Depuis une soixantaine d’années, Dô Thành Kim est un infatigable philatéliste. Il s’est spécialisé dans les timbres représentant le Nouvel An - solaire ou lunaire - et possède aujourd’hui une impressionnante collection, très appréciée par ses pairs.

Dô Thành Kim demeure au 49C, rue Nguyên Thông dans le 3e arrondissement à Hô Chi Minh-Ville. Chez lui, on est très vite impressionné par ses centaines de timbres différents issus de pays du monde entier. C’est à l’âge de 18 ans que M. Kim commence à s’intéresser aux timbres. Sans argent, il doit alors se contenter de timbres déjà oblitérés. Mais il prend sa revanche lorsqu’il commence à gagner de quoi vivre décemment, et se met en quête de timbres neufs.

Il raconte : «Autrefois, quand j’étais étudiant, mes parents me donnaient 50 sous. J’en dépensais 20 et en gardais 30 pour pouvoir acheter des timbres oblitérés. Par la suite, j’appris que ces timbres-là avaient une valeur moindre. En 1960, j’ai décroché mes premiers postes et j’ai pu acheter des timbres neufs».

Pour rassembler tous ses timbres, M. Kim se constitue un véritable réseau d’amis à travers le monde : «Autrefois, il était difficile de trouver des timbres et j’ai ainsi demandé à mes amis étrangers, des proches et des membres de diverses associations, voire à des commerçants de les acheter pour moi et de me les envoyer». Celui qui nous confie son histoire est aujourd’hui un membre actif d’une dizaine d’associations philatéliques, tant vietnamiennes que de l’étranger, dans cette optique de se procurer facilement les timbres qu’il convoite.

Un ensemble vaut 100 millions de dôngs

Contrairement à d’autres, M. Kim apprécie les collections thématiques. Il considère qu’il dépense deux fois plus que d’autres pour ses collections, estimant le coût d’une collection thématique à 20 millions de dôngs. Chez lui, il conserve actuellement des ensembles de timbres représentant les douze animaux symbolisant les signes vietnamiens (où le Chat remplace le Lapin par rapport aux signes astrologiques chinois, Ndlr) d’une centaine de pays et notamment des ensembles de timbres d’animaux sauvages. Du côté des traditions, il a ses fameuses collections de timbres de fin d’année du Vietnam et du Japon.


Les timbres de fin d’année.

«Mon ensemble de timbres le plus impressionnant est bien sûr celui du Vietnam. Si des étrangers me posent des questions sur les timbres vietnamiens, je peux leur expliquer très concrètement leur origine et leur histoire. C’est d’ailleurs une belle occasion pour moi de présenter le Vietnam à des amis étrangers, mais aussi d’en savoir un peu plus sur leur pays en retour», précise-t-il.

Après 60 ans passés à traquer le timbre-poste, il accumule des ensembles précieux d’une valeur de plusieurs dizaines de millions de dôngs. Il possède par exemple un ensemble estimé à 13 millions de dôngs sur l’héroïne Mac Thi Buoi, un ensemble du service postal de l’Armée du Vietnam (estimation : 12 millions de dôngs), etc. Récemment, il a vendu un ensemble consacré aux trains du monde pour un prix record à un collectionneur vietnamien : 100 millions de dôngs.

Les timbres de fin d’année

Selon M. Kim, on utilise le terme «timbres de fin d’année» pour des timbres qui sont imprimés et diffusés à l’approche d’une nouvelle année calendaire ou lunaire comme le Têt traditionnel vietnamien. C’est donc là que l’on retrouve les images des douze animaux symboliques d’Asie : souris, buffle, tigre, chat, dragon, serpent, cheval, chèvre, singe, coq, chien et cochon.


Son ensemble sur l’héroïne Mac Thi Buoi.

«Les timbres représentant les douze animaux sont apparus très tôt au Japon, en Chine, en République de Corée, en Thaïlande, au Laos et au Cambodge. En Europe et aux États-Unis, grâce à la mondialisation autour des décennies 1980-1990, des études ont été faites sur le Têt traditionnel, l’origine et la symbolique des douze animaux et c’est ainsi qu’ils se sont retrouvés en vedette sur leurs timbres», a-t-il expliqué.

En effet, aux États-Unis entre 1993 et 2005, les douze animaux font leur apparition à tour de rôle avec les mots «Happy New Year» inscrits dans le coin gauche de chaque timbre. En France, c’est depuis 2005, tout de suite après le Nouvel An que l’on publie aussi les timbres à l’effigie du chat, du chien ou du cochon...

Au Vietnam, les premiers timbres de fin d’année sont créés en 1966 et c’est l’image du «cheval galopant sur de longues distances» qui apparaît la première. Depuis 1993, on a droit maintenant régulièrement à la publication de timbres avec l’animal de la nouvelle année.

Les timbres de notre passionné sont classés et conservés soigneusement dans des albums. Leurs couleurs et formes restent ainsi intactes. Sa collection réunit ainsi tous les timbres de fin d’année qui existent sur les cinq continents. Par exemple, pour le Têt du Dragon 2012, pas moins de 68 pays en ont émis et il les possède tous. Il en va de même pour le Têt du Serpent 2013 où d’après ses sources, 50 pays ont diffusé un timbre à l’effigie du serpent, que naturellement il possède dans leur intégralité. Aujourd’hui, le Têt du Cheval arrive au galop et M. Kim a déjà placé en lieu sûr huit timbres d’autant de pays différents. Apparemment, on prévoit 50 timbres là aussi. Nul doute qu’il les traquera jusqu’au dernier, on peut lui faire confiance.

Lorsqu’on lui demande si cette passion lui cause du souci, la réponse fuse : «Oui, car je n’ai pas encore trouvé de successeur. Dans ma famille, tout le monde s’en fiche ! J’ai encore la santé, donc je peux continuer mon œuvre, mais ce ne sera pas éternel. J’espère toujours trouver quelqu’un qui comprendra la valeur de ces timbres et pourra les conserver». L’appel est lancé. -VNA