Hanoï (VNA) - À l’époque de la transformation digitale où règnent les nouvelles technologies, les jeunes artistes en profitent pour prospérer.
Auparavant, une carrière dans les arts traditionnels n'était pas appréciée. Les préjugés tels que "les artistes vivent dans la pauvreté", "les bas revenus", "la précarité" empêchaient les jeunes de faire carrière dans ce domaine. Ils choisissaient d'exercer d'autres activités professionnelles aux revenus plus élevés. Cependant, l’émergence de l’art digital grâce à l’intelligence artificielle a ouvert une porte aux jeunes artistes dans le monde professionnel.
L’art digital représente une opportunité pour les jeunes
Le terme art digital (utilisé pour la première fois dans les années 1980), est une méthode de création et de diffusion artistique permettant de fusionner l’art et le multimédia telle que la télévision, Internet ou d’autres plateformes numériques. Aujourd’hui, les arts numériques sont au centre de la tendance et séduisent toutes sortes d'adeptes d’art, même issus de pratiques plus traditionnelles. Outre les expériences virtuelles rendant les contenus plus largement accessibles, ce format apporte une nouvelle forme d’interactivité et engage plus de publics à travers des lieux physiques d’exposition.
Selon les données de 2017 du Centre de prévisions de demande de main d’œuvre et d’information sur le marché du travail du Vietnam, l’industrie du design graphique - un champ distingué de l’art digital, est en recherche de 1.500.000 employés. Grâce à une demande en forte croissance, ce métier a le vent en poupe ces dernières années dans notre pays, dont le salaire de base varie entre 6.000.000 VND et 15.000.000 VND. Au niveau mondial, la taille du marché de l’art en ligne a presque doublé en passant de 1.24 milliard d’euros en 2013 à 2.97 milliards d’euros en 2018.
Ainsi, de nombreux jeunes artistes francophones ont saisi cette opportunité en surmontant les préjugés pour s'épanouir et faire entendre la voix de leur passion.
La jeune artiste Thanh Huyên montre son amour pour l'histoire vietnamienne à travers des illustrations numériques
Bénéficiant de la digitalisation, Thanh Huyên (surnommée Comet Withouse) a réussi à illustrer l’histoire vietnamienne à travers de jolis dessins numériques.
Diplômée en Gestion des territoires (car ses parents s'inquiétaient de l’employabilité des métiers de l’art), Thanh Huyên n'avait suivi aucune formation spécialisée. Mais sa passion flamboyante l’a incitée à apprendre pendant ses années d’études universitaires les logiciels de conception graphique (Adobe Illustrator, Premiere, After Effect et XD). Elle se lançait également dans toutes sortes de domaines basés sur le graphisme tels que l’animation, les bandes-dessinées, les jeux vidéos, la conception des vêtements, etc.
À l’heure actuelle, elle est membre du groupe Đại Việt cổ phong (Ancien Vietnam) qui réunit les amoureux de la tradition vietnamienne, ainsi que fondatrice d’une fanpage de 10.000 abonnements où elle partage ses illustrations des personnages historiques et des costumes traditionnels des dynasties du pays. Et son œuvre la plus célèbre, Việt Sử Diễn Họa (Histoire du Vietnam illustrée par les dessins) glorifiant nos 4.000 ans d'héroïsme en 208 pages a été publiée par l’édition Văn Hóa - Văn Nghệ TP.HCM en 2020. Ce livre est non seulement apprécié par le public de tous âges mais aussi par des journaux prestigieux tels que Thanh Niên, Tuổi Trẻ et la Radio La Voix du Vietnam.
La vie de Chérubini a changé à jamais grâce à ses publications sur Instagram
Tandis que Thanh Huyên est inspirée immensément par la tradition, Fiona, une française ayant grandie à Singapour a exploité avec son pinceau numérique le territoire des collages artistiques encore inexplorés.
Son surnom Chérubini vient des chérubins - des petits anges dans les tableaux de la Renaissance.
Avant la pandémie de COVID-19, Chérubini ne faisait pas beaucoup d’art. Elle était partie en France pour faire des études qui n’avaient rien à voir avec ce domaine. Mais la propagation de la pandémie ayant causé le confinement social l’a incitée à poster ses dessins et ses collages sur son compte Instagram @Cher.ubini. Surprise par les belles réactions reçues, elle a pris une décision qui a changé sa vie : consacrer entièrement son temps à l’art digital.
Les créations de Chérubini comprennent des images de petites scènes du quotidien découpées, assemblées et composées avec sa tablette et son ordinateur. En outre, grâce aux ressources inépuisables sur Internet, elle peut aussi créer à partir de rien, en utilisant des images bizarres, perdues, oubliées et extraordinaires.
En ce moment, Fiona travaille dans une entreprise qui fait de la réalité virtuelle, où elle s’occupe du vidéo mapping, du film, de l’art immersif et du montage. Le mois de février 2020 a marqué un moment charnière dans sa carrière, où elle a collaboré avec le musicien et producteur allemand Veganiel afin de concevoir la couverture de ses albums.
Ces deux artistes représentent des jeunes qui souhaitent se mobiliser pour faire évoluer des stéréotypes restés pendant très longtemps sur la profession artistique. Gagner leur vie par les peintures n'est plus "une chimère" grâce aux nombreuses plateformes (réseaux sociaux, artstation, … ) où une œuvre est facilement téléchargée et exposée à des milliers, voire des millions de personnes. De plus, ces "digital natives" s’enthousiasmant pour l'esthétique s’orientent vers l'auto-apprentissage en logiciels numériques afin de combler le manque d'expertise dans ce domaine.
La voix des artistes digitaux se fait entendre
Les jeunes artistes ont la capacité de changer la perspective grâce à la maîtrise des plateformes modernes, évolutives et innovantes. L’immense manque de personnel dans ce domaine pourrait être rempli par les futurs designers et dessinateurs enthousiastes et talentueux.
D’ailleurs, la société a commencé à apprécier la flamme de la passion des artistes numériques avec l’énorme demande de travailleurs. En plus, plusieurs compétitions ont été lancées pour accueillir et honorer les jeunes talents : Prix global d’Art (The Global Art Award), le concours “Création de logo” de l’Ambassade de France et de l’AUF,... Enfin de compte, les artistes timides qui fuyaient les feux de la rampe ont enfin eu l'occasion de s'exprimer plus haut et plus fort. -CVN/VNA