Son La (VNA) - Au milieu de la forêt, on peut entendre chaque soir les voix enthousiastes des élèves adultes apprenant à lire dans le cadre de cours spéciaux d’alphabétisation dispensés par les garde-frontières de la province de Son La.
À la nuit tombée, les halos des lampes de poche apparaissent partout sur les chemins pentus menant du village de Huôi Pa, district de Sôp Côp, province de Son La (Nord). Des dizaines de personnes de différents âges se rendent à l’antenne de l’École primaire de Huôi Pa pour participer à un cours d’alphabétisation, organisé par le poste des garde-frontières de Muong Lan.
Laissant de côté les soucis de la vie après une journée de dur labeur, des femmes et hommes H’mông viennent en classe pour apprendre à lire et écrire. Autrefois, les lettres étaient rarement présentes dans la vie des habitants des hautes régions car ils ne parlent que leur propre langue et utilisent rarement l’écriture.
Grâce aux encouragements et explications des garde-frontières, les habitants des ethnies minoritaires de Sôp Côp peuvent mieux comprendre la nécessité de savoir lire et écrire. Peu à peu, ils ont appris à combiner les mots pour former des phrases complètes. Pendant deux heures chaque soir, les mains calleuses, habituées à ne tenir et manipuler que des houes et des outils agricoles, s’entraînent maladroitement à tenir des stylos et à écrire des lettres.
Vers une vie meilleure
En classe, certains sont en âge d’être grand-père ou grand-mère, mais pour la première fois, ils apprennent à lire et écrire. Ils sont persuadés que les connaissances acquises durant les trois mois de ce cours les aideront à avoir une vie meilleure. C’est la raison pour laquelle, si leur quotidien n’est pas des plus faciles, ces habitants d’ethnies minoritaires étudient avec sérieux et volonté.
"Quand j’étais enfant, en raison des conditions économiques et géographiques difficiles, je n’ai pas pu aller à l’école. Grâce aux encouragements des garde-frontières, j’ai décidé de suivre ce cours d’alphabétisation", partage Giàng Thi Sông, 30 ans. "Chaque jour, bien que je sois occupé avec les tâches ménagères et les travaux champêtres, je fais toujours des efforts pour aller au cour à l’heure et savoir par cœur chaque lettre", affirme-t-elle.
Dans le village de Huôi Pa, deux classes ont été ouvertes en faveur de 100 élèves, qui sont pris en charge par deux cadres du poste de garde-frontière de Muong Lan. En raison des grandes difficultés de déplacement dans cette région reculée, ces enseignants amateurs doivent rester la plupart du temps dans le village. La journée, ils aident les habitants à faire les travaux champêtres et le soir à étudier.
Le lieutenant Vi Van Liêm, du poste de garde-frontière de Muong Lan, fait savoir que Huôi Pa est un village reculé où les conditions économiques sont précaires. Le niveau d’instruction des habitants est encore faible. S’ils sont analphabète, ils ont aussi du mal à regarder la télévision, à comprendre les options et politiques du Parti et de l’État ainsi qu’à appliquer les avancées scientifiques dans la production. Face à cette situation, le poste de garde-frontière de Muong Lan a décidé d’organiser des cours d’alphabétisation.
"Pendant le processus d’enseignement, j’ai aussi rencontré de nombreuses difficultés dues au faible niveau de conscience des habitants. De plus, comme je suis un enseignant amateur avec des compétences pédagogiques limitées, je dois étudier moi-même les plans de cours d’autres enseignants de l’École primaire de Huôi Pa", informe Vi Van Liêm.
Actuellement, l’organisation des cours d’alphabétisation est régulièrement maintenue dans les zones frontalières. Le programme d’enseignement correspond aux connaissances des élèves du CP au CE2. En outre, des informations sur le développement économique, de nouveaux modèles de culture, les mesures pour lutter contre les épidémies ainsi que la loi sur les frontières sont diffusées dans le cadre de ces cours.
L’alphabétisation en priorité
Selon le commandant Vi Van Chuong, chargé de politique du poste de garde-frontière de Muong Lan, ces derniers temps, ce poste frontière en coopération avec le Bureau de l’éducation et de la formation du district de Sôp Côp, a organisé cinq cours d’alphabétisation. Ces classes montrent des résultats positifs qui sont très appréciées par tous les échelons, les autorités locales et soutenues par la population locale.
Ces dernières années, l’alphabétisation chez les ethnies minoritaires a toujours été un objectif prioritaire des autorités du district de Sôp Côp. En dehors du contingent d’enseignants de l’École primaire de Huôi Pa, le Comité populaire du district s’est coordonné avec la Division de l’économie et de la défense 326 (Zone militaire 2) et les postes de garde-frontières du district pour organiser des cours d’alphabétisation. À ce jour, plus de 40 cours de ce genre en faveur de 4.000 apprenants ont été organisés.
D’après Tong Thi Kiên, vice-présidente du Comité populaire du district de Sôp Côp, le taux d’alphabétisation est de plus en plus élevé. Dans un futur proche, le district continuera de se coordonner avec les forces armées, en particulier les postes frontières, pour ouvrir des cours dans des villages de montagne. Cela permettra aussi de valoriser le rôle des soldats dans la défense nationale ainsi que d’améliorer les conditions de vie des habitants.-CVN/VNA