Pour la première fois dans l’histoire, lespuissances ont dû reconnaître les droits fondamentaux de la nationvietnamienne dont l’indépendance, la souveraineté, l’unité etl’intégrité territoriale. Le gouvernement français a dû retirer sestroupes du Vietnam.
À l’occasion du 60eanniversaire de la signature des accords de Genève, l’Agencevietnamienne d’information (VNA) vous présente des extraits d’un articledu vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères Pham BinhMinh intitulé «La conférence de Genève 1954 : grandes leçons pour ladiplomatie vietnamienne ».
La conférence de Genèvesur l’Indochine a réuni neuf délégations officielles : celles de laGrande-Bretagne, de la France, des États-Unis, de l’URSS, de la Chine,de la République démocratique du Vietnam, du royaume du Laos, du royaumedu Cambodge et du gouvernement de Bao Dai. L’événement a abouti à lasignature des documents officiels que sont la déclaration finale de laconférence de Genève sur le problème du rétablissement de la paix enIndochine, et trois accords sur la cessation des hostilités au Vietnam,au Laos et au Cambodge.
En vertu de ces accords,les parties se sont engagées à respecter l’indépendance, lasouveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale du Vietnam et à ne pass’ingérer dans les affaires intérieures du Vietnam. Toujours selon lestermes de ces accords, la ligne de démarcation militaire provisoirefixée au 17e parallèle ne pouvait pas être considérée comme unefrontière sur les plans politique ou territorial. Les électionsgénérales qui devaient réunir le pays étaient prévues pour juillet 1956.
L’objectif suprême : les intérêts nationaux
À la conférence de Genève, pour la première fois, le jeune secteurdiplomatique vietnamien a participé aux négociations multilatéralescompliquées sous l’emprise des puissances. Avec l’objectif suprême dedéfendre les intérêts nationaux que sont l’indépendance, lasouveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale, les diplomatesvietnamiens participant à cette conférence ont lutté pour obtenir dessolutions militaires et politiques. Sur le plan militaire, il s’agissaitd’obtenir un cessez-le-feu, d’exiger le retrait des troupes étrangèreset de rétablir la paix en Indochine. Sur le plan politique, il fallaitobtenir la garantie de la paix, de l’indépendance, de l’unité et del’intégrité territoriale du Vietnam, du Laos et du Cambodge tout commela fin du colonialisme français en Indochine.
Aveccet objectif en tête, dès le début de la conférence, la délégationvietnamienne a entamé des activités diplomatiques intenses.Parallèlement aux négociations multilatérales, elle a aussi effectué descontacts avec les délégations soviétique, chinoise et française,organisé des points de presse, rencontré des centaines d’organisationspopulaires et des hommes politiques français pour exprimer sa bonnevolonté et sa détermination tout en dénonçant les actes belliqueux etles complots de sabotage des forces hostiles. Grâce à ces efforts de ladélégation vietnamienne, le gouvernement français a dû accepter unesolution globale pour le Vietnam et l’Indochine.
Maintenir l’indépendance et l’autonomie dans la diplomatie
La conférence de Genève a été organisée à l’initiative des puissancesqui cherchaient à imposer au Vietnam une solution qui leur seraitbénéfique. De son côté, en tant que vainqueur de la campagne de DiênBiên Phu, la République démocratique du Vietnam a participé à laconférence de Genève avec un objectif bien défini. Toutefois, sesdémarches concrètes concernant le plan de négociation et la coordinationdes forces lors des négociations ne cessaient d’être modifiées parl’intervention des puissances. Cela a laissé des impacts considérablessur l’effort de la délégation vietnamienne pour maîtriser lesnégociations. C’est pour cette raison que la leçon du maintien del’indépendance et de l’autonomie dans les négociations lors de laconférence de Genève de 1954 est d’autant plus précieuse.
Gagner la victoire graduellement et profiter de l’appui de l’opinion internationale
Ayant bien compris ses forces, les intérêts des puissances, y comprisde l’URSS et de la Chine et le contexte international à l’époque, leVietnam a décidé de signer les Accords de Genève avec des clauses qui nereflétaient pas toute l’ampleur de sa victoire sur les fronts.
Cette décision est un exemple typique de la leçon retenue par ladiplomatie vietnamienne en vue de gagner la victoire graduellement. Unevictoire graduelle toutefois basée sur l’objectif principal d’obligerles puissances à respecter l’indépendance, la souveraineté, l’unité etl’intégrité territoriale du Vietnam. Un pas en avant qui devait aussicréer une nouvelle force et une nouvelle position pour atteindrel’objectif final de libération et de réunification du pays. En outre, lacoordination des activités diplomatiques et de la communication pourgagner le soutien de la communauté internationale constitue une leçonéternelle.
Soixante ans se sont écoulés. Lasituation dans le monde et dans la région tout comme la position duVietnam ont bien changé. La paix, la coopération et le développementsont devenus les directions principales. Toutefois, les évolutionscomplexes dans le monde posent à notre pays des défis majeurs en termesde sécurité et de développement. Dans ce contexte, les leçons de laconférence de Genève gardent toutes leurs valeurs dans la constructionde la paix et la défense nationale. – VNA