Le Vietnam a célébré récemment le 25 e anniversaire de la Loi sur l’investissement étranger, occasion pour le pays de faire une rétrospective sur les moyens d’attirer et de gérer l’investissement direct étranger, mais aussi de prendre des mesures afin de mieux les recevoir.

Après 25 années de réception d’investissement direct étranger (IDE), on recense au Vietnam 14.550 projets en cours, représentant 211 milliards de dollars de capitaux enregistrés dont 97 milliards ont été décaissés, selon le ministère du Plan et de l’Investissement (MPI). 

Le secteur de l’IDE représente un quart de l’investissement national et a contribué de 14 milliards de dollars aux finances publiques durant la période 2001-2010, et de 3,7 milliards de dollars pour la seule année 2012. Enfin, les entreprises qui en sont issues ont réalisé 64% des exportations nationales en 2012. L’IDE a eu également une incidence positive sur la restructuration de l’économie vietnamienne en accélérant l’industrialisation et la modernisation du pays. Les capitaux qui ont alimenté les secteurs de la construction et de l’industrie ont cru de 18% en moyenne annuelle.

Peu de grands groupes étrangers sont présents

Selon les statistiques, 60% de l’IDE va dans ces deux secteurs qui contribuent à 45% de la valeur de la production industrielle nationale. Dans le secteur agricole lato sensu, il a contribué à la réorganisation de celui-ci, à la diversification de sa production et à l’augmentation de valeur ajoutée de ses produits au service de ses exportations. Dans le secteur tertiaire, il a donné naissance à plusieurs services de haut niveau comme les télécommunications, le tourisme international, l’audit, les secteurs bancaires et financiers. Les capitaux étrangers ont également contribué à accélérer les transferts de technologies et à améliorer les capacités technologiques dans le pays.

Le secteur des entreprises issues de l’IDE a créé directement plus de 2 millions d’emplois, et indirectement, 3-4 millions d’autres. Il a notablement contribué à améliorer la qualité des ressources humaines, y compris en matière de management, mais aussi à accélérer la réforme des entreprises publiques et la simplification des formalités administratives. Au final, il a directement participé à l’institution des mécanismes d’une économie de marché. 

Néanmoins, force est de constater qu’il y a encore trop peu de grands groupes étrangers au Vietnam et, parfois, leurs projets sont peu intéressants pour ce dernier, notamment sur le plan du transfert de technologies. Les investisseurs étrangers au Vietnam viennent pour l’essentiel d’Asie, en particulier des petites et moyennes entreprises qui en constituent la majorité.

Aujourd’hui, le pays a seulement attiré une centaine des 500 grands groupes internationaux. Le taux de décaissement de l’IDE reçu demeure modeste : 47,2% soit 97 milliards de dollars en 25 années. En outre, plus de 80% des entreprises issues de l’IDE emploient des technologies de niveau intermédiaire, contre 5-6% des hautes technologies, sans évoquer les 14% d’entre elles qui n’utilisent que des technologies arriérées.

Pour une meilleure attraction de l’IDE

Depuis trois ans, l’IDE a tendance à reculer nettement au Vietnam. Cela est dû, certes, à une conjoncture économique mondiale défavorable, mais aussi à un changement des politiques vietnamiennes. 

Ce changement s’est imposé suite aux problèmes constatés ces dernières années. Plusieurs grands projets se sont avérés décevants : défaut de mise en oeuvre, retards, arrêts... entraînant finalement un retrait de licences pour libérer un foncier inutilement immobilisé, ou une substitution d’investisseur. Des projets «virtuels» qui sont maintenant en baisse sensible car les autorités de ressort central comme local sont plus attentives dans leur choix d’un investisseur. Elles n’accordent la licence qu’à ceux qui sont sérieux et qui justifient de capacités financières réelles comme de compétences effectives afin de limiter les risques, a expliqué le ministre du Plan et de l’Investissement, Bùi Quang Vinh.

Le gouvernement vietnamien est aussi de plus en plus exigeant au niveau de l’agrément des projets, privilégiant ceux qui impliquent des transferts de technologie et respectent l’environnement. C’est pourquoi les projets de grands groupes américains, japonais, sud-coréens ou encore européens se sont vu délivrer ces derniers temps une licence d’investissement. Leur arrivée a d’ailleurs accéléré le développement d’une industrie auxiliaire au Vietnam car de nombreuses entreprises domestiques fournisseurs d’accessoires ont vu le jour depuis. L’actuelle structure de l’investissement a connu un profond changement avec 49% des projets dans l’industrie de fabrication. C’est un passage vers une structure durable de l’investissement.

Huit groupes de mesures fondamentales

« Le MPI a soumis au gouvernement un document sur l’amélioration de l’environnement d’affaires afin que le Vietnam soit plus attrayant pour les investisseurs étrangers. Nous avons défini huit groupes de mesures fondamentales en divers domaines, notamment en ceux de réforme administrative, de développement d’infrastructures et de formation de personnel qualifié suivant les normes des entreprises étrangères, celles-ci étant selon nous les plus importants », a déclaré son ministre Bùi Quang Vinh. Le MPI ne penche pas sur l’attraction des nouveaux projets, mais souligne l’accélération du dégagement des fonds inscrits. 

En effet, le rapport dressant le bilan de 25 ans d’IDE au Vietnam a souligné certaines insuffisances du cadre juridique actuel relatif à l’IDE et des politiques incitatrices de l’investissement. Il demeure des procédures administratives complexes qui découragent les entreprises. La tâche primordiale est donc d’affiner le statut de l’IDE, notamment en faisant des efforts de taxonomie économique afin que les entreprises puissent préparer en toute sécurité juridique leur investissement, notamment en le soumettant avec certitude au régime de tel ou tel secteur. Il faut aussi accélérer la réforme administrative et ce d’autant plus que, à ce jour, certaines procédures administratives ayant déjà été simplifiées demeurent encore trop complexes selon certaines entreprises étrangères. Il faut aussi généraliser le mécanisme de guichet unique, nombre de procédures administratives relevant toujours de différentes administrations publiques.

Les investisseurs étrangers ont réellement besoin d’un interlocuteur unique en mesure de les renseigner comme de recevoir l’ensemble des procédures et formalités administratives de leur projet. Enfin, les efforts de développement d’infrastructures comme de ressources humaines qualifiées, selon les critères et besoins de ces entreprises, doivent être poursuivis.

Le directeur du Département de l’investissement étranger du ministère du Plan et de l’Investissement, Dô Nhât Hoàng, précise que les prochaines années verront une priorité à l’IDE satisfaisant à un triple critère : recourir aux énergies propres et/ou renouvelables ainsi qu’à des technologies avancées respectant l’environnement, relever des secteurs de hautes technologies, être économe en énergie et/ou nécessiter un personnel hautement qualifié. - VNA