Hanoï (VNA) - L’Accord de libre-échange récemment signé avec l’Union européenne constitue une belle opportunité pour le Vietnam d’accroître ses échanges sur le marché européen fort de 508 millions d’habitants et d’un PIB de 18.000 milliards de dollars.

Si l’Accord de libre-échange Vietnam - Union européenne (EVFTA), conclu le 30 juin dernier, devrait accroître considérablement les échanges commerciaux du Vietnam avec le vieux continent, il s’agit également d’un grand défi à relever pour le pays. Les entreprises vietnamiennes devront en effet modifier leur stratégie pour profiter pleinement des retombées de cet accord.

EVFTA: beneficier au maximum des avantages hinh anh 1L’EVFTA sera un moteur pour la croissance du secteur national des produits aquatiques.
Photo:  Huy Hùng/VNA/CVN


Ce texte va supprimer progressivement, dans un délai de sept à dix ans, plus de 99% des droits de douane entre les deux parties. Dès son entrée en vigueur, un bon nombre de marchandises seront taxées à 0%. De l’avis de Vu Tiên Lôc, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Vietnam (VCCI), l’EVFTA devrait permettre aux entreprises vietnamiennes d’accroître leurs exportations vers l’UE et d’y importer des produits de qualité à des prix compétitifs. "Cet accord les aidera à augmenter leurs ventes vers des marchés exigeants tout en achetant équipements et matières premières à des prix raisonnables", a-t-il estimé.

Mais pour y parvenir, les exportateurs vietnamiens doi-vent répondre aux exigences européennes, notamment en termes de traçabilité des matières premières et de normes de sécurité sanitaire des aliments. Selon Vu Tiên Lôc, une restructuration des entreprises et une amélioration de leur gestion seraient ainsi nécessaires. "Les entreprises nationales doivent, dans cette nouvelle conjoncture, redéfinir leurs marchés cibles, c’est-à-dire des marchés qui appliquent des droits de douane faibles sur leurs produits. Il faudra pour cela répondre aux standards et aux critères de ces marchés. Mais, il est important de diversifier les débouchés et de ne pas dépendre d’un marché unique. En clair, leur stratégie commerciale doit changer en profondeur", a-t-il précisé.

Une aubaine commerciale pour les deux parties

La suppression des droits de douane va modifier le paysage commercial dans les deux sens. D’après Jean-Philippe Eglinger, Pdg de Viêt Phap Strategies, Hanoï va accélérer ses exportations de produits de la mer, de textiles ou encore de fruits et légumes. À l’inverse, l’Union européenne va renforcer sa présence au travers de produits pharmaceutiques, agroalimentaires haut de gamme, de vins ou encore d’automobiles.

EVFTA: beneficier au maximum des avantages hinh anh 2L’Union européenne est le 3e partenaire commercial du Vietnam. Photo: Danh Lam/VNA/CV


Aux yeux de Vu Tiên Lôc, pour profiter de la suppression des droits de douane, l’État devrait poursuivre sa réforme institutionnelle et réviser ses lois pour les rendre conformes aux dispositifs de l’EVFTA et d’autres accords de libre-échange. "Dans ce système, il faut savoir interpréter l’accord de la manière la plus avantageuse possible pour les entreprises vietnamiennes", a-t-il ajouté.

Le ministère de l’Industrie et du Commerce a soumis au gouvernement les démarches à suivre au niveau national pour ratifier ce texte.

Dès maintenant, les entreprises nationales doivent prendre connaissance des clauses de l’accord, dont les dispositifs sur la réduction des droits de douane, la reconnaissance des indications géographiques protégées, mais aussi sur les conditions de travail, le respect de l’environnement et de la propriété intellectuelle, pour adapter leur stratégie de développement sur le long terme. Elles sont également invitées à coopérer et à devenir un maillon de la chaîne de valeur nationale. Cela leur permettra de profiter des infrastructures de leurs partenaires pour réduire les coûts de revient et donc améliorer la compétitivité de leurs produits.

Simplifier les formalités d’import-export

L’EVFTA permettra de simplifier les formalités douanières et de faciliter les activités d’import-export. Dès son entrée en vigueur, le Vietnam annulera 48,5% de ses taxes d’importation sur les produits européens, soit l’équivalent de 64,5% de la valeur de ses importations en provenance de l’Union européenne. Après dix ans, 99% de ces droits, soit l’équivalent de 99,8% de cette valeur, seront annulés. Le reste sera supprimé dans un délai de plus de dix ans ou bénéficiera des priorités sur la base des contingents tarifaires de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

En ce qui concerne les taxes à l’exportation, cet accord prévoit la suppression dans un délai de 15 ans côté vietnamien, à l’exception des produits importants comme le pétrole brut et le charbon. En effet, les engagements du Vietnam pour les taxes à l’exportation dans le cadre de l’EVFTA sont pour l’essentiel similaires à ceux de l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP).
Ses engagements pour les services financiers, dont les services d’assurance et de bourse, sont également équivalents à ceux du Vietnam dans le cadre des accords avec l’OMC et d’autres accords de libre-échange conclus par le pays.

Actuellement, l’Union européenne est le 3e partenaire commercial et le 2e marché d’export du Vietnam (après les États-Unis). Les deux parties échangent chaque année pour environ 50 milliards d’euros de biens et 4 milliards dans les services. Dès l’entrée en vigueur de l’EVFTA, l’UE annulera 85,6% des taxes sur les produits vietnamiens et 99,2% des droits de douane seront supprimés
dans un délai de sept ans. Donc, le texte apportera nombre d’opportunités aux entreprises vietnamiennes, notamment celles des secteurs de la confection, de la maroquinerie, de l’agroalimentaire…

Selon les prévisions, les exportations du Vietnam dans l’Union européenne devraient atteindre 19 milliards de dollars en 2019 et 75 milliards de dollars en 2028. -CVN/VNA