Des statistiques inquiétantes
Selon le Département de la démographie et du planningfamilial, en 2015, 6.000 avortements chez les adolescents ont étéofficiellement enregistrés, des chiffres sans doute en-deçà de la réalité. Mêmesi l’interruption de grossesse au Vietnam connaît une tendance à la baisse, lesinterventions chez les jeunes ne cessent de croître, et atteignent aujourd’hui20% des cas.
Près de 10% des filles de 16 à 19 ans sont déjà mariées,soit trois fois de plus que les garçons de la même tranche d’âge, et ce chiffrene cesse d’augmenter. Plus d’une Vietnamienne sur cinq a son premier enfantavant 20 ans (le taux est bien plus élevé dans les régions rurales), et 3% desgrossesses interviennent avant d’avoir atteint la majorité.
L’explication vient du fait que l’école et les parents nesavent ni quand, ni comment parler de la sexualité. Les jeunes n’ont dès lorspas assez de connaissance, ni de repère en la matière, une situation quiengendre de lourdes conséquences. Qui plus est, la donne a changé : lesadolescents ne ressemblent plus à ceux d’antan, et la puberté commence déjàvers 10 ans.
En marge de la conférence «L’éducation sexuelle auxenfants : quand est-ce le bon moment ?» qui s’est tenue à Hanoi en octobre2016, l’ancien vice-président du Département de la protection et des soins desenfants Nguyên Trong An expliquait que la principale difficulté est d’adapterle discours et les thèmes en fonction de l’âge. Il préconise de parler de ladifférence entre les garçons et les filles, et ce dès l’enfance, et de parlerde la sexualité, c’est-à-dire des rapports et de la contraception, à l’adolescence.
S’inspirer de modèles étrangers

Nguyên Khac Sang, directeur du lycée Kim Thành II dans laprovince de Hai Duong, constate que l’avortement chez les adolescentes dans lesrégions rurales a atteint un niveau alarmant. Il explique que les parents etles enseignants se montrent très pudiques sur le sujet, et critique la légèretédu programme national d’éducation sexuelle à l’école.
Les participants à la conférence ont souvent cité etpréconisé les méthodes développées dans d’autres pays. Au Japon, les cours sontabordés dès l’école primaire, et ce, en faisant collaborer main dans la mainles instituteurs et les familles. Les premiers présentent les différences entreles filles et les garçons de manière ludique et avec des dialogues, tandis queles seconds parlent de la grossesse et des mesures de contraception.
Au Royaume-Uni, les cours d’éducation sexuelle sontinscrits au programme et ce dès l’âge de 11 ans, mais il y a eu des expériencesfaites en maternelle. Aux États-Unis, les cours sont différés selon les âges,en assurant qu’à l’âge de 14 ans, tous les jeunes aient au moins quelquesnotions. En Suède, l’éducation sexuelle est également diffusée sur les chainesde télévision sous forme de dessins animés depuis 1966, un moyen simple,pratique et pédagogique pour aborder la question avec les petits enfants.
«On m’a souvent dit qu’à cet âge c’était trop tôt ou quecela n’était pas nécessaire. La situation est bizarre, dans le sens où ceserait aux parents d’aborder en partie le sujet. C’est tabou, mais c’estobligatoire, on ne peut pas le négliger. Il en va de notre responsabilitéparentale !», finit-il par conclure. – CVN/VNA