Hanoï (VNA) - La cause révolutionnaire du Vietnam et le Parti communiste du Vietnam prospèrent grâce à l’ingéniosité de ses membres. Kim Ngoc, secrétaire de l’antenne provinciale de Vinh Phuc (nord) de 1958 à 1977, était l’un des plus brillants et des plus courageux.
Il est connu pour avoir inventé le contrat agricole dit «khoan hô» qui consiste à conditionner la rémunération des agriculteurs au volume et à la qualité de leur production. Ce contrat, qui nous paraît aujourd’hui tout à fait évident, était, à l’époque de l’économie collective, une vraie révolution. Il a inspiré les initiateurs du Renouveau national 12 ans plus tard.
Nguyên Ngoc Hung, 80 ans, est l’ancien secrétaire de l’antenne du Parti communiste du Vietnam dans la commune de Tân Lâp, province de Vinh Phuc. C’est en 1968 qu’il rencontre pour la première fois Kim Ngoc, alors secrétaire du Comité provincial du Parti, lors d’une réunion sur la fusion des deux provinces de Vinh Phuc et de Phu Tho. C’est à cette occasion qu’il entend parler du contrat agricole «khoan hô» selon lequel les agriculteurs sont rémunérés en fonction du volume et de la qualité de leur production. L’instauration de ce modèle a permis de mettre fin à l’inertie observée dans les coopératives agricoles locales qui fonctionnaient jusque-là suivant le principe de l’égalitarisme.
Nguyên Ngoc Hung se souvient : «Kim Ngoc nous demandait comment allait notre coopérative. Nous lui répondions franchement que ça allait mal aussi bien sur le plan de la gestion que sur le plan de la productivité. Les membres n’étaient pas motivés et ne travaillaient pas correctement. Leur productivité et leur niveau de vie s’en trouvaient sérieusement compromis. Kim Ngoc nous a alors suggéré de faire valoir l’autonomie des agriculteurs en leur donnant un contrat selon lequel ils seraient rémunérés en fonction de la quantité et de la qualité de leur production».
Le 10 septembre 1966, le Comité du Parti de la province de Vinh Phuc, dirigé par Kim Ngoc, publiait sa résolution 68 relative à «la gestion de la main d’œuvre agricole dans les coopératives actuelles». L’objectif était de conditionner la rémunération des agriculteurs à la quantité et à la qualité de leur production, et donc de les encourager à produire plus et mieux. Mais cette vision avant-gardiste a coûté cher à Kim Ngoc. Jugée contraire à la ligne du Parti, son initiative avait été rejetée. Kim Ngoc a dû rédiger une auto-critique, jurant de poursuivre le mouvement de transformation des communes agricoles en coopératives.
Il aura fallu attendre 1988 pour que sa vision soit adoptée au plus haut sommet du Parti. Le Bureau politique publie alors la résolution No.10 sur «le renouvellement de la gestion de l’économie agricole», accordant aux agriculteurs l’autonomie dans leur production, le droit d’utiliser durablement leur terre et la liberté d’écouler leurs produits. Un an après, en plus de couvrir les besoins de sa population, le Vietnam exportait ses premières tonnes de riz. S’il est aujourd’hui l’un des plus grands exportateurs du monde, c’est grâce en partie à Kim Ngoc, affirme Lê Thành Y, de l’Association vietnamienne des Sciences pour le développement rural.
«C’est avec un immense courage que Kim Ngoc a proposé son modèle qui accordait plus de liberté aux agriculteurs et les incitait à améliorer leur rendement. Le pays doit son développement agricole actuel à des particuliers audacieux comme lui. La directive 100 et la résolution 10 du Parti qui ont donné lieu à des avancées économiques majeures du pays ont toutes été inspirées par Kim Ngoc», dit-il.
Depuis le lancement du Renouveau en 1986, Kim Ngoc est devenu un exemple d’audace pour le Parti, comme le fait remarquer Duong Minh Huê, de l’Institut d’Histoire du Parti de l’Académie politique nationale Hô Chi Minh: «Un dirigeant doit agir et prendre ses responsabilités vis-à-vis de la population. Pourquoi Kim Ngoc a-t-il pu faire autant pour ses administrés? C’est parce qu’il a toujours été à leur écoute et en compassion avec eux».
La réalité de la vie est le meilleur baromètre de la pertinence des politiques et des initiatives. Les dirigeants doivent écouter les habitants pour comprendre leurs besoins réels et être en mesure de prendre les mesures appropriées.
Il faut aussi beaucoup de courage aux précurseurs actuels, pour, à l’instar de Kim Ngoc, oser sortir des chantiers battus et trouver de nouvelles voies. -VOV/VNA