Le Vietnam compte environ 8.000 fêtes traditionnelles dont la majorité tenuesau printemps après le Têt (Nouvel An lunaire). Comme d’habitude, la saison desfestivités à Hanoi a commencé par l’ouverture simultanée, le 6e jourdu 1er mois lunaire, de quatre grandes fêtes: pagode Huong, (pagodedes Parfums, dans le district de My Duc), Giong du temple Soc (district de SocSon), Cô Loa (district de Dông Anh) et Hai Bà Trung (district de Mê Linh).
Une question de savoir-vivre
Par leurs envergures, leurs rites originaux ainsi que les critiques à leurendroit, les fêtes de la pagode des Parfums et de Giong du temple Soc (encommémoration du héros national légendaire Thanh Giong - Saint Giong - l’un desquatre Immortels selon les croyances populaires vietnamiennes), ont attiré l’attentiondes médias.
Cette année, elles ont modifié leur organisation. Ainsi, le comité d’organisationde la fête de Giong a repensé la procession dite “des fleurs de bambou” qui tientlieu d’offrandes, afin d’éviter les disputes parmi les spectateurs qui seprécipitent pour récupérer les fleurs. La légende veut que la fleur de bambou,considérée comme un symbole de la générosité du Saint, apporte chance etbonheur à celui qui la possède.
Bien que le nombre de visiteurs à la pagode des Parfums ait largement augmenté,les racolages de la part des bateliers et les querelles avec les pèlerins,ainsi que la pollution causée par le rejet des ordures, ont été limités. Lafête est mieux organisée. Environ 4.000 barques ont été remises à neuf,équipées de gilets de sauvetage et de récipients à déchets. Avant la fête, lesbateliers ont été formés sur la sécurité, la communication et le pilotage, poursatisfaire aux besoins des visiteurs. Par ailleurs, les déplacements en barquesur le ruisseau Yên, dans la gare du téléphérique ou dans la grotte Huong Tichsont sécurisés grâce à la présence permanente des forces compétentes.
Dans le district de Ba Vi, la cérémonie d’ouverture de la fête de Tan Viên SonThanh, marquant le lancement de l’Année du tourisme de Ba Vi 2019, a étéorganisée sur de bonnes bases. La fête annuelle, qui comprend des cérémonies d’offranded’encens et de procession de l’eau, des jeux folkloriques et des échangessportifs, a pour but de commémorer Tan Viên Son Thanh - l’un des quatreImmortels de la mythologie vietnamienne. Cette année, le dépôt d’argent sur lesstatues, la crémation de papiers votifs ou le rejet d’ordures ont été diminués.
Dô Manh Hung, vice-président du Comité populaire du district de Ba Vi, soulignequ’au début de la saison des festivités, le district a mis l’accent sur lesinfrastructures touristiques et restauré des sites historiques importants. Il aégalement renforcé les activités de sensibilisation auprès des habitants pourapprendre à se conduire plus civilement dans les lieux publics et pendant lesfêtes.
Malgré ces changements positifs dans l’organisation de ces événementstraditionnels, à Hanoi, il reste encore des problèmes négatifs auxquels ilconvient de remédier. La cause est due principalement au mauvais comportement d’unepartie des visiteurs. À la pagode des Parfums, les ramasseurs de détritus sontsurchargés de travail à cause du grand volume d’ordures jetées par lespèlerins. De plus, dans ce site touristique religieux, le plus grand du pays,on vend encore de la viande d’animaux sauvages.
Dans certains sites historiques ou de culte intra-muros, il existe encore desrites arriérés. Au temple de Tây Hô, arrondissement du même nom, le dépôt debillets de banque sur l’autel ou sur les statues, destiné à s’attirer lachance, ou la crémation de papiers votifs existent encore. À quoi s’ajoute lacommercialisation de cartes SIM et de billets de loterie, causes de bruits etde nuisances qui font perdre à ce site de culte son caractère sacré.
À contrario, de nombreux visiteurs venant à la pagode de Trân Quôc (défense dela nation) ont été surpris par la présence de dizaines de vendeurs de tortues,oiseaux, poissons… uniquement pour les remettre en liberté. La libération d’animauxcapturés est un aspect culturel propre à une religion. Encore faut-il lecomprendre et le réaliser à bon escient.
Une organisation mieux contrôlée
Grâce à la participation active des organismes responsables, la gestion desfêtes printanières à Hanoi s’est mieux déroulée. La coordination entregestionnaires, scientifiques et habitants locaux contribue à supprimer desrites qui n’ont plus leur place dans une société moderne et civilisée, et àgarantir une ambiance saine et l’ordre public. Succèsdont la ville peut s’enorgueillir!
Le Dr-Pr Bùi Quang Thanh, de l’Institut national de laculture et des arts du Vietnam, estime que "l’abandon du rite de voldes fleurs de bambou lors de la fête Giong au temple de Soc est pertinent, caril permet d’éviter des troubles dans un lieu sacré et de maintenir l’essencemême de la cérémonie".
Pourtant, les gestionnaires ainsi que les habitants locaux ne peuvent pas toutprévoir lorsque les fêtes attirent un grand nombre de visiteurs. Pour mieuxgérer les imprévus, outre les activités de communication et de sensibilisation,les organismes compétents doivent renforcer les inspections et les contrôles,et sanctionner rigoureusement les violations.
L’année dernière, le gouvernement a publié un arrêté réglementant la gestion etl’organisation des fêtes, dans lequel figurent les conditions de cessation, encas de problèmes. En outre, le ministère de la Culture, des Sports et duTourisme a demandé aux autorités des villes et provinces de réévaluer les fêteslocales, dans l’optique de préserver et valoriser celles véhiculant destraditions culturelles authentiques et, à l’inverse, de recadrer, voiresupprimer celles comportant des rites d’un autre âge. Les fêtes doivent prônerles valeurs culturelles, progressistes et non perpétuer des habitudes oucoutumes contraires aux bonnes mœurs et à l’ordre public. – CVN/VNA