Le transport ferroviaire, qui reste au Vietnam le principal moyen de transport de passagers, subit une concurrence de plus en plus affirmée par les autres moyens de transport, en raison de l’amélioration constante du réseau routier et du développement comme de la baisse du coût des vols par les compagnies aériennes à bas prix.

Selon les études réalisées, le réseau ferroviaire pâtit d’un manque de connexion en son sein, mais aussi avec son homologue routier. Toujours modeste, l’usager n’a qu’un faible choix de destinations dans le pays, ce qui l’oblige à recourir majoritairement aux moyens de transport routiers. "Je suis une usagère régulière de la ligne Hanoi-Lào Cai, mais ma province natale est Lai Châu, à 450 km au nord de Hanoi. Je n’ai pas d’autre choix que de prendre le bus pour rentrer directement. Si je prends le train, une fois à Lao Cai, je dois encore prendre un bus, alors...", explique Mme Phuong Dung.

À cela s’ajoute une moindre compétitivité puisque, de manière générale, les tarifs du train sont plus élevés que ceux des bus, voire des compagnies aériennes. Ainsi, un billet sur la ligne Hanoi - Saigon coûte 1,5 million de dôngs pour un trajet de 30 heures, contre 850.000 dôngs en bus Hoàng Long, et 590.000 dôngs avec la compagnie aérienne Vietjetair pour 2 heures de vol seulement... D’autres désagréments existent, comme la surcharge des trains se passe lors des jours fériés, en particulier ceux du Nouvel An.

Enfin, les spécialistes en la matière soulignent que le secteur ferroviaire est confronté actuellement à de nombreux obstacles dont un cadre juridique insuffisant, une planification des ouvrages souterrains déficiente, un manque de ressources humaines qualifiées, des problèmes d’administration, ou encore de difficultés dans la libération du foncier pour les projets d’infrastructures ferroviaires. Ainsi, plusieurs projets, notamment en zone urbaine comme les lignes Nhôn-gare de Hanoi, Cat Linh-Hà Dông, ou encore Nam Thang Long-Trân Hung Dao, accumulent les retards pour cette raison.

Pendant ce temps, plusieurs projets routiers sur l’axe Nord-Sud du pays seront prochainement mis en service, entraînant une plus forte concurrence pour le transport ferroviaire.

Dinh La Thang, ministre du Transport et des Communications, a enjoint le Département des chemins de fer du Vietnam et la Compagnie générale des chemins de fer du Vietnam à réviser 30 projets en cours afin de déterminer la causes des retards subis et prendre les mesures nécessaires pour y pallier. À l’issue de ce bilan, le ministère décidera de poursuivre ou non les projets suivant leur efficacité. Le ministre a également demandé à ce que le secteur se restructure dans le sens de davantage de "commodité, ponctualité, effectivité et sécurité".

Les spécialistes, pour leur part, sont allés plus loin : ils préconisent ni plus ni moins que la suppression du monopole public, laquelle, en permettant la participation du secteur privé, améliorerait la situation commerciale du transport ferroviaire, mais aussi d’accélérer l’actionnarisation des entreprises publiques du secteur.

Sur ce point, Trân Ngoc Thanh, président du Comité consultatif de la Compagnie générale des chemins de fer du Vietnam, a déclaré qu’à partir de cette année, le secteur va séparer ses activités publiques purement administratives de celles commerciales. La compagnie va se consacrer à l’actionnarisation de ses entreprises et faire appel à l’investissement privé afin de ne plus dépendre du budget de l’État pour son fonctionnement. Elle va de même améliorer la qualité de ses services en privilégiant l’application des nouvelles technologies à tous niveaux, de la direction générale à la vente des billets en passant par la gestion des infrastructures ferroviaires... S’agissant de ces dernières, les principales gares, Hanoi, Dà Nang et Saigon, seront rénovées et modernisées. Récemment, la gare de Hanoi a inauguré son passage aérien pour piétons, réalisé en trois mois de travaux seulement, ce qui facilite grandement le déplacement des passagers. -VNA