L'enseignement du thaï ancien prend un coup de vieux
Cheveux blancs, grand sourire, esprit ouvert, ce vieil homme a une
profonde passion pour la langue de son peuple. M. Lo n’a pas seulement
une énorme connaissance de cette culture, il écrit et parle couramment
aussi le thaï ancien. En observant son écriture souple et régulière,
personne ne penserait qu'elle est celle d’un ancien ingénieur de 66 ans.
«Actuellement, très peu de gens de mon village
connaissent les caractères du thaï ancien. On utilise le vietnamien
pour noter phonétiquement les poésies et les chansons folkloriques de
notre ethnie. Mais, l’usage d’une autre langue présente toujours des
inconvénients, et c’est la raison pour laquelle j’ai voulu ouvrir une
classe de thaï ancien», explique-t-il.
Réaliser
ce souhait n’a pas été simple. Conformément à la réglementation de
l’éducation nationale, il a dû contacter le Centre de formation continue
de la province de Son La pour s’inscrire dans une classe d’enseignants
de thaï, et demander également une aide aux autorités locales.
Après trois mois de formation, il a été reçu son certificat.
Immédiatement, il a ouvert sa première classe en 2010. Ne disposant
d’aucun lieu, il a emprunté le rez-de-chaussée de la maison de Luong Van
Khuom pour en faire une salle de classe, en récupérant un tableau, des
tables et des bancs anciens de l’École secondaire de Chieng Ly. Le reste
du matériel nécessaire, il a acheté lui-même.
Quant au support pédagogique, il est fourni par le Centre provincial de
formation continue. Celui-ci comprend 69 leçons regroupées en trois
parties : d’abord, l’étude des caractères un par un, puis, écrire des
caractères faciles et maîtriser leur combinaison rythmique, et enfin,
pratique de la lecture et de l’écriture, suivie par une évaluation du
niveau de l’élève.
Ses premiers cours ont attiré
plus de 40 élèves de tous âges entre septembre 2010 et mars 2011. Seul
enseignant en ce domaine, il poursuit désormais cette formation en
donnant des cours tous les soirs du lundi au samedi. Chaque élève ne
doit payer que 1.000 dôngs par cours, juste pour payer l’électricité.
Malgré
le manque de matériel, de nombreux élèves ont suivi régulièrement cette
formation, M. Lo étant réellement satisfait de leurs résultats. En
effet, «en trois mois, les apprentis lisent, écrivent et parlent
couramment. Les meilleurs, comme Bac Thi Niêm, Luong Van Hông ou Hà Ngoc
Son par exemple, peuvent même chanter des chansons dans cette langue.
Et le besoin d’apprendre le thaï est de plus en plus important, en
particulier chez les enfants». M. Lo a donc décidé d’ouvrir de
nouvelles classes afin de promouvoir le thaï ancien dans sa communauté. -
VNA