Hanoï (VNA) - Nguyên Van Thai, directeur de Save Vietnam’s Wildlife, s’est vu décerner le prix Goldman de l’environnement 2021 pour avoir sauvé plus d’un millier de pangolins, mammifère le plus braconné au monde. Il est devenu le premier Asiatique à recevoir ce titre prestigieux.
"J’ai été vraiment surpris d’apprendre que j’étais l’un des gagnants du prix de cette année. Parce que je n’avais pas à soumettre de candidature ou à postuler. Les organisateurs ont secrètement trouvé des candidats, les ont évalués puis ont annoncé leurs noms", a partagé Nguyên Van Thai après avoir reçu le prix Goldman de l’environnement 2021 lors d’une cérémonie virtuelle tenue le 15 juin, pour sa contribution au sauvetage de 1.540 pangolins du commerce illégal entre 2014 et 2020.
"Je suis également très fier d’être le premier Vietnamien travaillant dans le domaine de la protection de la faune à recevoir ce prix, le plus gros que j’ai reçu de ma vie jusqu’à présent. Il m’aidera à renforcer la confiance entre les partenaires internationaux, les sponsors et la communauté vietnamienne afin qu’ils coopèrent avec moi à la conservation de la faune", a-t-il ajouté.
Nguyên Van Thai, 39 ans, a grandi à proximité du Parc national de Cuc Phuong, province de Ninh Binh, à deux heures de route du sud de Hanoï. Enfant, il ne supportait pas de voir des pangolins tués par des villageois et il a rapidement décidé de faire de la protection animale son métier.
Motivation supplémentaire pour conserver la faune
Il a étudié la protection et la gestion des forêts à l’Université forestière de 2001 à 2005. Cinq ans plus tard, il s’est rendu au Royaume-Uni pour une formation de six mois en gestion de la conservation de la faune. Il a ensuite suivi une maîtrise en conservation de la faune à l’Université nationale d’Australie en 2012.
En 2014, il a fondé Save Vietnam’s Wildlife (Centre pour la conservation de la faune au Vietnam), une organisation non gouvernementale dont le siège se trouve au Parc national de Cuc Phuong. Cette dernière est chargée de lutter contre la capture des pangolins et de sauver ceux qui sont blessés grâce à la création de la première équipe anti-braconnage du Vietnam et de deux centres de réhabilitation fonctionnelle.
Environ 80% des pangolins transférés ont été sauvés par des vétérinaires, dont les méthodes et les traitements s’améliorent, puis remis en liberté.
Sensibilisation à la protection de la faune
Nguyên Van Thai a étendu son rayon d’action dans d’autres zones du Vietnam. Dans le Parc national de Pù Mat, province de Nghê An (Centre), à la frontière avec le Laos, il a formé des gardes forestiers pour créer la première unité vietnamienne de lutte contre le braconnage.
Sur 380.000 ha de forêt, l’équipe a détruit presque 10.000 pièges, démantelé 775 camps de braconniers et arrêté 558 d’entre eux. Le pangolin est le mammifère le plus braconné et le plus trafiqué au monde. Trois espèces de pangolins asiatiques sur quatre sont en danger critique d’extinction. Au cours de la dernière décennie, on estime que plus d’un million de pangolins ont été braconnés dans le monde, et le Vietnam est un foyer particulier : en 2004, 60 tonnes de pangolins vivants ont été saisies.
En 2016, Nguyên Van Thai a ouvert le Centre d’éducation des carnivores et des pangolins dans son village natal, le premier du genre au Vietnam, afin de dispenser des cours de conservation de la faune aux enfants locaux et au grand public.
Il donne également des cours de formation aux douaniers, aux gardes-frontières et aux gardes forestiers sur les lois sur la faune et la manière de bien prendre soin des pangolins saisis.
Dans les années à venir, M. Thai prévoit de développer le modèle de protection de la faune dans de nombreux Parcs nationaux à travers le pays. Il continuera à développer les moyens de subsistance des habitants des zones de conservation clés du pays, ainsi qu’à les sensibiliser pour changer leur comportement en matière de consommation d’animaux sauvages. Il envisage aussi d’encourager les contributions d’entreprises et de particuliers à la conservation de la faune et de la biodiversité.
"Une personne ou une organisation ne peut pas tout changer et ne peut pas sauver les pangolins. Pourtant, si tout le monde agit ensemble, nous pourrons sauver cette espèce de l’extinction", a souligné M. Thai.
Le prix Goldman pour l’environnement a été créé en 1989 par les dirigeants civiques et philanthropes de San Francisco, Richard et Rhoda Goldman. À ce jour, plus de 200 lauréats ont été honorés, dont 87 femmes, venus de plus de 90 pays. Ce prix a mis en lumière de nombreux problèmes critiques auxquels la nature est confrontée.
Le prix Goldman de l’environnement
Le prix Goldman de l’environnement 2021 - connu sous le nom de "Green Nobel" ou "Nobel vert" - récompense des individus pour leurs efforts soutenus et significatifs pour protéger et améliorer l’environnement naturel, souvent au péril de leur vie. D’une valeur de 200.000 USD, Goldman rend hommage chaque année aux héros environnementaux locaux des six régions continentales habitées du monde : Afrique, Asie, Europe, îles et nations insulaires, Amérique du Nord, Amérique du Sud et Amérique centrale. -CVN/VNA