Des pierres, du bois,du bambou… Il faut finalement peu de choses aux Bahnar pour fabriquerdes instruments de musique étonnants, avec lesquels ils entrent encommunion avec la nature. Depuis la nuit des temps, lesBahnar vivent aux sons des instruments de musique. Mais s’il fallaitn’en retenir qu’un seul, ce serait bien sûr le gong, véritable emblèmeculturel des hauts Plateaux du Tây Nguyên. Mariages,funérailles, rituels, offrandes… Il n’est pas de cérémonie qui ne sedéroule au son du gong. De forme circulaire, avec un mamelon au centre,les gongs sont frappés à l’aide d’une mailloche. Leurs diamètres variententre 20 centimètres, pour les plus aigus, et 60 centimètres, pour lesplus graves. Assez paradoxalement, étant donné leur aspect éminémentvibratoire, ils sont utilisés pour rythmer les danses villageoises.
Mais les gongs ne sont pas les seuls instruments demusique des Bahnar, loin s’en faut! Le bambou, avec lequel on peutdécidément tout faire, est ainsi la matière première de deux autresinstruments étonnants: le T’rung et le K’long put. Dào Minh Ngoc, dumusée d’ethnographie de Dak Lak: "Ce sont des instruments que l’onretrouve dans toutes les festivités, et notamment dans les soirées dechants alternés. D’autres instruments ont des emplois plus spécifiques." Le T’rung est une sorte de xylophone en bambou, lié deprès à la vie spirituelle des Bahnar. Cet instrument de musiquerassemble en clavier des tubes parallèles et bien sûr inégaux d’oùdifférentes hauteurs de sons, chaque tube étant scellé à une extrémitéet coupé en biseau à l’autre bout. Les sons émis ressemblent à ceuxd’une rivière qui s’écoule ou au murmure du vent. A Ngoh, un Bahnar: "LeT’rung est joué en plein air, c’est la règle. Il donne des sons trèsnaturels. Les vieux T’rung ne comportaient que 7 tubes. Maintenant, il yen a beaucoup plus, ce qui a permis d’élargir considérablement lerépertoire". Outre du T’rung, les musiciens Bahnar ontune autre fierté: le Ting Ning, un instrument inédit. Il s’agit d’unluth de 10 à 18 cordes en soie trempées dans de la cire, dont le corpsest fait dans des bambous à longs entrenoeuds, bien scellés aux deuxextrémités. Les cordes sont attachées à des axes en bois s’allongeantsur toute la table d’harmonie, en dessous de laquelle on ajoute unecalebasse pour amplifier les échos. Les jeunes hommes aiment biencharmer l’élue de leur cœur au son du Ting Ning. Musiciens dans l’âme, les Bahnar ne ratent jamais l’occasion de fairevibrer leurs instruments de musique et d’entrer ainsi en vibration avecla nature qui les entoure. -VOV/VNA