Le tissage zeng est l’apanage des Ta Oi, une ethnie de la province de Thua Thien-Hue, au Centre, qui a élu domicile dans le district montagneux d’A Luoi. Ces dernières années, les autorités locales se sont attachées à redonner vie à cet artisanat traditionnel en créant de petites coopératives.

Le tissage zeng est en fait une sorte de tissage de brocatelles, mais de brocatelles dont l’originalité réside dans des motifs ornementaux créés à l’aide de petites perles de verre, introduites dans le tissu. Ces perles valent en tout cas de l’or pour les Ta Oi qui vendent leurs brocatelles partout, aussi bien dans leur province que dans l’ensemble du pays et même à l’étranger.

Le tissage zeng aurait facilement pu tomber dans l’oubli. Il n’était plus pratiqué que par de rares personnes, et encore, pour répondre à des besoins strictement familiaux. Il aura fallu qu’une certaine Mai Thi Hop se décide à créer un atelier et qu’elle propose en sus des cours de formation pour que le tissage zeng renaisse de ses cendres, tel le phoenix. "J’ai pu trouver des débouchés pour nos produits. Ca me rend vraiment très heureuse, tout ça ! En faisant d’une pierre deux coups, j’ai réussi à procurer du travail à des femmes en difficulté tout en participant à la préservation de ma culture ethnique".

De mini-coopératives de tissage de zeng ont été créées dans les communes de Phu Vinh et de Nham, mais également au chef-lieu du district montagneux d’A Luoi. Et contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, les femmes Ta Oi ne sont pas les seules à pratiquer le métier. Leurs consoeurs Co Tu, Pa Ko et Van Kieu les imitent très volontiers. Nguyen Manh Hung, vice-président du comité populaire du district d’A Luoi : "Nous accordons une attention particulière au tissage zeng, comme à tout ce qui touche de près ou de loin à la culture ethnique et aux villages d’artisanat traditionnel. Le tissage zeng est vraiment une particularité des Ta Oi d’A Luoi. Le remettre au goût du jour nous permet de développer le tourisme et donc l’économie locale".

Depuis de nombreuses années, le service de la Culture, du Sport et du Tourisme de la province de Thua Thien-Hue s’attache à remettre le tissage zeng à l’honneur, et ce, dans le cadre de ses efforts de lutte contre la pauvreté. Aujourd’hui, les brocatelles des Ta Oi ont trouvé leur place sur le marché. Selon Le Thi Kim Thoai, qui habite la commune de Nham, chaque produit se vend entre 300 000 et 1,5 million de dongs. Chaque personne peut donc gagner de deux à trois millions de dongs par mois grâce à ce travail.

Ainsi, rétablir le tissage zeng permet à la fois de préserver l’identité culturelle des Ta Oi et de sortir ceux-ci de la pauvreté. Les coopératives des villages Ta Oi sont devenues des destinations attrayantes pour les touristes, aussi bien vietnamiens qu’étrangers. Pour l’ethnologue Nguyen Van Manh, le zeng renferme les valeurs culturelles de l’ethnie Ta Oi qui ont survécu à travers le temps.

En cette période, alors que l’industrialisation et la modernisation érodent le patrimoine culturel matériel comme immatériel, le tissage zeng est un héritage original des Ta Oi et des ethnies habitant la cordillère de Truong Son.

La province de Thua Thien-Hue est en train d’élaborer un dossier sur la préservation du tissage zeng, dossier qui sera ensuite soumis au ministère de la Culture, du Sport et du Tourisme afin de faire inscrire ce métier au patrimoine culturel immatériel national. Mais d’ores-et-déjà, le district d’A Luoi accorde des aides financières au tissage zeng qui, en plus d’être une belle tradition, est une véritable manne. -VNA