Malgré un contexte peu favorable, les entreprises textiles font preuve d’un réel dynamisme et affichent une santé éclatante. Elles misent sur le marché domestique pour s'assurer d'un développement durable.

Le groupe du textile et de l’habillement du Vietnam (Vinatex) termine l'année 2011 en apothéose. Ses compagnies membres ont généré un chiffre d'affaires d’environ 17.200 milliards de dôngs sur le marché domestique contre 14.960 milliards de dôngs en 2010. Ce bilan, en hausse de plus de 15% en glissement annuel, confirme la montée en puissance d’une des industries phares de l’économie vietnamienne.

Durant l'exercice 2010, l'envolée de l'activité annuelle des entreprises du secteur a flirté avec les 20%, selon le vice-directeur général de Vinatex, Lê Tiên Truong. Les ventes textiles ne connaissent pas la crise, s’élevant à 2.175 milliards de dôngs chez la compagnie Phong Phu, à 1.119 milliards de dôngs chez la compagnie Viêt Thang.

Plusieurs raisons expliquent ces performances. Selon une enquête de Nielsel, spécialiste en études et indicateurs de marché, 90% des consommateurs de Hô Chi Minh-Ville et 83% de ceux de Hanoi ont déclaré avoir acheté des vêtements et textiles fabriqués au Vietnam pour leur prix – raisonnable – mais aussi pour la diversité de leurs gammes, leur qualité ainsi que la promotion qui en été faite...

Cette année, Vinatex vise une croissance de 18 à 20%, notamment en étendant et exploitant son réseau de distribution au Vietnam, lequel compte actuellement 3.445 magasins et succursales et 60 supermarchés Vinatex-mart, outre de nombreux points de vente en centre commerciaux. Et l’année commence bien puisqu’à l’approche du Têt, ses supermarchés vendent quotidiennement pour neuf milliards de dôngs de produits, au dire de sa directrice marketing Pham Thi Quynh Ny.

Les entreprises innovent et visent le marché intérieur

"Le marché domestique est, à tout le moins, très attrayant pour nos entreprises", affirme Hoàng Vê Dung, directeur exécutif du groupe Vinatex également président du conseil d'administration de la compagnie de confection Duc Giang. Cette dernière a affiché en 2011 une croissance insolente de 20% pour un chiffre d'affaires de 200 milliards de dôngs. De même, la compagnie de confection Dap Câu a réalisé 11 milliards de chiffre d'affaires, soit 0,5 milliard de dôngs en sus de son objectif annuel. Le succès de «nos articles s’explique par un renforcement de l’investissement dans nos moyens de production – dans les technologies notamment, mais aussi au niveau de la conception et du stylisme» , explique son Pdg Luong Van Thu.

Autre exemple confirmant cette tendance à peu près générale, la compagnie Thai Nguyên qui s’est restructurée en interne pour le marché domestique. Elle a créé un nouveau réseau et une nouvelle marque, tout en mettant sur pied un groupe de stylistes et en misant sur les lignes de produits spécifiques au marché domestique pour hommes, femmes et enfants. Une stratégie qui, selon son vice-directeur général Nguyên Duc Manh, lui a permis d’atteindre un chiffre d'affaires de 20 milliards de dôngs sur le marché vietnamien.

Autre stratégie, celle de la compagnie Viêt Thang qui délaisse la publicité grâce à l’originalité de ses articles dans des segments dépourvus de tous concurrents, telle sa ligne de vêtements de khaki infroissables, commercialisés en outre à des prix abordables. Un créneau qui va demeurer exploitable selon le vice-directeur général de la compagnie Viêt Tiên, Phan Van Kiêt, qui souligne que le pouvoir d'achat du consommateur vietnamien a augmenté en un an de 25 à 30%. D’où lancement de gammes dont les prix vont de 250.000 à 600.000 dôngs, ou visant une clientèle spécifique comme les employés de bureau avec ses complets de 2,5 millions à 5 millions de dôngs. Viêt Tiên a en outre créé une nouvelle marque Viêt Long qui cible spécialement les personnes de faibles revenus avec des prix de 180.000 à 250.000 dôngs... Concernant ce dernier créneau de 150.000 à 260.000 dôngs, la situation s’est désormais renversée, les entreprises vietnamiennes dominant aujourd’hui le marché domestique auparavant occupé par les produits de Chine.

Et ce ne sont pas seulement les chiffres qui parlent, il suffit de sortir dans la rue. Ainsi, à Hô Chi Minh-Ville, on constate que les magasins aux enseignes Ha Gatini, Ninomax, N&M, Viêt Thy, Viêt Tiên ou An Phuoc... des rues de Lê Van Si , Hai Bà Trung et Nguyên Dinh Chiêu ne désemplissent pas. Chez Ha Gatini, une marque de la compagnie Nhât Hà, les clients achètent sans hésiter des vêtements à la mode à 300.000 dôngs. Les jeunes de 16 à 23 ans préfèrent Ninomax. Les hommes préfèrent souvent les chemises An Phuoc ou Viêt Tiên qui vont de 300.000 à 500.000 dôngs, à celles importées de Malaisie et de République de Corée valant entre deux et quatre millions.

Toutefois, "le point le plus important désormais, c'est la création de réseaux nationaux de distribution par les entreprises domestiques de ce secteur", a estimé Nguyên Thi Hông Tin, chef de la section marché domestique du groupe Vinatex. -AVI