Une grand-mère et son petit-fils ont été secourus dimanche, neuf jours après le séisme le plus meurtrier au Japon depuis 1923, tandis que les efforts pour refroidir les réacteurs à la centrale nucléaire de Fukushima rencontraient de nouvelles difficultés.

Les deux survivants, Sumi Abe, 80 ans, et Jin Abe, 16 ans, ont eu la chance de se trouver dans la cuisine lorsque leur maison s'est effondrée le 11 mars. Ils ont ainsi pu se nourrir en vidant le réfrigérateur, notamment de yaourts, selon le récit des secouristes. Le bilan du séisme et du tsunami, toujours provisoire, a dépassé dimanche soir les 21.000 morts et disparus, avec 8.450 décès confirmés par la police.

L'état de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima 1, qui compte six réacteurs, continuait à inspirer une vive inquiétude dimanche.

Le gouvernement a annoncé qu'elle ne serait plus jamais utilisée. Si cette décision était entérinée par l'opérateur privé Tokyo Electric Power (Tepco), Fukushima deviendrait la plus grande ruine nucléaire du monde, devant Tchernobyl qui ne comptait que quatre réacteurs achevés au moment de l'accident en 1986.

Sept secouristes de Fukushima ont déjà été exposés à des niveaux de radiations supérieurs à 100 millisieverts, le seuil à partir duquel augmente le risque de développer un cancer plus tard.

A l'extérieur de la zone d'exclusion de 20 km autour de la centrale, des teneurs en substances radioactives été relevées à nouveau dimanche dans du lait, des épinards et d'autres végétaux en différents endroits, selon les mesures effectuées par les autorités japonaises.

Les autorités ont multiplié les déclarations rassurantes et appelé les Japonais, très sensibles aux questions de qualité alimentaire, à garder leur calme.

A cela s'ajoutent les craintes que les pluies, tombées dimanche, n'entraînent des retombées radioactives. ** Un niveau d'iode radioactif plus de trois fois supérieur à la limite légale a été relevé lundi dans l'eau d'un village situé à 40 km de la centrale nucléaire de Fukushima, a indiqué lundi le gouvernement, ajoutant qu'il n'y avait pas de risque immédiat pour la santé.

Le ministère de la Santé a précisé que la quantité d'iode radioactif dans un échantillon prélevé dimanche à Iitatemura, à environ 40 km de la centrale, s'élevait à 965 becquerels par kg, contre 300 becquerels par kg fixés comme limite à partir de laquelle il est déconseillé de boire l'eau. La préfecture de Fukushima va fournir de l'eau potable à la population du village, qui compte environ 4.000 habitants, ont rapporté les médias.

Un niveau de 308 becquerels par kg d'iode 131 radioactif avait été relevé jeudi à Kawamata, un autre village de la même préfecture. Ce taux était retombé à 155 vendredi, puis à 123 samedi, avait indiqué plus tôt le ministère. De l'iode radioactif a aussi été mesuré, mais à des niveaux bien moindre, dans l'eau de la région de Tokyo, toujours selon le ministère de la Santé.

Des niveaux de radioactivité excédant la limite légale ont par ailleurs été décelés sur du lait et des épinards dans la préfecture de Fukushima et dans celle d'Ibaraki, située entre la centrale accidentée et la mégapole de Tokyo.

Dans le Nord-Est, la situation humanitaire demeure précaire pour les quelque 400.000 sinistrés du séisme et du tsunami, confrontés aux risques sanitaires ainsi qu'aux pénuries d'eau courante et d'électricité dans certains centres d'hébergement.

Le séisme et le tsunami qui ont frappé le Japon le 11 mars pourraient coûter à l'économie du pays 235 milliards de dollars (165 mds d'euros), soit 4% de sa production nationale, a indiqué la Banque mondiale lundi.

La France va acheminer une aide alimentaire d'urgence, des médicaments et des instruments de mesure de radioactivité dans le nord-est du Japon, dévasté par un séisme et un tsunami qui ont également endommagé une centrale nucléaire, a-t-on appris dimanche.

Un Antonov 224 affrété par les autorités françaises est attendu le 25 mars au Japon avec une cargaison d'une centaine de tonnes, a déclaré à l'AFP l'ambassadeur de France, Philippe Faure.

L'appareil, l'un des plus gros avions de transport du monde, doit apporter des conserves, du lait en poudre, du lait pour bébé, 150.000 bouteilles d'eau, ainsi que des médicaments et des produits d'hygiène corporelle.

L'autre partie de la cargaison sera composée de matériel utilisé dans les situations de crise nucléaire: dosimètres, radiomètres, contaminomètres, des masques, une remorque de contrôle atmosphérique et un camion de mesures des conditions environnementales.

Le Japon a lancé l'immense chantier de la reconstruction. Sur la pelouse du terrain de foot du collège de Rikuzentakata, les travaux ont commencé ce week-end pour construire 36 maisons préfabriquées, première étape de l'énorme chantier pour reloger les centaines de milliers de sinistrés du tsunami.

Ces maisons de bois feront 30 m² avec un salon-cuisine, deux chambres et tout le confort (chauffage, toilettes, salle de bain). Elles accueilleront des familles de deux à cinq personnes.

Les travaux se termineront à la fin du mois ou au début avril, selon le maire de la petite ville portuaire dévastée par la catastrophe du 11 mars.

Deux cents maisons à moyen terme autour de l'école sont prévues. Les personnes âgées et les familles avec enfants auront la priorité dans l'attribution des logements.

Dans cette ville, environ 9.500 personnes, soit un tiers de la population, ont perdu leur logis. Elles sont estimées à plus de 400.000 sur l'ensemble de la région touchée. - AVI