Dô Thành Kim est le philatéliste N°1 du pays, premier par la taille de sa collection bien sûr. Cinquante ans de recheche et un million de timbres au total !

On dit que la philatélie est la reine des collections. Peut-être parce qu’elle regroupe le plus d’amateurs aux quatre coins du monde. Une passion qui transcende les cultures et les générations.

Dans le petit monde des philatélistes vietnamiens, le septuagénaire Dô Thành Kim est connu comme le loup blanc. Après 50 ans de collection, il est le fier propriétaire de plus d’un million de timbres.

À son domicile du 3 e arron-dissement, à Hô Chi Minh-Ville, il nous a présenté des dizaines d’albums avec des timbres bien conservés.

Le prix de la passion


Feuilletant lentement ses albums comme s’il s’agissait de photos de famille, il a raconté ses premiers pas dans la collection des timbres. « ça m’a pris quand j’étais lycéen. J’ai vu des timbres les collés sur les lettres de mes amis. J’ai été fasciné par leurs couleurs variées et aussi leur pouvoir : celui d’apporter des lettres n’importe où dans le monde. Alors j’ai commencé à en acheter... ». Au début, faute d’expérience, il a acheté des timbres «utilisés» ou «oblitérés». Le budget pour se constituer une collection en neuf est plus important qu’en oblitéré, mais notre homme a les moyens.

M. Kim a beaucoup voyagé, du Nord au Sud, et aussi à l’étranger pour assister à des expositions philatéliques internationales et acheter des timbres. À l’âge de 72 ans, il est l’heureux propriétaire d’une collection de timbres vietnamiens et étrangers. Parmi ses trésors, il cite sa collection de l’héroïne Mac Thi Buoi, originaire du district de Nam Sach, province de Hai Duong (1927-1951), qui a reçu à titre posthume le titre d’«Héroïne des forces armées populaires du Vietnam» en 1955. Il est fier aussi de sa série sur les soldats. Ces collections complètes sont rares. En ce qui concerne les timbres étrangers, il s’est spécialisé dans les locomotives, le nouvel an, les animaux du zodiaque, les timbres japonais de différentes époques, etc...

Pour collectionner des timbres, il ne suffit pas de rester chez soi et de recevoir des lettres des quatre coins du monde. Il faut chercher, fouiner, rencontrer des passionnés, et parfois aussi il faut «casser la tirelire» ! Si la philatélie n’est pas réputée comme un loisir de riche, amasser une collection telle que celle de M. Kim exige néanmoins une certaine aisance financière. « La collection Chiên si (soldats), émise en 1966, m’a demandé plus de quatre ans de recherche. Plusieurs fois, j’ai vu le timbre que je convoitais tomber dans les mains d’autres collectionneurs parce que je n’avais pas suffisamment d’argent. Cela m’a empêché de dormir, comme si j’étais tourmenté par ma petite amie !» , s’amuse-t-il. Et qu’en pense sa famille ? « Plusieurs fois, ma femme et mes enfants m’ont fait des reproches», a-t-il confié.

Un art de vivre

Selon cet expert, il y a deux types de collection, soit par thème, soit par périodes. M. Kim a trois thèmes prioritaires : les animaux, les douze animaux du zodiaque vietnamien, les locomotives. Une autre particularité qui fascine les collectionneurs, c’est que jamais on ne réédite un timbre. Un timbre précieux est un timbre émis en nombre très limité et qui présente des défauts, des originalités. Même oblitéré, sa valeur est importante, jusqu’à des millions de dollars. Par exemple, sa collection sur l’Héroïne Mac Thi Buoi, de 1956, est cotée 20 millions de dôngs. Un timbre de sa collection sur les soldats atteint la coquette somme de 10 millions de dôngs. « Un timbre sur la reine britannique Victoria de 1940 qui présente un défaut (orange au lieu d’être noir) vaut d’un million de dollars», a-t-il révélé.

Mais la vraie valeur d’une collection est celle qu’on lui accorde. Un vrai collectionneur de timbres le fait pour la beauté de ces petits bouts de papier et non pour l’argent qu’ils représentent.

Selon M. Kim, collectionner des timbres est bien plus qu’un hobby. C’est un art de vivre, une ouverture sur le monde. Le collectionneur est incité à se renseigner sur la géographie, la culture, la société… des pays d’où viennent ses timbres.

Et la passion ça conserve, pourrait-on dire, a en juger par la vitalité dont il témoigne encore à 72 ans. « Je ne suis jamais satisfait de ma collection, il y a tellement de timbres qui me manquent ! Alors la quête continue!». – AVI