Position géographique, grande façade maritime, caractéristiques de son économie, le Vietnam a tout pour développer significativement les activités de logistique.

Selon l’Association des services logistiques du Vietnam, la logistique est un secteur potentiel qui pèse 20 à 22 milliards de dollars par an. Dans un récent rapport économique, la Banque mondiale estime que le Vietnam est la 53e des 155 économies du monde étudiées, et la 5e en Asie du Sud-Est : avec 12 milliards de dollars par an, il participe déjà à près de 20% au PIB national...

Le marché recèle de magnifiques perspectives de croissance. Le Vietnam occupe une position stratégique dans la région comme dans le monde pour le transport international : porte d’entrée de l’Asie du Sud-Est comme de l’Asie de l’Est, il est également un lieu de transit du fret mondial.

C’est aussi un pays en voie de développement : qu’il s’agisse d’industries ou de distribution, l’essor de l’économie vietnamienne entraînera nécessairement celui de la logistique. Son poids actuel, au-delà de confirmer ce qui précède, résulte aussi d’un modèle économique fondé principalement sur l’export. Sur ce point, la logistique a un rôle essentiel en termes de compétitivité-prix des produits d’export et de profitabilité de l’activité d’import-export, comme le souligne Dô Xuân Quang, président de l’Association des entreprises de la logistique du Vietnam.

À cela s’ajoute l’évolution considérable que connaît la logistique, notamment sur le plan des services qu’elle recouvre. Il y a déjà longtemps qu’elle dépasse l’organisation et la gestion du stockage, de la manutention et du transport : elle a étendu son domaine en amont, vers l’achat et l’approvisionnement, comme en aval, vers la gestion commerciale et la distribution. Il n’y a plus désormais une logistique mais des logistiques : de l’approvisionnement – général ou non, de production, de distribution, de soutien, de service – marketing, après-vente, etc., outre la logistique des retours (reverse logistics)...

Modèle de B2C ou B2B

L’ensemble de ces activités répond au concept anglo-saxon de supply chain, c’est-à-dire la «suite des étapes de production et de distribution d’un produit depuis les fournisseurs des fournisseurs du producteur jusqu’aux clients de ses clients» (définition du Supply Chain Council), que ce soit dans le cadre d’un modèle de Business to Consumers ou de Business to Business (B2C et B2B)...

La logistique est donc vouée à un bel avenir : la stratégie nationale de développement d’une économie maritime pour 2020 et sa vision pour 2030 prévoit d’ailleurs qu’elle sera la première des filières de cette dernière en contribuant de 53% à 55% du PIB en 2020. Enfin, ce secteur ne va que plus rapidement se développer avec l’ouverture du marché vietnamien des services de logistique le 14 janvier dernier, en application des engagements pris par le Vietnam envers l’Organisation mondiale du commerce. Un évènement d’importance pour les opportunités qui vont s’offrir au pays comme à ses entreprises.

Concrétiser ces potentiels nécessite d’abord de développer ce qui constitue toujours la base de la logistique : les infrastructures, c’est-à-dire les réseaux portuaires, d’entrepôts, de manutention, etc.

Des opportunités à saisir

Les infrastructures se sont améliorées ces dernières années au Vietnam. Actuellement, le pays compte 42 ports capables d’accueillir des navires de 80.000 à 100.000 DWT, et le port Cai Mep-Thi Vai a récemment accueilli plusieurs navires de 150.000 DWT. Plusieurs centres logistiques ont été créé comme le Centre de distribution Hiêp Phuoc à Hô Chi Minh-Ville, ou encore les centres logistiques des ZI de Song Thân 1 à Binh Duong (Sud) et de Tiên Son à Bac Ninh (Nord). Mais il reste beaucoup à faire, ce que les spécialistes de la Banque mondiale ont relevé en constatant que le coût de la logistique au Vietnam est plus élevé en comparaison de nombreux pays de la région, comme le Japon, l’Indonésie, la Malaisie ou encore Singapour.

Si, dans l’immédiat, le Vietnam ne peut qu’optimiser les transports sur les réseaux existants et gérer les flux, il construit actuellement plusieurs ports nationaux comprenant des services de manutention et d’emballage. Le ministère des Transports et des Communications du Vietnam met en œuvre son projet de développement des services de logistique pour 2020. Celui-ci comprend de vastes projets de développement des transports, plusieurs politiques d’incitation de l’investissement dans la construction d’infrastructures, ainsi que l’amélioration de législation concernant la logistique.

Côté acteurs, les services sont également à développer. Aujourd’hui, le pays compte 1.200 prestataires en logistique dans de grandes villes comme Hanoi, Dà Nang et Hô Chi Minh-Ville. Le marché est dominé par 25 entreprises multinationales - APL, Mitsui OSK, Maersk Logistics ou NYK...- qui occupent 70-80% des parts de marché grâce à leurs capacités professionnelles et financières.

Le réseau d’entreposage, facteur décisif

Aujourd’hui encore, les entreprises vietnamiennes sont toujours pour l’essentiel des PME dont le capital est de l’ordre de 4 à 6 milliards de dôngs. Seules 10% d’entre elles sont des prestataires directs, les autres n’étant que des intervenants dans une chaîne logistique internationale.

Enfin, leurs ressources humaines qualifiées sont peu nombreuses, de l’ordre de 5% à 7% des effectifs. Elles ne manquent pourtant pas d’avantage devant leurs concurrents étrangers. Elles ont une profonde connaissance du marché, de la géographie du pays, de son climat, de sa culture, ainsi que de la psychologie des clients. «Elles possèdent également le réseau d’entreposage, ce qui est décisif», souligne Dô Xuân Quang. Si elles veulent tirer leur atout du jeu qui s’est ouvert en janvier, elles doivent se professionnaliser, notamment dans le supply chain, et investir dans leurs infrastructures comme dans la formation de leur personnel.

Certaines entreprises vietnamiennes font d’ores et déjà concurrence avec succès à leurs homologues étrangères, telle la compagnie Vinafco qui est devenue le prestataire de grandes entreprises comme Akzo Nobel, American Standard, Vifon... ou encore la compagnie ICD Tân Cang Song Thân qui fournit des services intégrés au groupe américain Kimberly-Clark... -VNA