
Hanoï (VNA) - Le village de Giang Xa, dans le district de Hoài Duc en banlieue de Hanoï, est célèbre pour le banh bac (gâteau frit à base de riz gluant), une délicatesse vieille de plusieurs centaines d’années.
Le banh bac serait une spécialité qu’on offrait autrefois auroi Ly Nam Dê (503-548). Selon les anciens du village, ce plat a eneffet été créé au moment même où Ly Nam Dê établissait l’État Van Xuândont il s’attribuait le trône.
"Pour nous, le gâteau est le symbole du village. Auparavant, ilexprimait notre respect et notre sentiment envers le roi Ly Nam Dê etactuellement, il reflète l’âme et la culture de notre village", partage Dô Phu Phu, un artisan du banh bac de plus de 80 ans. De souvenir d’ancien, il explique aussi que legâteau n'était préparé autrefois que par les anciens du village mais queces derniers ont transmis des années plus tard la recette à leursdescendants pour préserver les valeurs traditionnelles des ancêtres. Cegâteau est maintenant servi pendant les occasions importantes telles queles fêtes du village ou les mariages. C’est une considération précieusepour les invités.
Son nom, "banh bac", est particulier pour les Vietnamiens qui peuvent s’en étonner. "C'estun nom parfaitement local. Bien qu'il soit frit, nos ancêtres ne l'ontpas appelé pas banh ran (frit) mais banh bac parce que nous utilisonsd’abord nos mains pour le faire frire et le retourner sur la poêle aulieu d'utiliser des baguettes", explique l’octogénaire.
M. Phu dit que pour obtenir une fournée de banh bac savoureuse, un artisan doit choisir avec soin ses ingrédients que sont le nêp cai hoa vàng (riz gluant spécial cultivé à Giang Xa), la pulpe de momordique, lesharicots verts, la cassonade, la graisse de porc et les feuilles debananier.
Le riz gluant est trempé dans de l'eau tiède pendant deux à troisheures avant d'être broyé en poudre puis divisé en deux moitiés, l'uneutilisée pour la mélanger et la colorer en rouge avec des pulpes demomordique et l'autre laissée en blanc.
Une belle fleur colorée
Les étapes les plus importantes sont de bien pétrir la poudre pourqu'elle devienne souple puis de la frire dans une poêle en fonte. "Pourfaire d'excellents banh bac , je dois utiliser mes mains pourretourner le gâteau sur la poêle à feu moyen pour assurer leur parfumoriginal", explique M. Phu.

La dernière étape consiste à placer les gâteaux rouge et blanc encouches alternées, puis à saupoudrer le gâteau de sucre et de haricotsverts, le tout enveloppé de feuilles de bananier ficelées. Il faut autotal entre cinq et six heures pour faire une fournée de gâteau.
"Quand j'étais jeune, mon père m'a appris à faire ce gâteau. Jedevais alors subir la forte chaleur de la cuisson sur mes mains pourfaire frire ces gâteaux. J’ai déjà pensé abandonner ce travail, mais monpère m'a beaucoup encouragé en disant que je devais faire de mon mieuxpour préserver le métier et le transmettre à nos jeunes générations", se souvient M. Phu, avant d’expliquer : "mon père disait que c'était la fierté de notre village".
Toujours selon le vieil artisan, chaque gâteau peut être coupé en 10 morceaux. "Chaquemorceau ressemble à une belle fleur colorée avec le rouge de lamomordique, le blanc de la poudre de riz gluant et le jaune des haricotsverts".
Venant de la ville de Hanoï, Dang Thi Thât a récemment acheté le gâteaupour l'offrir à la famille de sa future belle-fille comme cadeau defiançailles et a déclaré qu'elle était intéressée par le gâteau enraison de sa couleur et de ses arômes. "Le banh bac marie le parfum du riz gluant avec la douceur sucrée de la momordique et le goût beurré des haricots verts", a indiqué Mme Thât.
Pham Tuân Hai, un ancien membre du jury du Vietnam Master Chef, adéclaré qu'il n'y avait pas d’autres endroits au Vietnam avec un telgâteau et que les habitants de Giang Xa devaient par conséquent essayerde le conserver. -CVN/VNA