Lê Hac, 78 ans, vit dans laville de Thanh Hoa, province éponyme du Nord. Photographe professionnel,il a la chance d’être souvent en mission, ce qui lui permet defréquenter ces petites auberges à thé où les gens ont l’habitude deconsommer ce précieux breuvage toute la journée.
De chaque voyage,Lê Hac rapporte chez lui au moins une théière, soit rachetée auprèsd’habitants, soit offerte par des amis. Au fil des années, des armoiresremplies à ras bord de ces récipients ont envahi tous les recoins de lamaison.
«Je ne peux pas dire précisément quand j’ai commencé àêtre charmé par les théières et à les collectionner. Au Vietnam, ce sontd’indispensables objets de la vie quotidienne. Je préfère les théièresaux bols ou aux assiettes car elles ont des ornements originaux, subtilset fins», confie-t-il.
Un musée privé
Sa petite maisonen tuiles, d’architecture rurale traditionnelle, est un vraimini-musée. Une seule armoire à ses débuts il y a 45 ans, une dizainemaintenant, bien rangées et… remplies à ras bord. Ses 2.000 théièressont de toutes tailles, de toutes couleurs et de tous styles. En fer,aluminium, cuivre, fonte, porcelaine, mais aussi en bois, verre voiremême plastique ! Et pas deux pièces identiques. Le collectionneur estparticulièrement fier de ses théières datant de la dynastie chinoise desHan (de 206 avant J-C à 220 après J-C.) ou des dynasties vietnamiennesdes Ly (1009-1225) et des Trân (1226-1400).
Après 45 ans decollection, Lê Hac est bien incapable de dire laquelle d’entre elles aété la toute première. Dans ses armoires, il les dispose par ordrechronologique, les plus petites devant, les plus massives dernières. Lecollectionneur a une anecdote à raconter pour chacune d’entre elles, sesouvient toujours des circonstances de la «rencontre», de la négociationdu prix.
Pointant du doigt une théière de belle facture, ilconfie : «Ce cadeau d’un de mes amis a été conçue par un soldat del’Oncle Hô ayant participé aux combats dans la cordillère de Truong Son.Elle est en palissandre, un bois précieux. C’est l’une de mes piècesles plus originales». Notre homme prend dans ses mains une autrethéière, aussi grosse qu’une noix d’arec. Elle est l’une des quatre detaille similaire placées sur la première rangée de l’armoire installéeprès de la porte d’entrée. «Elle date de la dynastie des Ly. Elle n’estpas utilisée pour l’infusion du thé mais pour la décoration».
LêHac possède deux grosses théières ayant une contenance de 20 litres. Ila aussi plusieurs pièces originales ressemblant à une pêche chinoise degrosseur supérieure à la normale. Ces théières, au robinet en spirale,doivent être mises à l’envers pour ajouter de l’eau. Le photographeavoue que cette collection lui a coûté pas mal d’effort et d’argent.Quatre cent théières ont été rachetées à des collectionneurs de Chine,du Japon et de France. Certaines ont une grande valeur. Descollectionneurs lui ont même proposé jusqu’à un millier de dollars lapièce, mais il a refusé.
«Sur ma moto, je continue devadrouiller à des centaines de kilomètres pour mon métier dephotographe. Les opportunités d’enrichir ma collection sont doncnombreuses. Et mes enfants me soutiennent et m’encouragent», conclutl’artiste septuagénaire. – VNA