus difficile pour lesbanques vietnamiennes d’entrer dans le marché européen. Actuellement,quelques-unes sont déjà présentes, mais sans grand succès, certainesayant même dû fermer leurs portes. “En termes de taille, de capacité degestion et de mode d’opération, les banques vietnamiennes peuventdifficilement concurrencer leurs consœurs européennes”, a expliqué M.Nghia. En fait, même dans la région de l’ASEAN, seules quelques-unes ysont présentes et leurs activités laissent encore àdésirer. - CVN/VNA