Hanoï (VNA) - L'exportation de crevettes du Vietnam, présente sur 107 marchés, connaît une forte croissance. Afin de continuer à tirer parti des opportunités du marché, la filière doit prendre l'initiative de se standardiser, de la production au commerce.
Les cinq principaux marchés, Chine, États-Unis, Japon, UE et République de Corée, représentent 76 % des exportations. La dynamique positive de fin 2024 se poursuit en 2025 sur ces marchés clés, faisant de la crevette un produit à forte croissance dès le début de l'année.
Les entreprises exportatrices profitent bien de la reprise de la demande et des prix. De plus, grâce à leur réputation, à la qualité de leurs produits et aux avantages des produits transformés à valeur ajoutée, les entreprises vietnamiennes maintiennent leur part de marché dans des marchés exigeants comme le Japon, la République de Corée et l’UE.
La Chine a dépassé les États-Unis pour devenir le premier importateur de crevettes vietnamiennes. En particulier, les exportations de homard vers la Chine enregistrent une croissance spectaculaire. Rien qu'au premier mois de 2025, le homard a représenté près de la moitié des exportations totales de produits aquatiques vers la Chine, soit neuf fois plus qu'à la même période de 2024.
Les prévisions indiquent que la demande de consommation et d'importation de produits aquatiques devrait connaître une croissance positive avec la reprise des grandes économies et le potentiel de développement des marchés émergents tels que le Moyen-Orient, l'Afrique et l'Asie du Sud-Est. Sur le marché américain, les politiques sous la présidence de Donald Trump pourraient créer des opportunités pour l'exportation de crevettes et de pangasius vietnamiens, dans la mesure où les États-Unis pourraient réduire leurs importations en provenance de certains pays et renforcer leurs sources d’approvisionnement alternatives.
L'Association vietnamienne des producteurs et exportateurs de produits aquatiques (VASEP) estime qu'en 2025, les exportations de crevettes continueront de croître grâce à l'ajustement des stratégies de production et à l'expansion des marchés d'exportation. Cependant, la pression concurrentielle des principaux pays producteurs de crevettes tels que l'Équateur, l'Inde et la Thaïlande reste très forte.
Les réglementations strictes en matière de traçabilité et de qualité des marchés comme les États-Unis et l'UE exigent une compétitivité accrue des exportateurs vietnamiens pour maintenir leur part de marché. Les signaux positifs des marchés étrangers soutiennent les prix des crevettes brutes, encourageant l'expansion des élevages en 2025. Cependant, la filière vietnamienne doit surmonter des défis majeurs et se transformer en termes de production et de stratégies d'accès aux marchés pour assurer une croissance durable.
Les crevettes reproductrices du Vietnam dépendent toujours des importations, ce qui rend la filière vulnérable aux fluctuations du marché des géniteurs et entraîne des risques en termes de qualité et d’autonomie dans la production.
Par ailleurs, le coût de production des crevettes au Vietnam reste plus élevé que dans d'autres pays de la région, rendant les crevettes vietnamiennes moins compétitives par rapport à des concurrents comme l’Inde et l’Équateur.
Sans compter que la filière est régulièrement affectée par le changement climatique, l’intrusion saline, les sécheresses et des épidémies, entraînant des pertes et une baisse de productivité.

Les spécialistes suggèrent de mettre en place et de déployer des programmes de surveillance proactive des maladies, en particulier celles considérées comme dangereuses pour les crevettes, conformément aux réglementations de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE).
La VASEP, de son côté, propose que le gouvernement et les agences concernées mènent des actions de promotion du commerce ciblées sur les marchés clés pour maximiser les exportations de crevettes vietnamiennes, notamment en négociant avec la République de Corée la suppression des quotas dans le cadre de l'Accord de libre-échange Vietnam – République de Corée (VKFTA) pour ramener la taxation à 0 %.
Le vice-ministre de l'Agriculture et de l'Environnement, Phung Duc Tien, souligne l'importance d'améliorer les infrastructures, de renforcer la qualité des géniteurs pour une production autonome, de réduire les coûts d'élevage, de limiter les maladies, et de privilégier une production verte à faible émission intégrant les technologies numériques et la traçabilité.
Les entreprises et les éleveurs doivent élaborer des plans et se préparer aux nouvelles conditions de production, tant sur le marché national qu’international. En particulier, il est essentiel d’anticiper les nouvelles exigences du marché, d’adopter des technologies innovantes et d’améliorer les processus de production, en veillant à un contrôle rigoureux depuis l’approvisionnement en matières premières jusqu’à la transformation. De plus, il convient d’intensifier les échanges commerciaux afin d’éviter tout obstacle lié aux nouvelles réglementations, a souligné le vice-ministre Phung Duc Tien.-VNA