La ville de Huê (province de Thua Thiên-Huê) séduit les touristes non seulement par son ancienne cité impériale de la dynastie des Nguyên (1802-1945) mais encore par ses neuf ponts enjambant la rivière An Cuu (la Paix éternelle), dont six en intra-muros. Petit tour d’horizon.

En 1814, le roi Gia Long (1762-1819) décida de creuser un canal au service de l’irrigation des champs à l’intérieur de la ville de Huê. En 1821, sous le règne du roi Minh Mang (1791-1841) ce canal est baptisé Loi Nông. En 1837, son image et son nom sont gravés sur une des Cuu dinh (neuf urnes dynastiques) de la cité impériale. Au fil du temps, il a été rebaptisé à maintes reprises (Phu Cam, Dai Giang, Hà Tu, Công Quan et enfin An Cuu). An Cuu est un affluent de la rivière des Parfums.

Le canal ou, désormais, la rivière An Cuu mesure 30 km de long. Elle commence à l’îlot de Da Viên (sud-ouest de Huê), traverse le district de Huong Thuy et s’écoule vers la lagune de Hà Trung. Selon la légende, à l’endroit où le canal fut creusé vivait un grand reptile aquatique. Son abri fut détruit par les travaux. En été, à cause de la chaleur, le reptile trouble l’eau de la rivière. Les autres saisons, il suspend ses activités et l’eau retrouve sa limpidité.

À chaque pont sa beauté

La rivière An Cuu est enjambée par neufs ponts, dont six en ville. Le pont Ga est le premier que vous rencontrez à Huê quand vous prenez le train. À 500 m du début de la rivière An Cuu, il relie le coeur de la ville à la gare de Huê. Construite en 1909, celle-ci est l’une des dernières d’architecture française subsistant au Vietnam.

Le 2e pont à découvrir s’appelle Nam Giao. Il se trouve sur l’avenue Diên Biên Phu, construite en 1898 à l’époque coloniale française. Autrefois, les Français l’appelaient Nam Giao. En 1977, l’avenue a été changée en Diên Biên Phu. Suivant cette avenue, traversant la rue Phan Bôi Châu, les visiteurs vont directement à l’esplanade des sacrifices (Dàn Nam Giao).

Bên Ngu est le 3e pont, situé rue Phan Bôi Châu et à 500 m du pont Nam Giao. C’est le lieu où «le vieil homme du quai Bên Ngu», surnom du grand patriote et révolutionnaire Phan Bôi Châu, vécut pendant les années où il était sous surveillance administrative par les Français (de 1926 à 1940). Bên Ngu était aussi un rendez-vous des écrivains de l’époque. Autrefois, les rois Nguyên et les mandarins remontaient la rivière des Parfums, puis la rivière An Cuu avant de faire halte au quai Bên Ngu. Ils prenaient ensuite la rue de Nam Giao Cuu Lô ou rue Parallèle Est (rue Phan Bôi Châu actuelle) pour se rendre à l’esplanade des sacrifices. Au bord du pont Bên Ngu se trouve un ancien marché établi au début du XXe siècle.

Le pont Phu Cam est non loin de là. Ici, les princes des rois Nguyên y avaient des résidences où des orangers étaient cultivés. C’est pourquoi, les habitants l’appellent Phu Cam. Au pied du pont, il y a une courte pente vers la cathédrale de Phu Cam. Bâtie à la fin du XVIIe siècle, elle a été détruite trois fois. La dernière reconstruction remonte à 1995.

Kho Rèn est le 5e pont. Il relie les rues Trân Phu et Ly Thuong Kiêt. Autrefois, il portait le nom de Duong Phâm. En 1988, il a été reconstruit. La rue Ly Thuong Kiêt est la plus belle de Huê.

Le dernier pont en intra-muros enjambant la rivière An Cuu porte le même nom que cette rivière. Il relie les rues Hùng Vuong et An Duong. Il a été construit en bois sous le règne de Gia Long. En 1897, sous le règne de Thành Thai (1879-1954), il a été reconstruit en fer. En 1990, il a été bétonné.

Trois petits ponts autres enjambant la rivière An Cuu se situent en banlieue de Huê. Tous contribuent à embellir cette ville calme. -VNA