
Le quotidienanglophone Vietnam News de l’Agence vietnamienne d’information (VNA) s’estentretenu avec le Docteur Albert T.Lieberg, représentant de l’Organisation desNations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) au Vietnam, sur lesplans de prévention et d’intervention.
- Comment évaluez-vous les efforts du Vietnam pour faireface à la PPA et prévenir sa propagation?
Le gouvernement vietnamien se prépare à combattre la PPA depuis août 2018, quandle virus a touché une grande partie de la Chine. En particulier, un plan deprévention a été promulgué en novembre 2018 pour lutter contre la PPA, ycompris un plan d’intervention pour faire face à une éventuelle épidémie dansle pays. Le gouvernement s’y est engagé de manière proactive, ce qui est unecondition très positive pour pouvoir remédier correctement à la situation.
Selon mesobservations et mes informations, le gouvernement a réagi très rapidementniveaux à la fois national et provincial avec nombres d’activités différentes.Deux des plus importantes en termes de besoins directs et immédiats sont l’abattagedes animaux touchés par le virus et l’arrêt du transport des porcs en transitpar les provinces.
Jusqu’à présent, le gouvernement ettoutes les parties prenantes ont réussi à limiter géographiquement les foyersdans la partie nord du Vietnam.
- Quelles sont les recommandations de la FAO pourrenforcer les capacités de réaction du Vietnam à la PPA et empêcher sapropagation?
Bien que nous ayons formulé des recommandations, le gouvernement a lui aussidécidé d’affronter la situation de manière multisectorielle. La situationpréoccupe non seulement les producteurs eux-mêmes et le secteur de l’agriculture,mais aussi nombre d’autres secteurs économiques, tels que par exemple l’alimentationet la restauration.
La mise en place d’un comitéinterministériel ou d’un groupe de travail est en cours. Je pense que c’est unefaçon très intelligente de faire face à la situation.
D’après notreexpérience, un élément souvent négligé dans d’autres pays dans des situationssimilaires est de penser aux moyens de subsistance menacés de nombreusespersonnes impliquées dans le secteur et les sous-secteurs qui risquent deperdre leur source de revenu ou une partie de celle-ci. Comment peuvent-ilscontinuer à gagner leur vie? Comment ces familles peuvent-elles vivre avecleurs moyens de subsistance - à court et à moyen termes?
Le gouvernementvietnamien a été proactif dans la mise en œuvre de systèmes d’indemnisation enfonction de la région et de la situation du marché. Les producteurs sontindemnisés dans certains endroits avec environ 80% de la valeur marchande parkg de produit perdu.
Je voudraiségalement souligner l’approche de zonage recommandée, qui consiste à réduire lemouvement des porcs d’un endroit à l’autre.
Un autre élément que je veuxmentionner concerne les normes de biosécurité. La biosécurité doit êtrerenforcée à tous les niveaux dans les grandes exploitations et les petits ménages.Il est fondamentalement important que les procédures opératoires standard debiosécurité s’appliquent également aux personnes qui travaillent actuellementpour faire face à la situation - nous pouvons les appeler des travailleursd’intervention.
- La FAO avait appelé le Vietnam à déclarer une urgencenationale. Pourquoi pensez-vous que cela est nécessaire? Pourriez-vous préciserles critères de la déclaration d’urgence nationale?
Permettez-moid’apporter des précisions. De manière générale, à la FAO, nous parlons d’unetelle déclaration d’urgence à l’échelle nationale si la maladie aura un impactdramatique sur l’économie, en particulier sur un pourcentage élevé de lapopulation et la sécurité alimentaire, et affectera de manière imminente lespays voisins.
Selonl’évolution de l’ampleur de l’impact de la maladie au Vietnam, nous suggéronsfortement que le gouvernement observe et évalue la situation de près et demanière continue. Dans ce contexte, nous devons vérifier quotidiennement dansquelle mesure, si et quand, le gouvernement doit établir un niveau d’alerteinstitutionnel élevé.
Il y a environ 2,6 millions d’unités deproduction au niveau de ménages au Vietnam, multipliées par trois à quatrepersonnes par ménage, nous en arrivons à un nombre substantiel, soit 10millions de personnes qui, dans le pire des cas, pourraient potentiellementêtre touchées par l’épidémie. Évidemment, leurs revenus dépendentprincipalement de plusieurs sources, mais l’élevage porcin reste important.
De plus, vous avez environ 1.700 autresunités commerciales ou fermes plus grandes au Vietnam. Nous parlons ici d’unautre grand nombre de travailleurs qui dépendent entièrement du revenu dusecteur.
Cesquelques chiffres montrent déjà qu’il existe un très grand potentiel de ménageset de personnes susceptibles d’être touchées par l’épidémie dans le pire descas. Par conséquent, nous devons être très vigilants face à la situation.
Pourle moment, l’épidémie est encore au stade initial, mais l’expérience dans d’autrespays montre que le virus peut se développer considérablement, exponentiellementen quelques jours et quelques semaines. Mais nous sommes convaincus que legouvernement est bien placé pour pouvoir contrôler la situation. La FAO fera deson mieux pour soutenir le gouvernement et le peuple vietnamiens, notamment enaidant les ménages ruraux touchés.
Si cette maladie infectieuse doit davantagese propager aux pays voisins ou à la région, une telle situation pourrait alorsêtre qualifiée d’une urgence qui devrait alors être traitée collectivement parles gouvernements concernés des pays touchés. – VNA